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Soupçonné de harcèlement moral par un ancien salarié d’origine polonaise, le fondateur et chef d’escale de la coopérative fruitière Novacoop à Bessens a comparu devant le tribunal judiciaire de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne. Entre témoignages accablants et dénégations, ce procès met en lumière les pratiques contestées d’un management jugé autoritaire. Délibéré : acquittement du réalisateur, condamnation de son collègue à 8 mois de prison avec sursis.
« Polonaise », « espèce de blonde », « bonne à rien ». Les propos attribués aux dirigeants de la coopérative fruitière Novacoop, basée à Bessens (Tarn-et-Garonne), résonnent comme autant de stigmates pour une ancienne vendeuse d’origine polonaise. Pendant deux ans, entre 2018 et 2020, cette salariée dit avoir vécu une « épreuve », dénonçant des comportements de harcèlement moral répétés de la part de ses supérieurs.
En septembre 2020, après un nouvel épisode qu’elle qualifie d’humiliant, la salariée porte plainte contre deux personnalités clés de l’entreprise : le fondateur et directeur, Cédric M., et la directrice de la station, Latifa K. Le dossier, confié au l’inspection du travail, a donné lieu à une audience au tribunal judiciaire de Montauban, où les deux prévenus ont comparu mardi 26 novembre 2024.
Une ambiance délétère
Depuis les événements, les acteurs de cette affaire ont quitté, de gré ou de force, la coopérative agricole. A la barre du tribunal, Cédric M., 52 ans, aujourd’hui reconverti en producteur de fromage de chèvre, conteste les accusations portées contre lui.
Vêtu d’un pull gris et d’un jean, grand et chauve, il se veut rassurant : “J’ai gardé deux ans d’échanges cordiaux sur ma messagerie. WhatsApp.» L’ancien manager évoque les « avantages » accordés à la plaignante, comme ses « mercredis après-midi libres » ou encore des missions à l’étranger avec l’entreprise Baleine bleue.
Admettant néanmoins s’être emporté une fois, en septembre 2020, il justifie cet accès de colère : « Je me suis emporté ce jour-là. Elle avait pris des produits de mauvaise qualité.
Sa collaboratrice, Latifa K., également poursuivie pour harcèlement, se défend avec véhémence. « Je ne l’ai jamais harcelée », assure-t-elle, évoquant au contraire les efforts visant à « protéger » la salariée. Décrit par plusieurs témoins comme « colérique », « despotique », voire « tyrannique », l’ancien directeur de station, voilé d’un foulard noir et vêtu de vêtements amples, réfute catégoriquement ces accusations.
« Pourquoi disent-ils cela alors ? » » demande la présidente, Emmanuelle Yvert.
-Tout a commencé après le départ de Monsieur M., explique-t-elle. Le nouveau directeur a influencé les employés. Je n’allais pas bien non plus.
Des témoignages accablants
Face à ces dénégations, les témoignages s’accumulent et dressent le portrait d’un leadership autoritaire, voire brutal. Des employés décrivent une chef de gare surveillant ses employés via les caméras de vidéosurveillance installées sur le site, qu’elle consultait depuis son domicile.
S’exprimant avec un accent polonais, la victime raconte au stand sa descente aux enfers : « Je voulais travailler dans le respect mutuel. Cette affaire m’a plongé dans une grave dépression. J’ai pensé au suicide, parce que ces deux personnes ont détruit ma vie. Bénéficiant toujours d’un soutien psychologique, l’ex-vendeuse reste marquée par ces années de souffrance.
« Gestion par la terreur »
La vice-procureure ne mâche pas ses mots : « Il y a un despote et un complice. C’est une gestion par la terreur. Évoquant une dizaine de témoignages accablants, elle requiert 8 mois de prison avec sursis contre Latifa K. et 6 mois de prison avec sursis contre Cédric Mangin.
L’avocat du plaignant, M.e Sandrine Farrugia, déplore des pratiques de harcèlement « quotidiennes » et réclame une provision de 2000 euros en réparation du préjudice moral subi par son client.
Me Jean-Michel Rey, conseiller de Latifa K., dresse le portrait d’une femme qui « est partie de rien » pour devenir chef d’escale en 2004. « Elle gérait une centaine de salariés avec des pics de livraison intenses. Oui, elle a haussé le ton, mais ce n’est pas un salon de thé du 16e arrondissement de Paris», ironise-t-il.
De son côté, Me Amélie Villageon, avocate de Cédric Mangin, critique la faiblesse de l’enquête. « Le parquet avait requis deux non-lieu faute de délit suffisamment grave », plaide-t-elle, réclamant la relaxe de son client.
L’ancien directeur acquitté, le directeur de la station condamné
Après un mois de délibération, le tribunal a statué. Cédric M. est acquitté mais Latifa K. est reconnue coupable de harcèlement moral. Elle écope de 8 mois de prison avec sursis et devra verser une provision de 2 000 euros à la victime.
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