Les drones MALE doivent-ils être armés ? [Moyenne Altitude Longue Endurance] ? Cette question peut paraître absurde, voire dépassée, à l’heure où l’utilisation de munitions télécommandées [MTO] se généralise et où l’avenir de l’aviation de combat passe par le développement d’avions autonomes de type « ailier loyal » [ou « loyal wingman »]. Pourtant, c’est toujours d’actualité en Belgique.
Cela dit, la France a pris son - pour résoudre ce débat. Ce n’est qu’en 2017 que Florence Parly, alors Ministre des Armées, décide que les drones MQ-9 Reaper de l’Armée de l’Air et de l’Espace [AAE] serait armé. Interrogé, deux ans plus tôt, sur cette possibilité, son prédécesseur, Jean-Yves Le Drian, avait botté en touche. « La question demeure. Je n’en dirai pas plus”, a-t-il déclaré. Des considérations éthiques et/ou politiques pourraient expliquer une telle réserve.
Or, qu’un missile soit tiré par un avion de combat sans que celui-ci puisse « voir » sa cible ou par un drone MALE, l’effet final est le même. Tout comme le risque de « dommages collatéraux »… En réalité, tout dépend des règles d’engagement.
En Allemagne, l’armement des drones fait depuis longtemps l’objet de débats, sans doute en raison d’arrière-pensées politiques. Opposés à cette idée, les sociaux-démocrates [SPD] et les écologistes [Die Grünen] ont finalement accepté cette situation en signant leur accord de coalition gouvernementale avec les Libéraux-Démocrates. [FDP]en novembre 2021. Ils ont toutefois insisté sur la nécessité de définir des conditions d’emploi très strictes.
Partout à Quiévrain, ce débat est toujours d’actualité, alors que la composante « Air » de la Défense belge s’apprête à mettre en œuvre les quatre drones MQ-9B SkyGuardian qu’elle a commandés à l’américain General Atomics en 2020.
La coalition gouvernementale sortante [la « Vivaldi »] n’a pas pu prendre de décision dans le sens souhaité par l’état-major belge, en raison de l’opposition des écologistes [Groen et Ecolo]. Et ce malgré de solides arguments juridiques.
« L’utilisation d’un SkyGuardian armé s’inscrit dans le même cadre juridique que celui des autres systèmes d’armes aéroportés, les processus de décision et les règles d’engagement applicables étant identiques à ceux du F-16. Le SkyGuardian utilise les mêmes munitions de précision et dispose des mêmes protocoles de sécurité et logique d’armement. Son utilisation s’inscrit donc parfaitement dans les cadres juridiques existants », a fait valoir la Défense belge.
Ceci étant dit, la prochaine coalition, baptisée « Arizona » [parce que les couleurs des partis qui la composent sont les mêmes que celles du drapeau de l’État américain]devrait autoriser l’armement des SkyGuardians. C’est en effet ce qu’a rapporté le quotidien « La Libre Belgique » la semaine dernière.
“Un accord de principe a été trouvé entre les cinq partis de la probable future coalition de l’Arizona”, indique le journal, s’appuyant sur plusieurs sources proches des discussions. Et ce même si l’un des groupes politiques, en l’occurrence le Parti social-démocrate Flamingo [Vooruit] est plus réservé.
Une résolution demandant au gouvernement d’autoriser l’armement des drones SkyGuardian a déjà été déposée à la Chambre des Représentants par la Nouvelle Alliance flamande [N-VA]dont le chef, Bart de Wever, devrait être le prochain Premier ministre.
« Armer nos SkyGuardians est devenu une évidence pour nous. Un signal politique clair est nécessaire pour que le nouveau gouvernement permette à la Défense de poursuivre le développement et l’intégration des UAS armés. [des modèles nano aux MALE] renforcer la capacité d’action de ses différentes composantes », argumente ce texte.
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