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La face au gouffre : chronique du chaos politique

Ray Ventura est un peu oublié. Mais pas son refrain composé en 1935 : « Tout va très bien, Madame la Marquise… Mais je dois vous dire que nous regrettons une bien petite chose… » Vous pourriez penser entendre cette chanson résonner dans les couloirs du pouvoir ces jours-ci. Remasterisé, on l’imagine aisément en fond de conversation téléphonique entre Michel Barnier et Emmanuel Macron. La maison française est en feu et les dirigeants politiques continuent leur danse de la Saint-Guy sur un toit brûlant, entre l’attente d’une nouvelle notation de la par S&P Rating et la perspective d’envoyer des troupes en Ukraine. Sans doute cette irresponsabilité généralisée incombe-t-elle au président qui a lui-même dissous son pouvoir par sa folle dissolution. Depuis ce geste insensé, les spectateurs du théâtre politique vivent un cauchemar éveillé.

La monarchie républicaine a perdu son roi alors que tout tourne autour de cette étoile disparue. La pyramide, en théorie, repose sur la tête et il n’y a plus de tête. La couronne est tombée par terre et, pour tous les intrigants, elle est à gagner. D’où les manœuvres ridicules de ces candidats à la présidentielle qui restent en dehors du gouvernement et qui ne se soucient que de 2027. Et ce, alors que le drame se joue en 2024, peut-être demain matin.

Gladiateur, c’est au cinéma. Sur la scène publique, ce n’est qu’un combat de MMA pour nains arrogants. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se démarquent particulièrement, mais tous les autres, à leur (petit) niveau, font du désastre le rempart de leur élévation.

En effet, le cynisme s’impose, ce qui met à mal le bien commun. Au mépris de toute l’humanité et de l’intérêt national. Mélenchon et Le Pen affichent l’arrogance de deux potentats qui imaginent demain se livrer un duel pour le pouvoir sans que rien ni personne ne puisse les arrêter. Même le clan des gens raisonnables semble perdre la tête au moment où il devrait faire face au désastre des finances publiques, à la colère, aux troubles internes et à la guerre en Ukraine.

Chacun se bat pour sa clientèle électorale sur fond de menace de censure de la part du gouvernement. C’est comme si les fous avaient pris possession de l’asile et qu’il ne restait plus qu’à s’accrocher au pinceau. Car le chef du gouvernement en titre, Michel Barnier, en vient même, sous la pression de ses partisans qui ne sont pas sympathisants, à adopter un profil tellement bas qu’il avoue ne pas être le leader de la majorité.

Le Premier ministre est résigné, même si l’opinion publique souhaite l’apaisement avec lui. Il est impuissant à tout bousculer au milieu de ses mini-ministres, dont un seul existe, Bruno Retailleau. Mais ce dernier est dans le fanfaron, ce que Michel Barnier lui-même recommandait d’éviter. L’impuissance résignée règne au sein de l’exécutif. Même si entre possible et impossible il n’y a que deux lettres ajoutées, nous sommes toujours face à un abîme.

Ce pouvoir se contente d’installer des patchs sans plan budgétaire. Michel Barnier s’empresse de les supprimer dès qu’un lobby ou un chapeau à plumes de la fameuse base commune – qui n’a plus rien de commun – élève la voix. Même les ministres contestent ouvertement la première d’entre elles. Ce n’est plus un gouvernement ni une majorité, mais une pétaudière. Sauf qu’à la cour du roi Pétaud il y avait encore un souverain.

France

 
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