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des familles recherchent leurs proches dans la prison libérée de Saidnaya

La libération de cette prison, c’est la libération de toute la Syrie, car ce lieu est un symbole du régime Al-Assad. Entre 2011 et 2018, près de 30 000 prisonniers politiques y sont morts, selon Amnesty International.

“Juste ça, trouver mon père, ce serait extraordinaire”

Il s’appelle Oussam, c’est un réfugié syrien au Liban. Il nous aborde au poste frontière. Quatre ans qu’il n’a pas mis les pieds dans son pays, dix ans qu’il n’a pas vu son père, disparu dans les geôles du régime. Il nous demande de l’emmener à Damas :

J’y vais seulement pour essayer de le trouver. Juste ça, trouver mon père, ce serait extraordinaire, sinon je m’en remets à Dieu. Ils l’ont arrêté pendant la parodie d’élection présidentielle en 2014 et il a disparu.

Une heure de route, déserte, où défilent les carcasses de blindés et les checkpoints abandonnés, et puis enfin la capitale, libérée du régime de Bachar Al-Assad. “Il n’y a pas que moi qui suis ému, tout le monde. On attend ça depuis tellement longtemps, de pouvoir se déplacer librement. J’espère que les beaux jours vont revenir pour que je rentre en Syrie et y vivre tranquillement. Un nouvel avenir, tout recommencer, que la vie reprenne.”

On entre dans une des mosquées de Damas. Des centaines de personnes sont là, des gens qui cherchent des proches. “Ici, il n’y a pas de prisonniers, juste des listes. Parce qu’il y a encore des gens qui sont enfermés dans les prisons, des disparus. Donc ici, on inscrit son nom et celui de la personne recherchée et un téléphone. Comme ça, si on la trouve, on peut être contacté.”

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Des Syriens aux portes de la prison libérée de Saidnaya le 9 décembre 2024.
© AFP[–>– Omar Haj Kadour

“Aujourd’hui, on a un espoir”

Autour d’Oussam, ils sont des milliers à la recherche d’un proche, comme cette femme juste à côté de lui, avec la photo de son frère sur son téléphone :

On ne sait toujours rien de lui. Il a disparu en 2015 alors qu’il voyageait dans le pays. D’abord, on a su où il était, donc on a demandé aux autorités. On nous a dit « On ne sait pas ». Puis on nous a dit « Il a été arrêté ». Et à la fin, on nous a dit « Il est mort ». Mais aujourd’hui, on a un espoir.

L’espoir mène Oussam et tous les autres à prendre la direction de la prison de Sednaya. Tous convergent vers ce symbole de la dictature Al-Assad, pendant que dans le ciel syrien, des avions de chasse israéliens frappent au loin des dépôts d’armes du régime déchu.

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Dans la prison libérée de Saidnaya le 9 décembre 2024.
© AFP[–>– Mohammed AL-RIFAI

“La libération de cette prison, c’est la libération de toute la Syrie”

Des gardes nous laissent entrer dans la cour de la prison. Certains creusent pour essayer d’accéder au sous-sol. Il y aurait trois niveaux sous ces dalles, avec encore des cellules et des prisonniers. “C’est avec ceci qu’ils exécutaient les gens. Ici, regardez.” On nous montre une corde de pendu.

L’après-midi avance, le couvre-feu approche. Oussam s’est perdu dans la foule qui fouille toute la prison, alors que des bulldozers arrivent pour continuer les recherches sous le regard d’un chef de la rébellion, encadré d’une dizaine d’hommes armés : “La prison de Seydnaya est un abattoir humain, c’est un enfer dans lequel on se perd. C’est un symbole, tant de gens ont disparu ici, torturés, opprimés, assassinés. La libération de cette prison, c’est la libération de toute la Syrie. C’est le symbole du régime Al-Assad.”

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