Le football suisse au bord de l’absurde

Dans un réflexe purement instinctif, la consternation est un sentiment qui confine à l’absurde. Depuis trois ans, le football suisse dans son ensemble cultive des idées de grandeur et de développement auprès des jeunes pour une mission vertueuse et avec succès : 30% d’augmentation des joueurs.

Mais tout s’écroule face à une réalité inaudible : 10 000 enfants ne trouvent pas de club dans le pays. Ils ne peuvent tout simplement pas pratiquer leur sport, s’ajoutent-ils aux listes d’attente. Il manque des emplacements et des vestiaires. Il lui manque tout, et surtout une vision.

La tentation est grande de critiquer le manque de coordination. Susciter des vocations pour les inspirer immédiatement, c’est le degré zéro de l’émulation. Que l’ASF déplore la situation, tire la sonnette d’alarme et recherche d’urgence des solutions ne change rien au grave déficit d’infrastructures qui touche aujourd’hui le football suisse.

Dans un monde idéal, il aurait fallu accompagner la dynamique actuelle en anticipant le cadre de son développement. Cela n’a pas été fait. Mais est-ce vraiment une surprise ?

A l’heure où la Suisse s’apprête à accueillir l’Euro féminin 2025l’année 2024 s’est ouverte en stupéfaction, avec un Conseil fédéral qui a voulu réduire de 75% le soutien financier promis au tournoi (de 15 à 4 millions). Le Conseil des Etats et le National ont heureusement contraint le gouvernement, dans un camouflet, à respecter ses engagements. Mais l’intention initiale en dit long sur la place du sport dans notre société.

Derrière la tristesse infinie de ces 10’000 enfants dont la passion est sacrifiée, un nombre qui augmentera encore davantage si rien n’est fait, autant de responsabilités communales, cantonales et fédérales. Pour la sensibilisation, enfin ?

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