l’essentiel
After “De cape et de fangs” drawn by Figeacois Jean-Luc Masbou, Saint-Céréen Alain Ayroles publishes his new series “L’Ombre des Lumières” with drawing Richard Guérineau. Two teachers from Figeac provide their analysis.
Traditionnellement avec l’automne, une avalanche de bandes dessinées arrive aussi dans les bacs des libraires, dont certaines sont particulièrement attendues, comme le tome 2 de “L’Ombre des Lumières”, dessiné par Richard Guérineau, et scénarisé par Lotois de Saint-Céré, Alain Ayroles.
Un univers tantôt bourgeois, tantôt inhospitalier
Dans le premier opus, « L’Ennemi de l’humanité », on suivait les aventures d’un seigneur modeste, intrépide et sans scrupules. Manipulateur et libertin, il quittera la cour du roi de France, où ses intrigues et ses nombreuses manigances se sont retournées contre lui. À court d’argent et poursuivi par de nombreux « amis » plutôt mal intentionnés, il s’embarque pour le Québec et la nouvelle France, bien décidé à redorer son blason, tout en poursuivant sans aucune honte ses projets désastreux.
Cette série permet de suivre une superbe bande dessinée d’aventure, pleine de rebondissements et de situations cocasses dans un monde tantôt bourgeois, tantôt inhospitalier. Servi par le dessin réaliste et l’attention aux moindres détails de Richard Guérineau, on découvre une histoire passionnante qui mêle intrigues, amour et manipulations à un rythme effréné.
Pour mieux comprendre ce fameux siècle des Lumières durant lequel se déroule cette série, quoi de plus normal que de demander à deux professeurs du collège Masbou, à Figeac, d’analyser cette bande dessinée. Julie Fau, professeur de français, et Géraldine Gellis, professeur d’arts plastiques, qui ont apprécié les deux volumes pour des raisons différentes, ont volontiers participé à l’exercice.
« L’auteur maîtrise le contexte et les enjeux du XVIIIe siècle »
Pour Julie Fau, « l’auteur maîtrise le contexte et les enjeux du XVIIIe siècle. Elle évoque de nombreux domaines ou thèmes très variés, chers au siècle des Lumières comme la philosophie, le libre arbitre, l’esclavage, le libertinage, les salons, les sciences, les voyages… Ainsi, cette bande dessinée est un outil intéressant de transmission des connaissances sur l’époque.
« Cette bande dessinée, destinée à un public adulte en raison de scènes de libertinage, multiplie les références à des œuvres picturales ou littéraires de l’époque, d’auteurs comme Jean-Honoré Fragonard, Quentin Latour, Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Choderlos de Laclos. Ces clins d’œil sont agréables à deviner pour le lecteur averti. Il nécessite donc au moins une seconde lecture. D’autant qu’on a plaisir à découvrir de belles planches, très soignées, avec plein de détails, qui méritent un arrêt prolongé. », répond Géraldine Gellis.
Une aventure chevaleresque et débridée
Julie Fau revient sur la narration, originale et très structurée : « Il existe deux types de textes qui se complètent voire s’éclairent : un échange épistolaire et les dialogues des personnages. Les écrits sont denses et intéressants ce qui peut nous faire « oublier » les images. Concernant le style, l’auteur imite les méthodes et le langage du XVIIIe siècle, dès la première page. En effet, il y a un « avertissement de l’éditeur » informant le lecteur qu’il s’agit d’une correspondance trouvée. Utilisé notamment par Marivaux, ce procédé attise la curiosité du lecteur pour le mystère et l’entraîne dans un univers fictionnel.
Après « De cape et de crocs » et « Les Indes fourbes », Alain Ayroles confirme qu’il est l’un des meilleurs scénaristes de la bande dessinée actuelle. Sur fond d’histoire de France au XVIIIe siècle, et à travers un héros antipathique et souvent repoussant, il peint une aventure chevaleresque et débridée que l’on suit avec un certain intérêt. Du grand art.
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