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« Les adultes qui dorment dehors ne sont déjà pas normaux, mais les enfants sont inacceptables »

Le 16 décembre, RESF 80 faisait état de la présence de plusieurs familles à la rue sans hébergement à Amiens malgré des températures très basses. L’association accuse la préfecture de ne pas assumer ses responsabilités à leur égard.

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C’est au centre-ville d’Amiens, à proximité de la gare, que les bénévoles de l’association RESF 80 (Réseau Éducation Sans Frontières) j’ai rencontré plusieurs familles dans la rue le vendredi 13 et le week-end du 14 et 15 décembre. Parmi eux, six enfants et deux mères isolées et une dizaine d’hommes sans solution pour passer leurs nuits au chaud. “Il n’est pas normal que des adultes dorment dehors, mais pour les enfants, c’est inacceptable.», s’insurge Louis Pastoor, bénévole de l’association. Dans quelle société met-on les enfants dans la rue ? Dans aucune culture, aucune religion, aucune philosophie !

Alors que RESF a contacté le vendredi 13 décembre vers 22h30 le 115 pour trouver un hébergement à ses familles en détresse, on leur a répondu qu’elles ne pourraient pas être prises en charge. “115 agents sont nécessaires pour transmettre le message suivant. «Malheureusement, nous n’avons pas de place. Nous sommes pleins. Ce n’est pas qu’ils soient complets, c’est ce qu’on leur demande de dire car la préfecture qui ne veut pas payer les 20€ supplémentaires par personne», raconte Louis.

De son côté, la préfecture indique dans un communiqué ne pas avoir été informée de la présence de familles dans la rue : «Des maraudes sont réalisées chaque soir par le SAMU social dans le but de détecter les situations les plus précaires et d’aller à la rencontre des publics vulnérables. Lors des perquisitions menées ces derniers jours, aucune femme avec enfants n’a été aperçue par le SAMU social.

Il précise également que 50 places supplémentaires seront proposées dans la Somme, sans préciser s’il s’agira de places en accueil de jour ou d’hébergement d’urgence pour la nuit.

Les familles seraient bien accueillies le jour, mais pas la nuit selon Louis Pastoor. Une aberration selon lui : «C’est très bien qu’il y ait des accueils de jour, d’ailleurs le nouvel accueil de jour qui a ouvert à Amiens génère beaucoup de relations publiques de la part du préfet et de l’Apap, mais ce centre est fait pour accueillir des enfants d’âge scolaire, donc ils sont on leur demande de dormir sur du béton, la nuit, sans protection et puis le matin, soit ils vont à la garderie, soit ils vont à l’école s’ils ne sont pas trop fatigués. Nous n’avons pas besoin de garderies de jour, mais de gardes de nuit. Il n’est pas nécessaire d’avoir quitté Saint-Cyr pour le savoir« .

Pour lui, c’est un contexte global qui tend à compliquer encore davantage l’accueil de ces personnes, pour la plupart des demandeurs d’asile : «Je ne comprends pas cette haine des étrangers qui s’installe en France. Je ne comprends pas cette haine envers les enfants« .

Bénévole depuis de nombreuses années dans les associations amiénoises, il constate une évolution dans la relation entre les bénévoles et les administrations : «Avant, nous avions des réunions régulières avec l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) [ndlr : qui s’occupe des exilés] mais, depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, rien« .

Maître Jean-Charles Homehr, avocat en droit public, explique que : «c’est l’Etat qui est compétent en matière d’hébergement d’urgence et le département dispose d’une compétence complémentaire en cas de défaillance de l’Etat« . Quel que soit le statut des personnes en situation de vulnérabilité, l’État doit leur proposer un hébergement d’urgence, même si elles sont sans papiers.

En droit, le manque de place à proximité du 115 ne serait pas un argument suffisant pour laisser des personnes à la rue. “C’est la théorie qui confronte la pratique. Je ne dis pas qu’ils ne font pas tout pour trouver des places, mais le 115 est un appareil parmi d’autres. Si cela ne suffit pas, soit il faut l’augmenter, soit il faut trouver autre chose, mais cela ne dispense pas l’État de sa responsabilité en matière d’hébergement d’urgence.

Pour le moment, RESF cherche toujours une solution pour ses familles toujours sans logement.

 
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