Face au dérèglement climatique, l’Allemagne et la France accélèrent leur coopération scientifique sur l’énergie. Ils viennent de lancer des projets dans deux domaines clés : les batteries et l’hydrogène. De quoi renforcer la souveraineté technologique de l’Europe.
Inondations en Espagne et en Allemagne, canicules en Afrique, inondations dans le sud du Brésil, sécheresse en Amazonie, les catastrophes provoquées par le réchauffement climatique se multiplient. 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, selon l’Organisation météorologique mondiale. Et 2024 vient d’y réussir. Face à ce défi, l’Allemagne et la France unissent leurs forces pour accélérer les progrès vers un avenir sans carbone.
Les deux pays ont développé une initiative conjointe pour accélérer l’innovation sur deux technologies clés : les batteries et l’hydrogène. Fin novembre, à Paris et à Berlin, ils ont officiellement lancé des programmes de recherche concrets.
Batteries à semi-conducteurs hautes performances fabriquées en Europe
Le projet de recherche franco-allemand sur les batteries HIPOBAT (pour « High Power Batteries ») a été lancé au Collège de France et à la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne, à Paris, les 26 et 27 novembre. L’ambassadeur, Stephan Steinlein, a invité des scientifiques , des personnalités économiques et politiques pour débattre du rôle des batteries dans le contexte du changement climatique et de la décarbonation dans le cadre d’un « Climate Talk ».
Des scientifiques et des représentants des deux ministères de la Recherche (MESR et BMBF), ont présenté le projet HIPOBAT, qui vise à développer des batteries innovantes de forte puissance, alliant longue durée de vie et haute densité énergétique grâce à de nouveaux modèles. piles solides. De telles batteries sont susceptibles de réduire la pression écologique, géopolitique et économique en termes de stockage électrochimique d’énergie.
Les recherches porteront sur la vitesse de diffusion des ions et des électrons lors de la charge et de la décharge, ainsi que sur la gestion thermique des cellules. Ils visent à ouvrir la voie à la conception ciblée de batteries au lithium et au sodium à semi-conducteurs hautes performances. Et ce, grâce à de nouveaux matériaux, de nouvelles conceptions de cellules, une meilleure compréhension des éventuels phénomènes de vieillissement, ainsi que des travaux avancés de caractérisation et de modélisation.
Le projet HIPOBAT entend renforcer la souveraineté technologique de la France, de l’Allemagne et de l’Union européenne dans un domaine clé pour la transition énergétique. Il est financé par les deux pays à hauteur de 17,3 millions d’euros. Il mobilise pendant trois ans (2024-2027) quelque 90 chercheurs allemands et français issus de douze universités et centres de recherche de renom (six de chaque pays). Leurs compétences complémentaires s’articuleront dans six domaines de travail. Un conseil industriel, composé de représentants de dix entreprises du secteur des batteries en France et en Allemagne, soutient leurs travaux.
Unir nos forces pour un avenir sans carbone
La France et l’Allemagne souhaitent élargir leur coopération scientifique dans le domaine de l’énergie. Ils l’ont fait savoir dans un communiqué en janvier 2023. Le 22 mai 2024, lors d’un séminaire à Paris, ils ont ensuite annoncé le projet HIPOBAT et un programme commun dans le domaine de l’hydrogène. Ils mettent actuellement en œuvre ces projets.
Projets franco-allemands pour la filière hydrogène durable
Dans le domaine de l’hydrogène, un appel à projets commun a été lancé au printemps. Intitulé « Développement de la filière hydrogène pour le futur mix énergétique », il s’adressait à des projets portés par au moins un partenaire de chaque pays. Ces projets devaient se dérouler sur trois ans, pour un budget compris entre 1,5 et 2,5 millions d’euros (au total 10 millions d’euros pour les cinq projets sélectionnés).
L’objectif : dynamiser la chaîne d’innovation sur l’ensemble de la filière, des laboratoires de recherche à l’industrie et aux applications pour le consommateur final, en vue de construire une économie durable de l’hydrogène intégrant de nombreuses filières en France, en Allemagne et en Europe. Il s’agit en même - d’exploiter la complémentarité des projets et des politiques nationales dans le domaine de l’hydrogène décarboné.
L’appel a rapidement porté ses fruits : 35 projets ont été déposés. Un grand nombre d’entre eux provenaient de partenaires du monde de l’entreprise. Un succès au-delà des attentes.
Le programme a été lancé le 29 novembre à l’ambassade de France à Berlin. Les projets financés, annoncés en octobre, couvrent l’ensemble des priorités thématiques retenues : les innovations pour la production d’hydrogène par voie électrochimique, le stockage chimique ou sous forme liquide du vecteur hydrogène, ainsi que l’intégration de l’hydrogène dans les systèmes énergétiques.
Deux d’entre eux visent à développer une électrolyse de l’eau de nouvelle génération, l’un utilisant la technologie d’électrolyse sans fluor, l’autre à développer des matériaux innovants pour les systèmes AEM (Anion Exchange Membrane). . Ces systèmes sont utilisés pour produire de l’hydrogène sans carbone. Ils ont un rôle important à jouer car ils utilisent peu de métaux précieux.
Un troisième projet cible le transport de l’hydrogène et le stockage de l’énergie. Elle entend développer des solutions en développant la production d’hydrogène par décomposition de l’ammoniac.
De grands projets ont également été lancés dans le domaine des systèmes énergétiques. Ils visent à favoriser le développement des infrastructures et l’essor des technologies. Ils s’intéressent aux trajectoires de déploiement des infrastructures hydrogène, au développement de synergies entre les systèmes énergétiques français et allemand, ainsi qu’à la modélisation des stratégies de développement des infrastructures et d’expansion commerciale dans le secteur de l’hydrogène. décarboné.
Tous ces projets bénéficient d’une excellente coopération entre les équipes françaises et allemandes. Ils sont porteurs de la promesse d’innovations majeures pour les deux pays dans un domaine clé, tant du point de vue scientifique qu’industriel.
Anne Lefebvre (avec : Ambassade d’Allemagne à Paris, BMBF, Ambassade de France à Berlin)
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