Alors que l’Assemblée nationale doit voter ce lundi le budget de la Sécurité sociale, le gouvernement s’expose à la censure. La question est de savoir si Michel Barnier utilisera l’article 49.3 comme il l’a suggéré.
Le spectre du 49.3 plane une nouvelle fois sur l’Assemblée nationale qui doit se prononcer, ce lundi 2 décembre, sur le très sensible budget de la Sécurité sociale. Si le Premier ministre Michel Barnier décide d’utiliser cet outil constitutionnel, la gauche et le Rassemblement national (RN) soutiendront ensemble une motion de censure. Mais que se passera-t-il s’il n’y a finalement aucun recours ?
Sans majorité, dans un hémicycle divisé, Michel Barnier a indiqué la semaine dernière qu’il utiliserait « probablement, sûrement » le 49,3. Mais la gauche a prévenu que cette décision déclencherait le dépôt d’une motion de censure, que le Rassemblement national s’est engagé à soutenir ce lundi sauf “miracle de dernière minute”, selon Jordan Bardella. Une décision qui pourrait signifier la chute du gouvernement.
Si Michel Barnier renonce au 49.3 pour éviter cela, le texte sera rejeté par les oppositions puisque, en l’état, il ne devrait être voté ni par la gauche ni par l’extrême droite. Le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale (PLFSS) partirait alors pour une nouvelle navette parlementaire.
Toutefois, cela ne serait pas forcément plus sûr pour le gouvernement puisque le RN a jugé par avance ce deuxième scénario constitutionnel très complexe. Le parti estime que le débat parlementaire ne ferait que s’enliser, conduisant l’exécutif à légiférer par ordonnance, comme il a la possibilité de le faire cinquante jours après le dépôt du texte.
Le gouvernement s’exposerait alors à un autre risque : celui de voir les députés déposer une motion de censure de leur propre initiative, grâce à l’article 49.2 de la Constitution. En 1962, le gouvernement de Georges Pompidou tomba ainsi et non après recours au 49.3.
L’Assemblée nationale doit voter ce lundi à 15 heures la lecture finale du budget de la Sécurité sociale. Jordan Bardella a précisé que le RN ne pourrait pas voter la censure « si Michel Barnier revoyait sa copie d’ici 15 heures ».
Le gouvernement « ouvert au dialogue »
Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne l’augmentation des taxes sur l’électricité et réduise l’aide médicale de l’État (AME) aux sans-papiers, le parti a réclamé de nouvelles concessions, notamment sur la revalorisation des retraites. ou encore un retour en arrière sur la réduction du remboursement de certains médicaments.
Mais, durant le week-end, le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a soutenu le texte tel qu’il a été validé par la commission paritaire, jugeant que “revenir” là-dessus “ce serait siéger sur le Parlement, la démocratie et la délibération”.
Ce lundi, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a réagi sur CNEWS et Europe 1 au vote de censure annoncé par le RN, assurant que le gouvernement reste “ouvert au dialogue”. Laissant entendre que l’exécutif pourrait évoluer sur le déremboursement des médicaments, elle a insisté sur le fait que pour trouver un compromis « il faut être deux ».
“L’intérêt du pays est que ce pays ait un budget et ne sombre pas dans l’incertitude”, a-t-elle ajouté, avant d’affirmer que “chaque député” de gauche ou du RN votant pour la censure “sera tenu responsable en son nom”. circonscription électorale”.
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