Bartolomé Lenoir, le député UDR de la Creuse, a lancé fin octobre une pétition en ligne “contre l’ultra gauche en Creuse”. Dans son texte, il a mis en avant l’ancien centre de vacances du Lac du Chammet, à Faux-la-Montagne, «terrain idéalselon lui, pour l’installation de ce qu’on pourrait appeler une ZAD« . Une initiative à laquelle le maire a immédiatement réponduCatherine Moulin, en déposant plainte pour diffusion de fausses informations susceptibles de troubler l’ordre public. Le procureur l’a rejeté. Mais la municipalité de Fall ne s’est pas arrêtée là.
Un manifeste envoyé à toutes les mairies de la Creuse
A la mi-novembre, le député de la Creuse a interrogé le ministre de l’Intérieur à ce sujet à l’Assemblée nationale. “On s’est dit qu’on ne pouvait pas ne pas réagir confie l’édile. On était plutôt une vitrine de ce qui était cool et permettait d’accueillir au mieux les nouveaux habitants et là il a dit ça à l’Assemblée Nationale ! Mais quelle fausse image il donne de nous ! Que construisons-nous dans l’imagination des gens lorsque nous disons des choses pareilles ? « . Le conseil municipal de Faux-la-Montagne donc a rédigé un manifeste pour le respect des libertés républicaines en Creuse “de le partager avec d’autres élus, car on sentait qu’il y avait une dérive« .
Le texte a été envoyé à toutes les mairies de la Creuse. Il a déjà été signé par une trentaine de communes, maires mais aussi conseillers municipaux, et pas seulement sur le plateau de Millevaches mais aussi à Aubusson, Guéret, La Souterraine, Bourganeuf, Saint Fiel, Chéniers, Bonnat, Auzances pour ne citer qu’eux. Le président de l’Agglomération du Grand Guéret, Eric Corréia, l’ancien sénateur, conseiller départemental du canton de Felletin et membre de la Ligue des droits de l’Homme, Renée Nicoux, l’ancienne députée LFI Catherine Couturier, ont également apposé leur signature.
Des élus attaqués dans leurs démarches quotidiennes
“Il monte au créneau sur un sujet qu’il ne connaît pas, il ne s’enquiert pas. Où est la responsabilité d’un élu qui jette une vérité toute faite aux yeux de la République alors que nous œuvrons à la tolérance les uns envers les autres ? » s’interroge et s’inquiète Marie-Françoise Fournier, la maire de Guéret. “Nous reconnaissons sa légitimité en tant qu’élu, mais il doit être prudent dans ses propos en tant qu’élu et représentant de la population.» prévient Renée Nicoux.
Par leur approche, les élus signataires veulent dire publiquement stop à de tels agissements de la part du député de la Creusequ’ils qualifient de faux et contre-productif »,alors que la Creuse a toujours été une terre d’accueil, et sans accueil, pas de nouveaux arrivants« . “Ce n’est pas le travail d’un député de créer une division. Son métier est d’aménager un territoire, de rassembler les gens qui y vivent et d’inciter ceux qui n’y habitent pas à venir y vivre. » constate Yves Giron, le premier secrétaire du PS dans la Creuse, qui s’inquiète du déclin démographique dans le département.
Des élus de toute la Creuse : un signal fort
Les élus creusois se sentent également agressés dans leurs missions et efforts quotidiens. « En soulevant inutilement les spectres de la méfiance et de la peur envers autrui, cela menace tout le travail patient construit par les autorités locales » souligne le manifeste. “Nous, les élus locaux, mais aussi les associations, les entrepreneurs, nous travaillons à faire vivre un territoire, à tisser un réseau social, et le fait d’avoir ce genre de discours va créer une fracture là où il n’y en a pas, va susciter ressentiment, cela contribue à un climat délétèreconstate le maire de Felletin, Olivier Cagnon. Nous avons un territoire fragile, nous devons nous battre pour qu’il survive et rencontrer des élus de toute la Creuse est un signal fort pour dire que nous voulons travailler ensemble pour le territoire. , quelles que soient nos différences de point de vue« .
«Je suis très serein face à ces déclarations» – Bartolomé Lenoir
Bartolomé Lenoir a répondu à ce manifeste par un communiqué officiel sur les réseaux sociaux. “Je suis très serein face à ces déclarations et je ferai mon travail sans sourciller”, a-t-il écrit. **Il nous a confirmé qu’il était calme, mais aussi “très déçu voir que les élus s’en inquiétaient” et a dit qu’il avait été incompris alors qu’il “se bat pour la santé dans le département, pour qu’on garde nos écoles, contre la suppression annoncée de milliers d’enseignants« .
Le député UDR considère ce manifeste «complètement déconnecté de la réalité. Donc, j’en ai un peu dépassé. Je fais mon travail, ce qui, je pense, fait du bien à la Creuse. Tout le monde voit au quotidien que je suis sur le terrain et que je travaille comme un fou. Après j’avoue que je suis très choqué par le fait qu’il y ait une présence évidente d’ultra-gauches dans le département. Et je le supposerai toujours. Je me suis engagé durant ma campagne à faire des choses et je respecterai mes engagements.
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