(Ottawa) Justin Trudeau aurait annoncé à Chrystia Freeland qu’il la retirait de son portefeuille des Finances sans même avoir l’assurance que Mark Carney la remplacerait.
Avant de s’adresser à son numéro deux sur Zoom vendredi, le premier ministre aurait proposé le poste de ministre des Finances à l’ancien gouverneur de la Banque du Canada.
Ce dernier n’aurait cependant pas accepté définitivement l’offre, a indiqué à La presse une source proche des interactions qui ont eu lieu depuis vendredi.
« Il devait donner une réponse lundi. Ce qu’il a fait», a déclaré la même personne, selon qui Mark Carney demeure «vraiment intéressé à servir le Canada».
Les informations correspondent à celles communiquées par une source gouvernementale à La presse Vendredi soir, après la discussion entre Justin Trudeau et Chrystia Freeland. « Les discussions sont très sérieuses. Mark Carney réfléchit. Rien n’est encore sûr. Mais cela affectera le remaniement ministériel », a confié cette source fiable qui a requis l’anonymat car elle n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement sur les négociations en cours.
Dans un article publié mardi après-midi, le Globe et Mail rapporte de son côté, citant trois sources libérales, que Justin Trudeau a annoncé sans détour à Mmoi Freeland vendredi que Mark Carney la remplacerait.
Chrystia Freeland a eu le week-end pour y réfléchir… et rédiger sa lettre de démission.
« C’est assez incompréhensible. Justin Trudeau a fait plusieurs erreurs», juge notre source proche des interactions depuis vendredi, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat.
Il n’a pas été possible d’obtenir la version des faits de Justin Trudeau, de Mark Carney ou encore de Chrystia Freeland.
Mais on connaît le résultat : lundi matin, à 9h07, celle qui était également vice-première ministre a claqué la porte du Cabinet.
Elle a eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre avant de publier la lettre dans laquelle elle critique ses « astuces politiques coûteuses ».
Les tactiques ne sont pas identifiées, mais on parle du congé de la TPS et du chèque de 250 $ que le Cabinet du premier ministre voulait envoyer aux employés canadiens.
Ces annonces ont été faites le 21 novembre.
Le 25 novembre, Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes.
« C’est vraiment depuis ce jour que les tensions avec le cabinet du premier ministre se sont aggravées », a expliqué une source libérale.
Démissionner au lieu d’être rétrogradé
La goutte qui a fait déborder le vase est tombée vendredi.
«Le premier ministre lui a dit qu’il allait remanier le Cabinet mardi ou mercredi, après le dévoilement de la mise à jour économique», a soutenu la même source libérale.
Entre une « rétrogradation très publique » à la tête d’un ministère des Relations canado-américaines et la démission, Chrystia Freeland a fait son choix, conclut cette personne.
En coulisses, les loyalistes de Justin Trudeau soulignent que jusqu’à tout récemment, le député de Toronto était disposé à présenter la mise à jour économique.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ne voit pas les choses de cet oeil.
Elle a été traitée de manière très inélégante par le premier ministre.
Yves-François Blanchet, leader of the Bloc Québécois, in the press scrum, Tuesday
Quant au chef conservateur Pierre Poilievre, l’un de ses plus grands détracteurs, il a soudainement pris sa défense.
“Elle essayait de reprendre le contrôle des dépenses”, a-t-il déclaré lundi à la Chambre des Communes, en parlant du grand gestionnaire financier qu’il a qualifié à plusieurs reprises d'”incompétent”.
Le Premier ministre en réflexion ?
Le départ de Chrystia Freeland, qui a surpris presque tout le monde sur la Colline parlementaire, a redonné un nouveau souffle aux libéraux qui avaient contesté le leadership de Justin Trudeau.
Dans la matinée de mardi, le caucus des femmes s’est réuni avec ce point précis à l’ordre du jour, selon nos informations.
C’était au lendemain d’une réunion d’urgence du caucus national, au cours de laquelle plusieurs députés ont demandé à leur patron de se retirer.
«Je ne l’avais jamais vu aussi réfléchi», a déclaré un député présent dans la salle.
Je suis heureux que le premier ministre réfléchisse à la suite des choses.
Le député libéral Peter Fragiskatos
Son collègue Sean Casey ne se fait aucune illusion. “Il n’est pas affecté !” Rien dans ses actes n’indique qu’il a changé d’avis », a-t-il déclaré.
Et si un remaniement ministériel avait lieu cette semaine, d’autres langues pourraient être assouplies, estime l’élu.
Car l’attrait d’une voiture ministérielle peut inciter les gens à faire la queue. “À mon avis, c’est la raison pour laquelle nous avons retardé le remaniement”, a-t-il déclaré.
Entretiens annulés
Le premier ministre n’a pas encore réagi publiquement au départ de Chrystia Freeland.
Il a également renoncé aux traditionnelles interviews de fin d’année qu’il était censé accorder à certains médias.
Cela inclut la table éditoriale qui devait avoir lieu jeudi dans les bureaux de La presse.
De quoi alimenter les spéculations sur son avenir politique, alors que la Chambre des communes est en vacances jusqu’au 27 janvier.
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