Les habitants des 272 communes d’Indre-et-Loire auront-ils tous un maire à élire en 2026 ? Rien n’est moins sûr. Les maires de Saint-Pierre-des-Corps, Chanceaux-sur-Choisille et Luzillé ont démissionné en 2024. L’année précédente, ils étaient cinq (1). Et ceux qui restent savent qu’une fin de mandat mouvementée les attend.
Selon une étude réalisée par l’Association des maires d’Indre-et-Loire, 40 % des maires locaux, sur 148 sondés, ne savent pas encore s’ils se représenteront aux élections municipales. 30% envisagent de se représenter et 30% savent qu’ils ne seront pas candidats. Une crise des vocations qui semble s’inscrire dans la durée, puisque 42% n’étaient déjà pas représentés en 2020.
40% des maires ne savent pas encore s’ils se représenteront en 2026
Si la fin du mandat approche à grands pas, certains ont jeté l’éponge. Parmi les causes évoquées, “une trahison” même au sein de leur majorité, situations bloquées, menaces, violences ou raisons de santé. Au Lochois, l’ancien maire de Vou, Bernard Henry a démissionné au bout de quelques mois seulement, en 2023.
« C’était une catastrophe, le conseil municipal refusait systématiquement tout ce que je proposais. Cela nous a conduit à une impasse. J’ai reçu deux lettres de menaces et d’insultes, ça m’a tué. » Bernard Henry adresse sa lettre de démission au préfet. « Quinze jours plus tard, tout était fini. Sans rendez-vous ni discussion. »
Ces luttes internes ont également coûté à Gérard Daviet son poste, maire de Chanceaux-sur-Choisille jusqu’en octobre 2024. C’était avant que sa majorité ne se retourne contre lui, mettant fin à trente-cinq ans d’implication dans la vie politique de sa commune.
«Très seul»
“Je n’ai pas supporté la trahison de mon premier adjoint”dit-il. Un mois et demi plus tard, il peine toujours à s’en remettre. « Le fait d’avoir abandonné les habitants, les projets, tout ça me fait beaucoup de mal. » Avec le recul, Gérard Daviet dit avoir ressenti “très seul” durant son mandat. Son sentiment de solitude trouve un fort écho.
« C’est très dur tu sais, il faut être partout, tout le -. J’étais très, très disponible. Depuis que j’ai arrêté, je ressens moins de stress. Beaucoup de maires autour de moi disent déjà qu’ils ne repartiront plus »note Anne Marquenet-Jouzeau, l’ancienne maire de Luzillé. Elle a démissionné en juillet 2024 en raison de problèmes de santé.
Cette crise avérée des vocations inquiète Cédric de Oliveira, le président des maires d’Indre-et-Loire. Il prône des réformes structurelles et un meilleur statut des élus pour rendre la fonction plus attractive. « Aujourd’hui, le maire est aussi le curé, le psychologue local… Une fois qu’on est maire, on peut faire n’importe quel métier dans le monde. »
(1) Mi-novembre, la ministre du Partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, annonçait que « 2 400 maires ont démissionné et 57 000 sièges de conseillers municipaux sont vacants » en France depuis juin 2020. Avec un fort pic observé à mi-mandat.
« Il faut avoir de saines ambitions »
Près d’Amboise, à Saint-Ouen-les-Vignes, le maire Philippe Deniau tient un discours optimiste « en net contraste » avec celui des autres maires. Son mandat est cependant loin d’être un long fleuve tranquille, à tel point qu’il a collaboré pendant plusieurs mois avec les services de police alors que le trafic de drogue fleurissait dans son village. « C’est vrai que la charge mentale est énorme et que les difficultés sont là. Mais il ne faut pas oublier que notre mission première est d’animer une équipe, de mener une dynamique, des projets. Je crois à la force du collectif, un peu comme une équipe sportive. Il faut avoir de saines ambitions et savoir s’ouvrir, y compris à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. »
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