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50 tracteurs en action pour dire non à l’abandon des terres agricoles

Les premiers tracteurs sont partis vers 6 heures du matin de Mirambeau, en provenance du sud du département. Escorté par les gendarmes, le convoi marqué FDSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) s’est grossi petit à petit tout au long de la matinée avant d’arriver, vers 10h30, à Yves. Une cinquantaine de véhicules agricoles ont alors commencé à défiler sur la RD 137, entre Yves et Châtelaillon-Plage, avant d’atteindre leur cible : la réserve naturelle du marais Yves.

Il faut dire qu’outre les revendications bien connues de ces derniers mois – revenus trop faibles, procédures excessives, Mercosur, etc. –, les agriculteurs charentais-maritimes ont tenu, ce mardi 3 décembre, à mettre en avant une inquiétude très locale. : le déclin des terres agricoles. « Nous perdons chaque jour des terres », insiste le président FDSEA de la Chambre d’agriculture, Cédric Tranquard. Il évoque près de 1 700 hectares perdus en dix ans et une vingtaine d’exploitations agricoles disparues. La cause en est l’abandon de parcelles de terrain à l’eau salée, qui pénètre de plus en plus profondément dans les terres, sans que de nouvelles digues ne soient construites.


Une cinquantaine de tracteurs composaient le convoi, venant de tout le département.

Romuald Augé

Blocs de béton

Comme au marais de Brouage, où un immense lac d’eau salée s’est formé cet hiver, imbibant les terres des agriculteurs. Le Papi (Programme d’Action et de Prévention des Inondations) qui couvre le secteur vise à sécuriser les biens et les personnes mais pas les parcelles agricoles. Et c’est ce genre de choix qui fait chier les agriculteurs. «On n’entend pas ce discours-là», explique Kévin Dumont, président de la JA du département. Aujourd’hui, nous avons le cas d’un jeune qui doit abandonner 150 hectares de terre. »

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Près de treize années se sont écoulées depuis le passage dévastateur de la tempête Xynthia en février 2010 sur une côte atlantique fortement urbanisée au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Si un programme ambitieux de restauration de dizaines de kilomètres de digues qui n’étaient plus entretenues a été lancé, la question de laisser à nouveau la mer pénétrer à l’intérieur des terres se pose désormais sur certains sites. Après 1 500 ans de conquêtes face à la mer, un changement majeur s’opère

« Il faut aussi nous écouter quand on parle d’environnement »

Après avoir garé la plupart des tracteurs du côté de la RD137, entraînant une fermeture totale puis partielle de la circulation dans le sens La Rochelle – Rochefort entre Châtelaillon et Fouras en fin de matinée, les agriculteurs ont pris le chemin du petit maison gérée par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) à proximité du marais Yves. Ils l’ont muré avec des blocs de béton, pour le symbolisme. « L’environnement, ce n’est pas que la LPO, pousse Kévin Dumont. Nous devons également nous écouter lorsque nous parlons d’environnement. »

Écoutez, la présidente du Conseil départemental Sylvie Marcilly et le préfet Brice Blondel, présents le matin, l’ont fait. Des discussions avec le préfet avaient même eu lieu au préalable pour s’assurer que l’action, étroitement encadrée par la gendarmerie dont l’hélicoptère a survolé plusieurs fois la RD137, se déroulerait sans problème.


Les agriculteurs avaient apporté tout le nécessaire pour murer les ouvertures d’un bâtiment de la LPO, dans la réserve naturelle du marais Yves.

Romuald Augé


Sylvie Marcilly et Brice Blondel se sont longuement entretenus avec la centaine d’agriculteurs présents.

Romuald Augé / SO

Tas d’ordures

« Quand on voit dans les sondages que 82 % des gens soutiennent notre mouvement, le but est avant tout de ne pas impacter la circulation et aliéner les citoyens », assure Cédric Tranquard. Ce fut plutôt un succès jusqu’à 16 heures, lorsque la voie rapide fut à nouveau complètement fermée dans le sens La Rochelle – Rochefort depuis la sortie Châtelaillon, au moment du départ du convoi. Derrière lui, il a laissé partout des tas de pneus et de déchets, notamment sur la route, et des kilomètres et des heures de bouchons en fin de journée sur la RD 137, entre La Rochelle et Châtelaillon.

Les écologistes réagissent

Dès mardi 3 décembre, les élus locaux du parti écologiste ont réagi à l’action de la FDSEA et des JA. Dans un communiqué, ils estiment qu’elle « s’est trompée de cible. Ces actes répétés visent à intimider et museler les voix qui défendent une agriculture durable, respectueuse de l’environnement, du climat et de la biodiversité. » Parallèlement, les Ecologistes encouragent l’État « à prendre des mesures fermes pour protéger les militants écologistes, les élus qui sont régulièrement la cible de ces mouvements de contestation, les associations écologistes et les agriculteurs engagés dans la transition agroécologique de notre département ».

 
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