« La pauvreté n’explose pas. Mais cela gagne du terrain. » résume l’Observatoire des inégalités dans son rapport sur la pauvreté en France dévoilé ce mardi. Entre 2002 et 2022, il y aura 1,4 million de personnes pauvres supplémentaires. En 2022, 5,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France, selon l’Insee. Cela représente 8,1% de la population. Ces statistiques ne prennent en compte que les personnes résidant en logement ordinaire en France métropolitaine. L’Insee estime que plus de deux millions de personnes supplémentaires, parmi lesquelles les sans-abri et les résidents d’outre-mer, ne sont pas comptabilisées dans ces chiffres. Découvrez les principaux enseignements de ce rapport sur la pauvreté en France, publié par l’Observatoire des inégalités.
Les jeunes, les familles monoparentales et les chômeurs parmi les plus touchés
Plusieurs groupes sont particulièrement exposés à la pauvreté en France selon l’Observatoire des inégalités :
- Enfants et jeunes adultes (18-29 ans) sont plus touchés que les autres tranches d’âge. En 2022, 11,4% des moins de 18 ans et 10% des 18-29 ans vivaient sous le seuil de pauvreté, soit plus du double du taux de pauvreté des plus de 65 ans. Les jeunes adultes rencontrent des difficultés d’insertion, notamment ceux les moins diplômés, tandis que les enfants souffrent de la pauvreté de leurs parents.
- Familles monoparentalesmajoritairement constitués de femmes célibataires avec enfants, sont deux fois plus touchés par la pauvreté que la moyenne nationale, avec un taux de 19,2% en 2022.
- Un quart des chômeurs vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les inactifs non retraités sont également très exposés, avec un taux de pauvreté de 22,1%.
- Les travailleurs pauvres sont également recensés par l’Observatoire des inégalités qui souligne que « Travailler ne garantit pas toujours un niveau de vie suffisant ». En 2022, 1,1 million de travailleurs avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit environ 4% des personnes ayant un emploi (le niveau d’éducation est fortement corrélé à la pauvreté).
- Immigrés sont surreprésentés parmi les pauvres, avec un taux de pauvreté de 18,8 %, trois fois supérieur à celui des personnes nées en France. Les immigrés maghrébins sont encore plus touchés, avec un taux de pauvreté de 23,6%. Selon l’Observatoire des inégalités, elles cumulent souvent des difficultés liées au manque de qualification, aux discriminations à l’embauche et à l’interdiction d’exercer certains métiers.
- UN personne handicapée sur cinq sont pauvres, contre 13 % des personnes valides. Les personnes handicapées en âge de travailler sont particulièrement touchées, avec un taux de pauvreté de 25,8%, contre 14,4% pour les personnes valides du même âge.
- Les locataires sont plus exposés à la pauvreté que les propriétaires. Plus de 20 % des locataires HLM ou meublés, ainsi que 13 % des locataires de logements privés non meublés, sont pauvres.
Difficulté à épargner, comme payer les factures de chauffage ou partir en vacances
Être pauvre, pour l’Observatoire des inégalités, c’est vivre avec moins de la moitié du niveau de vie des Français intermédiaires, ceux qui se situent entre les 50 % les plus pauvres et les 50 % les plus riches. Pour une personne seule, le seuil de pauvreté est de 1 000 euros par moisprestations sociales incluses. Pour un couple sans enfants, cela représente 1 500 euros. Et pour une famille avec deux enfants de plus de 14 ans, 2 500 euros. L’Observatoire évoque « un quotidien fait de renoncements et d’inquiétudes ». Par exemple, la pauvreté en France se traduit par des difficultés à épargner, « cela signifie ne pas avoir de coussin de sécurité pour amortir les aléas de la vie ». Parmi les 20% les plus modestes, 62% déclarent ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros et 56% déclarent ne pas pouvoir changer un meuble hors d’usage.
Environ un quart se prive de repas et de chauffage (Insee, données 2022). C’est toute leur vie sociale qui en souffre : 53% d’entre eux déclarent ne pas pouvoir partir en vacances. 15% ne peuvent même pas se permettre un verre ou un repas en famille ou entre amis par exemple. Point positif rapporté par l’Observatoire des inégalités : selon les chiffres de l’Insee, la part des familles estimant ne pas avoir assez d’argent pour que leurs enfants partent en vacances a sensiblement diminué, de 17,4 % en 2009 à 10,6 % en 2021. , cette baisse peut s’expliquer par la diminution du nombre de chômeurs depuis 2015, ajoute l’Observatoire.
Parmi les dépenses dites « contraintes » comme frais de logementles assurances et les services financiers, les dépenses de télécommunications et de télévision, ainsi que les frais de cantine scolaire, c’est surtout le logement qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Ces dépenses n’ont quasiment cessé d’augmenter jusqu’au début des années 2010, passant de 9 % à 23 % du budget des ménages, en raison de la hausse des loyers, mais aussi de l’augmentation des prix de l’électricité, du gaz et de toutes les autres charges liées au logement. En matière de précarité énergétique, 28% des personnes ayant un niveau de vie inférieur à 1 000 euros par mois déclarent souffrir du froid en hiver dans leur logement, contre 7% de celles ayant plus de 2 500 euros, soit quatre fois moins. , selon une étude de l’Ademe. En été, 37 % des ménages pauvres déclarent subir une chaleur excessive, soit deux fois plus que les plus aisés. Le niveau de vie est un facteur déterminant du confort thermique au sein de l’habitation. Rappelons que quatre millions de personnes – soit 6 % de la population – sont considérées comme mal logées en France, selon la Fondation Abbé Pierre.
Dans les grandes villes et départements d’outre-mer
Alors qu’un Le mouvement contre la vie chère a touché la Martinique Depuis plusieurs semaines cet automne, l’Observatoire des inégalités constatait que 36,1 % des Réunionnais sont pauvres, une proportion trois fois plus élevée qu’en France métropolitaine. Mayotte (77%) et Guyane (53%) se trouvent dans des situations encore plus dramatiques (données 2017), ajoute l’Observatoire. En France métropolitaine, d’autres territoires concentrent les difficultés sociales. L’Observatoire cite Aubervilliersavec 42% d’habitants sous le seuil de pauvreté, le 3ème arrondissement de Marseille (52%) et Seine-Saint-Denis dans son ensemble (28 %). Perpignan comprend les trois quartiers prioritaires de la politique de la ville présentant les taux de pauvreté les plus élevés de France (entre 73 % et 75 %). A Parisles 18e, 19e et 20e arrondissements regroupent plus de 100 000 personnes pauvres. La capitale en compte plus de 300 000 au total. Enfin, 45 % des habitants des quartiers prioritaires vivent sous le seuil de pauvreté, soit un taux 2,5 fois supérieur à celui des villes dans lesquelles ils résident.
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