Même si les tracteurs sont pour l’instant rangés, la colère du monde agricole, exprimée à plusieurs reprises ces derniers mois, ne demande qu’à être réactivée. Les problèmes structurels du secteur sont loin d’être tous résolus, et il faut y ajouter les aléas économiques, qui n’ont rien aidé.
Depuis fin 2023, le monde agricole est confronté à des conditions climatiques nettement défavorables. Et les Landes n’ont pas été épargnées : « Le climat a été le thème inquiétant de l’année », résume Marie-Hélène Cazaubon, la présidente de la Chambre d’agriculture.
La cause, comme chacun l’a remarqué, est un volume de précipitations exceptionnel, tant au printemps qu’en été. Selon la station de Dax, il a plu deux fois plus que d’habitude en juin, et encore de façon inhabituelle en septembre, avant le passage de la tempête Kirk en octobre…
Moins 25% pour le kiwi
Résultat, les surfaces cultivées du département sont en baisse, et sur le plan financier, les revenus 2024 de la Ferme Landes sont en baisse de 24% par rapport à l’année précédente qui avait été une bonne année. 2024 figure ainsi parmi les quatre pires années depuis dix ans. La morale est donc que lorsqu’on parle d’eau, « les excès sont parfois plus inquiétants que les pénuries », constate Marie-Hélène Cazaubon.
Certains secteurs ont particulièrement souffert de ces conditions. C’est le cas du kiwi vert, confronté, comme l’écrit la Chambre d’agriculture dans son rapport économique, à « l’intensification du phénomène de dépérissement lié aux excès de précipitations », qui se traduit par la mort des arbres. . La récolte 2024 est en baisse spectaculaire de 25 % par rapport à l’année précédente, et « certains vergers produisent moins de 10 tonnes par hectare », contre des rendements historiques de 25 tonnes. Malgré le succès du kiwi jaune, « il y a une grande inquiétude pour les années à venir ».
Le même constat inquiétant s’applique à la viticulture, qui est confrontée à une baisse structurelle de la consommation de vin, mais qui doit également faire face aux adversités climatiques et aux maladies. Les deux bassins de production landais, Armagnac et Tursan, sont touchés de manière quasi identique : récolte en baisse de 28 % pour l’une, de 23 % pour l’autre. Sachant que c’est « la quatrième année de pertes importantes pour les viticulteurs, nous nous approchons d’une situation critique ».
Pour les agriculteurs bio aussi, le contexte n’est pas favorable, le secteur étant en crise au niveau national. Même si leur nombre est resté stable en 2024 dans les Landes (411), les surfaces cultivées ont diminué de 600 hectares.
Enfin, l’année a été difficile pour les producteurs de volailles, car si la consommation augmente en France, c’est principalement dans le secteur bon marché de la « volaille de tous les jours ». Dans les Landes, la production sous Label Rouge a baissé de 11 %, et même de 17 % pour le poulet en IGP Liberté.
Bonne année pour les asperges
Alors, 2024, une année à oublier pour le monde agricole ? C’est un peu ça, oui, même si quelques rares secteurs s’en sortent bien. C’est le cas de l’asperge des Landes, qui bénéficie enfin du Label Rouge, et dont le pic de production est tombé une semaine avant Pâques, période idéale. Même si les rendements ont baissé, la hausse des prix de vente garantit une année économiquement réussie.
Même satisfaction chez les producteurs de palmipèdes à foie gras. Malgré une alerte début novembre, la mise en place de la vaccination a permis de réduire la menace de la grippe aviaire. La reprise de la production est là, avec une hausse de 11 % sur un an, pour atteindre 5,4 millions de canards produits. La filière courte, avec « 540 000 bêtes, a enfin pu retrouver des niveaux de production permettant d’assurer tous les débouchés ». A quelques semaines de Noël, c’est toujours difficile.
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