« Le respect envers les officiers est pratiquement inexistant, donc c’est le détenu qui a le pouvoir en ce moment. »
C’est ce qu’il a dit au micro de l’émission Les faits d’abord un ancien agent correctionnel, exaspéré par les actes de violence perpétrés dans les prisons de la province. Il s’est exprimé sous couvert d’anonymat par crainte de représailles de la part de son employeur.
Devant l’impuissance des agents correctionnels victimes d’agressions physiques et d’intimidations de la part des détenus, il quitte son poste d’agent correctionnel après avoir travaillé huit ans dans le réseau québécois des établissements de détention.
Il dénonce le fait que les agressions contre ses pairs restent trop souvent impunies, tandis que les agents perdent leur pouvoir disciplinaire sur les détenus.
Cela devient tellement compliqué de faire preuve de discipline que bien souvent, nous ne sommes pas en mesure de donner [mesures] mesures disciplinaires qui accompagnent les gestes
a expliqué l’ex-agent.
Réagissant à ces propos, Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en milieu correctionnel du Québec, a souligné que le rapport d’actes-conséquences
n’existe plus dans les services correctionnels en raison de la lourdeur des procédures disciplinaires.
Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (Photo d’archive)
Photo : Avec la permission de Dominic Morissette
Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est un recours quasi systématique aux avocats pénitentiaires, qui allonge les délais
dit M. Lavoie.
Le manque de personnel et le manque de volonté politique du Ministère de la Sécurité Publique pour traiter les manquements dans les délais font que de nombreux manquements sont abandonnés et il n’y a donc aucune conséquence pour les personnes incarcérées qui [se livrent à] activités, y compris trafic, agression, menaces ou intimidation
a ajouté le président du syndicat.
Les avocats nient que cela pèse sur le système
La présidente de l’Association des avocats pénitentiaires du Québec, Alexandra Paquette, ne fait pas cette lecture des sanctions en prison. La commission de discipline et la présence d’avocats ont toujours été prévues
a précisé Me Paquette.
Il faut savoir que les établissements de détention, une fois le manquement disciplinaire transmis à la personne incarcérée, recourent à des mesures provisoires qui peuvent durer jusqu’à 24 heures.
a ensuite souligné l’avocat.
En termes de sanctions, […] des mesures administratives sont toujours disponibles [et] peut durer jusqu’à sept jours en « trou » (également appelé isolement cellulaire), plus l’enfermement dans une cellule
a-t-elle précisé, soulignant au passage que le le niveau de dureté de détention de nos clients n’aide pas du tout
l’évaluation de la mesure disciplinaire qui doit être imposée à un détenu pour ses actes.
Dimanche dernier, un agent des services correctionnels de la prison de Sorel-Tracy a été roué de coups par un détenu sous sa garde. Le détenu, qui se trouvait seul avec l’agent, lui a infligé une fracture du crâne et des blessures suffisamment graves pour mettre en danger sa vue. Le prisonnier avait des antécédents de problèmes de santé mentale et de schizophrénie.
L’attaque contre leur collègue a profondément ébranlé les travailleurs du service correctionnel, qui ont démontré leur solidarité en refusant unanimement d’ouvrir les portes des cellules des prisons québécoises, mardi matin.
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