Par
Pierrick Kerbaul
Publié le
7 décembre 2024 à 17h00
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Dans sa maison de Virey (Sud Manche), elle a installé son atelier artisanal au fond du garage, où s’entassent bois et outils. Son activité, minutieuse et passionnée, est pourtant peu connue. Elodie Rougereau est marquetière. Un artisanat d’art ancien qui relève du domaine de la décoration intérieure. Dans son petit atelier, elle a fondé il y a deux ans Les Bois de Tarsia.
Son quotidien consiste à dessiner et à donner vie à son imaginaire sur des planches de bois. « Les thèmes que je privilégie sont la nature, les gens du commun, les légendes et les contes », explique l’artisane de 27 ans. Elle travaille actuellement sur un arbre entouré de créatures fantastiques. « J’atteins facilement les 80 heures de travail sur ce type de peinture », confie-t-elle.
Pour créer ses personnages et ses paysages dans les moindres détails, elle lisse, découpe et colle les différentes tranches de bois dont elle dispose. Certaines pièces ont la taille d’un ongle. « Il faut imaginer ces dessins comme des puzzles où l’on ajoute des pièces au fur et à mesure », explique le jeune marqueteur. Le résultat est des œuvres réalistes, détaillées et colorées. Malgré les copier-coller répétés, le résultat final ne présente aucun revers. Le dessin a fusionné avec le tableau. «Je nivelle tout pour qu’on ne ressente aucun soulagement», révèle Elodie Rougereau.
“Je ne voulais pas passer ma vie derrière un bureau”
Aucun matériau autre que le bois n’est utilisé, hormis quelques rares détails en laiton sur certaines œuvres. “Les couleurs dépendent du bois que l’on utilise”, précise le spécialiste. Certaines espèces peuvent même donner plusieurs tons. C’est avec l’un de ces tableaux, représentant un artisan au travail, qu’Elodie Rougereau a décroché la médaille d’or des apprentis en 2017, en région Occitanie, où elle a étudié.
« Je suis originaire de La Rochelle. J’ai eu un baccalauréat scientifique et puis j’ai vite compris que je n’avais pas envie de passer ma vie derrière un bureau. Je me suis donc lancé dans un diplôme d’artisanat d’art près de Toulouse et j’ai développé une passion pour la marqueterie », résume le fondateur du Bois de Tarsia. Mais son métier ne se limite pas au bois. Elodie Rougereau peut créer des objets et des œuvres avec de la paille par exemple. « Je vais le coller et l’aplatir pour créer des motifs. La dorure se reflète avec les rayons du soleil », explique-t-elle en montrant une rosace réalisée avec ce matériau.
Découvrez les secrets du bois
Médaille d’or et diplôme en poche, elle quitte le Sud-Ouest ensoleillé pour « suivre son chéri » et s’installe à Saint-Hilaire-du-Harcouët où elle débute véritablement son aventure solo. Ce mercredi 4 décembre, elle a reçu la visite de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Manche, qui lui a remis le diplôme certifiant qu’elle est bien artisane d’art. « Je ne suis pas ébéniste », rappelle-t-elle, même si elle en possède également le diplôme. La différence est que l’ébéniste travaille le bois massif pour fabriquer des meubles. J’utilise des tranches de bois et je décore.
Malgré toutes les certifications, Elodie Rougereau sait qu’elle a encore beaucoup de marge de progression. « Je dois découvrir les différents bois, leurs propriétés et ce que je peux en faire. » Ses œuvres sont conçues pour le long terme et certains bois peuvent changer de couleur avec le - ou la lumière du soleil.
Série ou sur-mesure, tout est permis
L’autre ambition est de mieux se faire connaître du public. « Cela fait deux ans que j’ai commencé et la première année a été compliquée à démarrer. C’est un métier dont on ne vit pas facilement », reconnaît la jeune femme. A l’approche des fêtes, elle se rendra sur plusieurs marchés de Noël, principalement dans le Calvados, pour vendre ses œuvres dont les prix varient de moins de 300 € pour les créations les plus simples, à plus de 1 000 € pour les commandes des particuliers. « Je n’ai eu que très peu de commandes précises jusqu’à présent, je suis plus sûr de la série. Mais je peux les réaliser selon les thèmes et ce qui est demandé. Je réalise aussi de très petits tableaux avec des chutes de bois que je réutilise », raconte Elodie Rougereau.
A terme, elle ambitionne de déménager dans des locaux plus grands, avec plus d’équipements, afin de réaliser des œuvres plus ambitieuses. « C’est un métier ancien, que beaucoup considèrent comme démodé. Je veux lui donner une nouvelle image. »
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