Le fleurdelisé devient de plus en plus rare dans les équipes canadiennes. Il se fond dans l’unifolié pour une raison très simple : le Québec produit moins de joueurs de haut niveau qu’avant.
Les chiffres le prouvent. Dans la Ligue nationale, le nombre de joueurs québécois diminue. D’environ 80 il y a 30 ans, ils sont passés à 70 une décennie plus tard, à environ 45 après avoir touché la glace du circuit Bettman cette saison. Voilà aussi deux repêchages de suite où ils sont ignorés dès le premier tour, une situation inédite, comme le rappelait récemment son collègue Martin Leclerc.
Il est donc logique que cette pénurie se manifeste au sommet. En vue du Tournoi des 4 Nations en février prochain, un seul Québécois a été sélectionné : Samuel Montembeault. Pour le moment, le gardien canadien est perçu comme la troisième roue du carrosse de cette équipe même si BriseBois, lors d’une réunion virtuelle lundi après-midi, a assuré que la sélection canadienne n’a pas encore décidé de l’identité de son gardien partant.
À Edmonton, le choix de Montembeault a fait réagir. Le journaliste chevronné John Shannon a suggéré, dans une interview avec Bob Stauffer à l’émission Les pétroliers maintenantque le portier de Bécancour avait été choisi en raison de son lieu de naissance. Le chroniqueur David Staples, Journal d’Edmontona également glissé un mot, répétant les mots de Shannon.
Ces bouleversements albertains ne se sont pas fait sentir jusqu’au Québec, même s’ils ne s’embarrassent pas de nuances.
Tout est en partie politique avec Hockey Canada, a déclaré Shannon. Ce n’est pas un désaveu pour Sam Montembeault. C’est un bon gardien. Mais je regarde la liste et je vois beaucoup de joueurs de l’Ontario, beaucoup des Maritimes et pas mal de joueurs de l’Ouest. Et je ne vois qu’un seul joueur du Québec.
Samuel Montembeault
Photo : Associated Press / Pamela Smith
Il n’y en a qu’un en fait. Et il est là pour une raison, lâche BriseBois.
On a analysé beaucoup de vidéos, on a regardé beaucoup de matchs, on a accès à des statistiques avancées. La beauté de notre équipe de managers est qu’elle est composée de cinq PDG. Tout le monde gère une organisation qui a des ressources et on a pu puiser dans chacune de ces ressources, en plus de celles de Hockey Canada, qui a son propre service de statistiques, son propre service de dépistage. Les trois gardiens qui nous donnent la meilleure chance, ce sont eux
a soutenu le directeur général de Foudre.
À peine parlé, BriseBois a admis que la performance de Montembeault au Championnat du monde en 2023 a pesé lourd dans la balance. Le gardien du CH a guidé son équipe vers la médaille d’or tout en conservant une fiche de 6-1-0, une efficacité de .939 et une moyenne de 1,42.
Plus que d’accumuler de bonnes statistiques, cette expérience internationale lui a permis de se faire connaître auprès des décideurs de Hockey Canada qui l’ont vu travailler sous pression. Ce n’est pas la finale de la Coupe Stanley, mais ce n’est certainement pas anodin non plus.
Qui obtiendra le filet ?
» a demandé BriseBois, avant de répondre à sa propre question.
LE entraîneurs décidera en - voulu. Cela dépendra probablement de qui jouera son meilleur hockey à l’approche du tournoi. J’imagine que c’est ce gardien qui aura le filet. Nous n’avons aucune raison de croire que ces trois joueurs ne soient pas capables de réaliser le emploi.
Pénurie
Il n’y a donc aucun attaquant ou défenseur québécois dans ce groupe sélect. La source étant tarie en amont depuis longtemps, il ne faut guère s’étonner de sa rareté parmi la crème.
Cette saison, au moment d’écrire ces lignes, aucun Québécois ne figure parmi les 100 meilleurs marqueurs de la ligue. Jonathan Huberdeau, Alexis Lafrenière et Pierre-Luc Dubois sont à égalité au 102e rang avec 21 points.
Les Canadiens sont également moins nombreux qu’avant, même si d’autres provinces réussissent beaucoup mieux que le Québec à développer de grands talents.
La faute en revient aux Américains, de plus en plus nombreux, de plus en plus efficaces. Nous en avons inclus un mot dans un dossier consacré au développement des gardiens de but publié récemment ; le constat est également vrai pour les patineurs.
C’est une réalité. Les Américains produisent de plus en plus de joueurs de hockey et cela se reflète dans la composition de leur équipe nationale. Cela n’enlève rien au Canada ou à d’autres pays. C’est une zone peuplée de 330 millions d’habitants. Avant, c’était un sport plus régional, mais je le vois maintenant avec mes garçons. Nous vivons en Floride et presque tous les États développent des joueurs. Je ne me souviens pas encore avoir vu un Hawaïen, mais à part ça, oui. On le voit chaque année au repêchage
a affirmé le DG de Foudre.
De nombreux observateurs ont d’ailleurs identifié l’équipe américaine comme la grande favorite du tournoi. BriseBois se méfie de tout le monde, particulièrement des Finlandais.
Il rappelle qu’on a l’habitude de rassembler des formations dangereuses au pays de Paavo et Anne Nurmi et que celle-ci (la formation, pas Anne) s’appuiera sur 4 des 10 meilleurs buteurs finlandais de l’histoire de la LNH. L’un d’eux, croyez-le, joue même pour les Canadiens de Montréal.
Bref, ce ne sera pas facile.
Enthousiasme
Le Floridien d’adoption était plein d’enthousiasme à deux mois de ce tournoi, vu comme une mise en bouche, un prélude au rendez-vous olympique.
Lui-même a été marqué par les Rendez-Vous 87 et espère que l’équipe qu’il a contribué à former pourra faire de même avec la jeune génération.
Y a-t-il un danger que ces joueurs vedettes mettent le pied sur le frein dans un tournoi fabriqué de toutes pièces, sans histoire, à la mi-février, afin de se préserver pour la série des LNH qui sera alors à l’horizon ?
Zéro. Les gars sont des compétiteurs. Pour arriver à ce niveau, il faut être un compétiteur hors du commun. Ils veulent gagner, ils veulent être à leur meilleur, ils veulent montrer ce qu’ils peuvent faire, entourés des meilleurs et contre les meilleurs. En tant qu’amateur, vous ne trouverez pas de meilleur hockey avant les Jeux olympiques. En termes de calibre de jeu, d’intensité et de talent sur la glace, ce sera le plus haut niveau de l’année.
Prenons cela pour acquis.
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