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aux assises du Finistère, le calvaire de l’ex-épouse du médecin Scaër

Aucun accusé. Aucune escorte policière. Juste un bruit sourd. Celle d’une absence qui, pour le plaignant, sonne comme une gifle. Ce mercredi 18 décembre, Antoine Devulder, médecin à Scaër, ne s’est pas présenté devant la cour d’assises du Finistère, à Quimper. Les faits qui lui sont reprochés sont pourtant graves. Pendant deux ans, entre 2015 et 2016, son ex-femme, Anne

l’accuse de l’avoir violée et agressée à plusieurs reprises. Malgré l’absence de l’accusé, ce dernier, épuisé après huit ans de procédure, a demandé que le procès ait lieu. Une demande accordée par la présidente de la cour d’assises, Aurore Carpentier, selon la procédure pénale par défaut.

A quelques mètres de la loge vide, Anne se dirigea courageusement vers le bar. Aux juges, elle a raconté ces deux années de relations avec Antoine Devulder. Deux années traumatisantes, malgré un début de relation idyllique. « Nous nous sommes rencontrés à Lille en avril 2014, raconte Anne, infirmière de formation. C’était l’homme parfait. Il me préparait le petit-déjeuner tous les matins, m’achetait des fleurs… » Rapidement, Antoine propose à Anne d’emménager avec lui en Bretagne, dans la région de Concarneau (29), où vivent ses parents. Elle refuse, échaudée par plusieurs attaques de jalousie de la part de son partenaire. Mais après avoir été victime d’un homejacking, elle décide finalement de le suivre. « Il m’a expliqué que c’était trop dangereux pour une infirmière libérale de rester ici, qu’il pourrait m’arriver quelque chose. Il a utilisé mon traumatisme contre moi. »

Plusieurs actes sexuels par jour exigés de la victime

Début 2015, le couple s’installe à Scaër, où Antoine Devulder installe son cabinet. Même si elle n’y est pas favorable au départ, Anne accepte de travailler pour lui. En tant qu’infirmière officiellement. Mais en réalité, cette dernière a les missions d’une secrétaire médicale. C’est là que surviennent les premières violences. Le contexte est à chaque fois le même : le médecin demande à sa partenaire des relations sexuelles. Elle refuse. Il la frappe. Et la violer. « Il exigeait trois à quatre actes sexuels par jour », décrit Anne, bien ancrée au bar pour ne pas broncher. « Il me disait souvent : ‘Dans dix minutes, tu devras cuisiner.’ J’obéis : dix minutes d’épreuve valaient mieux qu’une heure de violence. »

En octobre 2015, le couple s’est marié. En se souvenant de sa première romance, Anne se dit que son mari va changer et s’améliorer. Mais la situation empire. Et les épisodes de violence se multiplient. Lors de leur lune de miel, d’abord, où Antoine Devulder, ivre, se montre très insistant et violent lorsqu’il refuse un rapport sexuel. Puis le soir du 31 décembre 2015 : « La soirée s’est très bien passée », raconte Anne, la voix claire malgré l’émotion. Nous étions chez des amis, nous dansions. À minuit, il m’a demandé de monter dans la chambre pour faire l’amour. Quand j’ai refusé, il a commencé à me frapper. Un ami est intervenu et lui a dit d’arrêter. Après être monté dans la chambre, il est finalement descendu, nu, pour nous dire qu’il ne pouvait pas commencer une nouvelle année sans sexe.

Un autre soir, après une nouvelle dispute liée à leur sexualité, Antoine Devulder a chassé sa femme de chez eux. Elle n’est habillée qu’en sous-vêtements. «Cela arrivait régulièrement», explique Anne. Une fois, j’ai trouvé refuge chez un ami pendant trois jours. Puis nous avons déménagé à Névez et je me suis retrouvé totalement isolé. J’ai dû attendre dehors jusqu’à ce qu’il se calme. »

Plus de revenus financiers ni de vie privée

Au fil des mois, l’influence fait son œuvre et Anne se retrouve piégée. Son mari la coupe peu à peu de tout : elle n’a plus de ressources financières, ce dernier refusant de la payer et ne lui donnant pas accès aux cartes bancaires. Pas d’intimité non plus, le médecin interdisant à sa femme de fermer la porte des toilettes lorsqu’elle s’y rend au cas où elle utiliserait son téléphone pour envoyer des SMS à quelqu’un. Un épisode particulièrement violent, survenu le 15 décembre 2016, l’a finalement poussée à porter plainte : « Autant que j’essayais de me débattre, il m’a arraché mes vêtements et m’a violée », décrit Anne. Après cela, j’ai attendu qu’il s’endorme pour récupérer mon téléphone. Le lendemain, j’ai refusé d’aller travailler. Il m’a dit qu’à son retour, je ferais mieux d’écarter les jambes sinon il me tuerait et attaquerait ma fille. » Pour Anne, c’est le déclic : « Qu’il m’attaque, c’est une chose. Mais qu’il fasse du mal à mes enfants, je ne pouvais pas le supporter.

Deux plaintes déposées par deux autres compagnons

L’enquête révélera qu’Antoine Devulder avait déjà commis des actes similaires. Sa première femme, avec laquelle il a été marié de 1992 à 2010, décrit également un appétit sexuel insatiable. Le médecin avait convenu avec elle d’un certain nombre de relations sexuelles obligatoires chaque semaine. Ce dernier a fini par porter plainte contre lui pour harcèlement sexuel. Son dernier compagnon a également porté plainte pour viols et violences habituelles. Des faits pour lesquels le médecin a été définitivement condamné par la cour d’appel de Rennes, en novembre 2024.

18 ans d’emprisonnement requis

« J’ai tout perdu », résume Anne. Aujourd’hui, je ne peux plus exercer mon métier d’infirmière car le simple fait de prendre le poignet d’un patient pour prendre sa tension me fait peur. Je ne peux plus conduire. Et puis, comme il ne s’est pas présenté au tribunal, j’ai peur qu’il me retrouve et me fasse du mal. » A ces mots, Anne ne peut réprimer un sanglot. « Il a détruit la femme en moi. »

Antoine Devulder risque 20 ans de réclusion criminelle. Le procureur général a requis, ce mercredi après-midi, 18 ans d’emprisonnement.

 
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