Plus de 80 personnes ont participé à une journée nature à la salle des fêtes du Grand-Vabre, organisée par l’office de tourisme du village. L’après-midi était divisé en trois parties. Il y a eu tout d’abord la diffusion du film documentaire d’Hélène Sirieys sur la rivière Dourdou, dans le cadre de l’étude paysagère du projet grand site de Conques en France, ponctuée d’un débat avec la réalisatrice Laure Vigouroux. L’histoire de ce cours d’eau au débit fluctuant et la manière dont les habitants et les agriculteurs d’aujourd’hui perçoivent cette petite rivière ont été développées.
Pour mémoire, il faut ajouter que dans les années 1970, une firme parisienne a entrepris une étude pour que le Dourdou ne coule plus rouge ou du moins pour atténuer sa coloration en cas de fortes pluies, « salissant » le Lot au niveau du Grand-Vabre. Une étude sans avenir, sachant que le Dourdou « crache » son rouge – comme disaient les anciens -, tout simplement en charriant les alluvions et en traversant le rouge de la vallée de Marcillac. Ensuite, André Romiguière, qui mène des recherches approfondies sur le Lot et le bassin de Decazeville, remonte l’histoire industrielle, soulignant l’importance vitale de ce fleuve comme artère de communication au début du XIXe siècle : “Il est aussi ironique de constater que le Lot transportait les rails fabriqués dans le Bassin et ce qui entraînerait la perte de la navigation fluviale avec l’avènement du transport ferroviaire.”
Enfin, Christian Bernad, ancien président de l’association pour l’aménagement de la vallée du Lot, a annoncé un événement géologique peu connu jusqu’alors : dans des - très anciens, la Truyère se jetait dans l’Allier bien plus au nord. C’est un accident volcanique en Auvergne qui a détourné le cours d’eau vers le sud et l’a fait se jeter dans le Lot, à Entraygues.
« Vous vous rendez compte, le Lot aurait connu la moitié de son origine actuelle. Elle aurait connu une activité fluviale, certes, mais bien moindre que celle qu’elle a connue. La rivière aurait-elle été canalisée, verrouillée ? Les mariniers auraient-ils pu rapporter le fameux stockfish qui permettait de diversifier l’alimentation et de proposer une tradition culinaire locale ? Les mines et usines de Decazeville et du Bassin auraient-elles pu vendre leur production ? Il est possible que le bassin urbain que nous connaissons soit resté un ensemble de petites villes agréables mais modestes »glisse Christian Bernad.
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