Publié : 19h09 par Dolorès CHARLES
Gîtes de France Kervignac Penhoët
Crédit : Yann Launay
L’inquiétude des Gîtes de France, implantés dans le Morbihan, alors que la loi « anti Airbnb » vient d’être promulguée. Ils craignent d’être les victimes collatérales de cette loi, et de voir leur modèle fragilisé.
La loi anti-Airbnb de la députée bretonne Annaïg Le Meur permet notamment aux communes d’établir plus facilement des quotas d’hébergements touristiques, pour tenter de préserver les locations à l’année, mais les Gîtes de France n’y voient pas une bonne idée. un bon œil. Pour Yves Jéhanno, les Gîtes de France offrent de véritables gages de qualité aux clients et contribuent à la vie et à l’économie locale depuis 70 ans.
« En gros, le poids économique des Gîtes de France dans le Morbihan est de 117 millions d’euros de retombées économiques et 1 000 emplois directs et indirects, et 18 millions d’euros de fiscalité reviennent directement à l’État. Nos propriétaires ont toujours contribué au développement du territoire en valorisant tous les acteurs : artisans, commerçants, prestataires touristiques locaux. Ils ont préservé les bâtiments grâce au tourisme pendant des décennies.
Allons-nous pouvoir accueillir des touristes en excursion ?
Il y a de moins en moins d’hôtels dans le Morbihan, il n’y a pas de création de campings, et là on va faire en sorte qu’il y ait de moins en moins de locations saisonnières. Qu’allons-nous faire de ces touristes ? Allons-nous pouvoir accueillir des touristes en excursion ? C’est-à-dire qu’ils arriveront le matin et repartiront le soir, et qu’ils n’auront pas consommé.
Crédit : Yann Launay
Pour Yves Jéhanno, directeur des Gîtes de France dans le Morbihan, la loi n’est pas entièrement à jeter, certaines dispositions sont les bienvenues, comme l’obligation de déclarer les hébergements touristiques, ou le renforcement des obligations de performance énergétique mais la généralisation des quotas pourrait s’avérer contreproductif.
« Si le propriétaire est obligé de faire un choix, il dira à propos de mes trois logements, je ne peux en garder que deux, qu’est-ce que je vais faire du troisième ? On lui proposera de le mettre à l’année sauf que toute l’année, il n’y a aucune sécurité en termes de paiements, de loyers, et il y a des dégradations…
Celle-ci sera transformée en résidence secondaire, bénéfice pour la commune : nul.
Nous avons plusieurs propriétaires qui louaient à l’année, et qui sont venus nous voir en nous disant qu’ils allaient arrêter pour l’année car ils avaient trouvé le logement dans un état pitoyable… Que va en faire le propriétaire ? Il le revendra et les gens qui veulent avoir un pied au bord de la mer l’achèteront, et il sera transformé en résidence secondaire, bénéfice pour la ville : zéro.
Gîtes de France Kervignac Penhoët
Crédit : Yann Launay
Les Gîtes de France craignent la mise en place de quotas sans concertation, alors que pour Yves Jéhanno, l’efficacité de ces quotas n’est pas garantie, et que les propriétaires d’hébergements touristiques ne sont pas les seuls responsables de la crise de l’hébergement. « Nous avons un territoire extrêmement attractif, donc les prix s’envolent. Il y a un afflux de résidences secondaires… et une pénurie de logements sociaux. Mais ce n’est pas notre faute.
Les Gîtes de France ont aussi des idées
Nous ne sommes pas contre la politique qui se met en place, ce que nous aimerions c’est nous mettre autour d’une table avec les élus, avec les acteurs économiques et touristiques, pour discuter du problème du logement, et essayer de trouver les bonnes solutions. Chaque année, par exemple, nous avons une centaine de propriétaires qui s’arrêtent, une centaine de logements, et nous pourrons peut-être les transformer en résidences à l’année avec une sécurité pour le paiement du loyer.
La loi “anti-Airbnb», soutenue notamment par la députée finistérienne Annaïg Le Meur, devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2025.
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