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Dissolution, censure, volonté du peuple et avenir de la – IREF Europe

Les opinions exprimées dans les articles d’opinion sont strictement celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de la rédaction.

Publié le 17 décembre 2024


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On me demande : Et la dissolution, étiez-vous pour ou contre ? Et la nomination de Michel Barnier à Matignon ? Et la censure de son gouvernement ? Et François Bayrou comme nouveau Premier ministre ? Qu’en penses-tu? J’avoue, j’ai du mal à répondre. Ou plutôt, j’ai le sentiment un peu angoissant que ces questions d’ordre essentiellement institutionnel et politique, bien qu’occupant l’intégralité du débat public actuel, ne sont pas les questions les plus importantes pour l’avenir de la .

Non pas que le respect du fonctionnement démocratique soit un élément négligeable du bien-être d’une nation, c’est pourquoi j’ai salué la dissolution prochaine. On ne peut pas gouverner éternellement en étant minoritaire à l’Assemblée nationale et balayé par les urnes. Après les vingt-trois 49.3 de la Première ministre Elisabeth Borne (mai 2022 – janvier 2024) et la cinglante défaite du camp présidentiel lors des élections européennes de juin 2024 (Gabriel Attal étant Premier ministre), il fallait « redonner la voix ». au peuple » afin, si possible, de remettre au pas le législatif et l’exécutif.

Le malaise français est loin de se limiter à ses impasses politiques

Ah, bien sûr, j’entends les arguments opposés présentés à l’époque : ce sont « seulement » des élections européennes ; leur système proportionnel favorise la dispersion des voix ; la participation était faible ; Macron, profondément bouleversé, a choisi la politique de la terre brûlée ; il casse la baraque, alors que l’indispensable réforme des retraites a été adoptée – par 49.3, accepté, mais la Constitution l’autorise ; et alors comment savoir qu’une majorité claire se dégagera à l’issue d’un nouveau vote ? Etc.

Pas plus de majorité qu’avant dans la nouvelle chambre, c’est exact, mais ne pas se dissoudre aurait été s’arroger le droit de savoir mieux que le peuple ce qu’il veut et maintenir un couvercle autoritaire vissé sur une situation politique potentiellement explosive. Finalement, l’explosion a eu lieu lors de l’adoption par 49.3 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. A cette occasion, le Rassemblement national (RN) a mêlé ses voix à celles du Nouveau Front populaire (NFP) pour réussir à censurer le gouvernement Barnier, auteur dudit projet.

Ayant abondamment exprimé ici tout le mal que je pensais du projet de loi de finances présenté par Michel Barnier et ses équipes de Bercy pour l’année prochaine, la chute de ce gouvernement ne m’émeut pas plus que cela. En effet, alors qu’on nous avait promis 60 milliards d’effort budgétaire répartis en 40 milliards de dépenses en moins et 20 milliards d’impôts en plus, le fameux mirage de la baisse « tendancielle » des dépenses a fait que nous nous sommes retrouvés avec une augmentation des dépenses supérieure à l’inflation et 60 milliards d’impôts. davantage de prélèvements obligatoires. C’est exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire, à mon avis.

Car en cet automne-hiver 2024, le mal-être français est très loin de se limiter à ses impasses politiques. C’est aussi, et peut-être même surtout, le fait de ses impasses budgétaires, qui ne sont finalement que la transcription dans nos comptes publics de l’impasse idéologique monumentale dans laquelle est arrivé notre modèle hyper-collectivisé, hyper-redistributif, hyper social. -égalitaire et, oserons-nous le dire, hyper clientéliste – ce dernier point expliquant une bonne partie de la lâcheté coupable de notre classe politique dans sa manière de ne pas aller au fond des problèmes.

Alors j’ai dit « inconfort ». Une anthologie rapide :

  • Michel Barnier venait à peine d’être nommé à Matignon qu’on apprenait de Bercy que le déficit public de la France avait de fortes chances d’atteindre 6,2% du PIB en 2024. Une dérive qui ne s’explique pas par des circonstances exceptionnelles qui s’abattraient subitement sur la France.
  • Peu après, plusieurs agences de notation financière ont placé la France sous perspective négative. Moody’s, qui avait inexplicablement maintenu une notation d’un cran au-dessus de celles des agences concurrentes il y a un mois et demi, vient de l’abaisser à AA3, l’équivalent de Standard and Poor’s et de Fitch’s AA-. Tout cela reste dans l’ensemble plutôt bienveillant pour un pays qui emprunte désormais à des taux parfois plus élevés que la Grèce ou l’Espagne.
  • Quelque - plus tard, les résultats de l’évaluation internationale TIMSS 2023 en mathématiques et sciences pour les classes de CM1 et de 4e confirment que les élèves français sont nettement en retard par rapport à leurs pairs des pays développés.
  • Dans le même -, on constate que le taux de chômage, loin d’évoluer allègrement vers les 5% espérés par Emmanuel Macron, reste solidement accroché à 7,4% en moyenne pour l’ensemble de la population active, avec un chômage des jeunes de 15 à 24 ans de près. 20% au troisième trimestre 2024. Les plans sociaux s’accumulent et le nombre de faillites d’entreprises caracole vers des niveaux atteints seulement lors des grandes crises économiques de 1993 et ​​2008.
  • Et pendant tout ce -, la simple lecture quotidienne de la presse nous apprend trop souvent que tel ou tel patient a dû être hospitalisé dans un garage (novembre 2024) ou dans un parking d’hôpital transformé à la hâte en annexe des services d’urgence (décembre 2023). A ces dates, difficile de mettre en cause la situation exceptionnelle provoquée par la pandémie de Covid…

Il est donc d’autant plus inquiétant de savoir que si le mauvais budget de Michel Barnier a été censuré, c’est uniquement parce que les censeurs avaient en tête un budget encore pire.

A gauche, le Nouveau Front populaire formé autour de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon aurait souhaité que soit voté 55 à 60 milliards d’euros d’impôts supplémentaires sur les riches et les super-profits ; et à droite, le Rassemblement national de Marine Le Pen, après avoir obtenu qu’il n’y aurait pas de remboursement des médicaments, n’a pas accepté que les retraites ne soient pas toutes indexées

sur l’inflation.

Le risque que la situation dans le pays se détériore encore est bien réel

Mais il faut croire que telle était alors la volonté de la majorité du peuple dûment représentée par la majorité des députés.

S’éloigner des dépenses, des aides, des subventions, de la redistribution et des monopoles d’État ? Parfois, on en parle, mais personne ne pense à faire un budget à cet égard. Déréguler, simplifier les procédures (comme pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris), libérer les énergies, laisser la créativité et l’innovation suivre leur cours ? Parfois on en parle, mais personne non plus ne pense à légiférer dans ce sens. J’en viens à la dernière question. François Bayrou ? On voit mal comment il pourrait changer la situation ; ni son propre CV ni l’état d’esprit encore très étatiste des Français et de leurs représentants ne l’y prédisposent. Première réflexion majeure du nouveau locataire de Matignon : réautoriser le cumul des mandats des parlementaires afin de « réenraciner les responsabilités politiques »

dans la vie locale. On sent un léger décalage…

Le risque que la situation du pays se détériore encore davantage, jusqu’à une faillite qui ne trouverait une solution définitive que dans la rue et/ou sous l’égide acerbe d’organismes internationaux comme le Fonds monétaire international ou la Banque du Centre européen, est tout sauf insensé. . Mais c’est dans ces moments où les institutions sont débordées et où l’État perd son autonomie que l’État de droit souffre le plus et que les citoyens ont le plus à perdre.


Dans ces conditions, les acteurs et commentateurs de la libéralosphère, dont moi-même, n’ont d’autre choix que de continuer inlassablement à présenter leurs arguments en faveur d’un État limité, en espérant qu’ils commencent à comprendre « un nombre croissant d’électeurs et de politiques avant qu’il ne soit adopté ». trop tard.

Le fait que les retraites puissent être plus ou moins réévaluées en fonction des besoins de financement de l’État et/ou des besoins de sa « clientèle » électorale est évidemment une hérésie. La solution ne réside pas dans un jeu de curseur ou d’indexation, mais dans le détachement progressif de l’Etat par l’introduction de tranches de capitalisation.
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