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Comment Grasse se transforme en ville étudiante

Logements plus chers, transports bondés ou encore précarité étudiante… Le modèle de métropolisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) semble aujourd’hui atteindre ses limites. Si les grandes métropoles restent encore celles qui, en valeur absolue, accueillent le plus d’étudiants, les villes de taille moyenne sont désormais fortement présentes dans le paysage étudiant qu’elles entendent développer. Selon certaines études, elles ont vu leur population étudiante augmenter de 13 % entre 2013 et 2020, contre 7 % pour les grandes villes. D’autres estiment à 100 000 le nombre d’étudiants gagnés par ces communes en 20 ans. Il faut dire que le développement de l’enseignement supérieur sur un territoire répond à des enjeux variés, entre lutte contre l’exode des jeunes, redynamisation des centres-villes et soutien à l’économie locale. Son rôle moteur est également souligné par la Cour des comptes dans son rapport « Université et territoires » d’avril 2023.

« Nous plaidons pour la création d’un Bac+1 pour les métiers industriels »

Une augmentation de 412%

A Grasse, dans les Alpes-Maritimes, la municipalité travaille sur le sujet depuis près d’une décennie. Avec un certain succès. Partant presque d’une page vierge, la commune de 48 000 habitants accueille aujourd’hui 24 écoles agréées, publiques ou privées, dont certaines d’envergure internationale comme l’Ecole Supérieure du Parfum. Le groupe regroupe 44 formations dans 6 secteurs où l’historique « Chimie et produits aromatiques » domine aux côtés du « tourisme », « santé », « ingénierie » ou encore « commerce et gestion ». ” L’offre représente bien les couleurs du territoire, à la fois industriel mais aussi riche en culture et en patrimoine. », constate Laurence Maussang, directrice de l’entité Grasse Campus, chef d’orchestre de la stratégie RSE de la communauté urbaine du Pays de Grasse, dont les statuts ont été modifiés pour inclure cette compétence – jusqu’ici facultative. Ainsi, la population étudiante a bondi de 412 % entre 2017 et 2024 et devrait poursuivre sa courbe ascendante avec l’arrivée programmée à la rentrée 2025 de l’école d’ingénieur informatique EPSI et le développement d’une nouvelle filière dédiée aux « transports ». , logistique et supply chain. ” Nous travaillons également à structurer une offre plus professionnelle pour mieux répondre aux besoins des entreprises locales. », répond Laurence Maussang. Au total, un millier d’étudiants travailleront dans la cité des parfums l’année prochaine.

Avec Action Cœur de Ville, Grasse intensifie la reconquête de son centre historique

Redynamiser le cœur de ville

« Nous misons sur la jeunesse. C’est elle qui changera la trajectoire de notre cœur de ville », assure Jérôme Viaud. Comme d’autres maires avant lui, à Lille, Bordeaux et ailleurs, le premier magistrat de Grasse s’appuie sur l’enseignement supérieur pour transformer un centre historique dégradé, appauvri, ce qui impacte l’attractivité et donc le développement d’une ville pourtant connue et reconnue comme la berceau mondial de la parfumerie. L’objectif ? Créer un campus anglo-saxon multi-sites au sein des 10 hectares de la vieille ville, en se réappropriant les bâtiments emblématiques, pour la plupart inactifs, afin de les affecter à des fonctions d’enseignement et de laboratoire. Une stratégie avalisée par le programme « Action Cœur de ville », volets 1 et 2, mené avec la Banque des Territoires, qui a permis de mobiliser 8 millions d’euros pour transformer l’ancien palais de justice en un campus moderne accueillant près de 500 étudiants. Cet automne, c’est l’ancienne gendarmerie attenante que la commune a attaquée. Sa réhabilitation, budgétée à 7 millions d’euros, permettra de doubler la capacité d’accueil étudiante de la communauté d’ici 18 mois. ” L’aménagement d’un prochain site est en préparation, specifies Jérôme Viaud. Située à proximité de la médiathèque Charles Nègre, dans une ancienne église évangélique que nous avons rachetée, elle devrait être opérationnelle d’ici 2 ans et demi. »

Vie étudiante

Quant au logement, étudiant mais pas seulement, il bénéficie de cette stratégie de réhabilitation de l’existant pour monter en gamme. Ainsi, la SPL Pays de Grasse Développement mène actuellement plusieurs opérations de restructuration d’îlots vétustes pour un budget total de 13 millions d’euros. Quant au promoteur MJ Développement, il est engagé dans un programme de réhabilitation de l’ancienne prison de la ville (5 millions d’euros) grâce auquel 77 logements étudiants verront bientôt le jour. Cependant, de nombreux trous subsistent dans le racket, notamment en ce qui concerne la vie étudiante. ” Avec l’arrivée des étudiants, les besoins évoluent. Ils veulent des lieux de vie, des bars, des restaurants, des lieux de culturenotes Jérôme Viaud. Cependant, nous n’avons pas encore le niveau d’offre souhaité. Il va falloir travailler là-dessus « . Et notamment en s’attaquant aux vacances commerciales, fléau du cœur des villes moyennes en général, et de Grasse en particulier. La ville frôle en effet les 25 % au centre pour atteindre les 60 % sur certaines artères.

 
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