Une étude récente publiée par l’INSEE révèle que de plus en plus de travailleurs de Bourgogne-Franche-Comté traversent la frontière suisse pour trouver un emploi. Des heures passées sur la route et dans les embouteillages pour travailler toujours plus loin, en échange de meilleures conditions salariales.
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Les images parlent d’elles-mêmes : plusieurs kilomètres de bouchons filmés de nuit, formant deux veines de lumière à la frontière entre le Haut-Doubs et la Suisse. Une photo qui impressionne, certains pourraient même y voir de la beauté, si la photo n’était pas un problème quotidien pour les frontaliers. Loin d’être exceptionnelle, la situation captée par drone mardi 26 novembre est intrinsèquement liée au nombre croissant de Bourguignons de Franche-Comté qui traversent la frontière matin et soir pour se rendre sur leur lieu de travail.
Chaque jour, 48’000 travailleurs de la région traversent la frontière suisse pour se rendre au travail. Un nombre qui a augmenté de 50 % entre 2010 et 2021.
Une étude de l’Insee, publiée fin novembre, abordait ce phénomène avec un constat : l’augmentation des distances parcourues par les frontaliers en Bourgogne-Franche-Comté au cours des dix dernières années.
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Malgré l’utilisation du terme « travailleur frontalier », les travailleurs de Bourgogne-Franche-Comté parcourent chaque jour plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail. Et la distance entre leur domicile et leur bureau ne fait qu’augmenter : en 11 ans, le trajet moyen s’est allongé de 4 km et 31 % des déplacements font plus de 50 km, contre 24 en 2010. Les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté doivent Parcourent en moyenne 22 km en Suisse pour se rendre au travail, soit deux fois plus que les frontaliers d’Auvergne-Rhône-Alpes et du Grand Est.
“Cet éloignement des pôles d’emploi suisses peut expliquer pourquoi peu de frontaliers de nationalité suisse résident en Bourgogne-Franche-Comté.», précise l’Insee.
C’est pourquoi la majorité des travailleurs résident dans le territoire de Pontarlier (Haut-Doubs), où le nombre de frontaliers a fortement augmenté : +6 900 entre 2010 et 2021 ! On trouve également de nombreux autres frontaliers dans les zones d’emploi de Saint-Claude (Jura), Montbéliard (Doubs) et Belfort.
Cette forte concentration de population dans quelques zones très ciblées provoque et explique les embouteillages évoqués ci-dessus. Surtout, les points de passage vers la Suisse sont peu nombreux : les montagnes suisses nécessitent que les bâtiments soient repliés au relief, ce qui empêche donc la construction de nouvelles routes asphaltées. Le flux de frontaliers transitant par la commune de Villers-le-Lac, dans la zone d’emploi de Pontarlier, a atteint 8 300 individus quotidiennement en 2021, contre 6 100 en 2010. Plus au sud, le flux quotidien était de 7 600 au Col de Jougne. , contre 4 500 auparavant.
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L’une des raisons évoquées par l’institut de statistique pour expliquer l’augmentation du nombre de frontaliers est tout simplement salariale : «Le marché du travail suisse est dynamique, avec une forte demande de main d’œuvre en raison du vieillissement de sa main d’œuvre. Il permet aux frontaliers de bénéficier de salaires élevés.«Ces rémunérations sont encore plus attractives avec la hausse du prix du franc suisse par rapport à l’euro, qui a bondi de plus de 20% entre 2010 et 2021.
Une deuxième cause peut être avancée pour expliquer cette augmentation : plus d’un frontalier sur deux travaille dans l’industrie et trouve donc avantageux de s’installer en Suisse, où se trouvent de nombreuses entreprises horlogères. Les habitants de Bourgogne-Franche-Comté travaillant chez nos voisins suisses sont donc pour moitié ouvriers, et très souvent qualifiés, contre moins d’un tiers dans d’autres régions frontalières de la Suisse comme l’Auvergne-Rhône-Alpes ou le Grand Est.
Voiture, pots d’échappement, embouteillages… Evidemment, l’empreinte carbone de tous ces déplacements pèse sur l’environnement. D’autant que 97% des frontaliers de la région utilisent leur voiture pour se rendre en Suisse. Une fois de plus, la topographie montagneuse de nos voisins n’est pas favorable aux transports en commun ou aux mobilités douces, très sous-développés, selon l’Insee.
Au total, les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté émettraient donc chaque année plus de 2,1 tonnes équivalent CO2. Un bilan écologique qui s’annonce sombre et qui risque de s’aggraver avec la hausse continue du nombre de travailleurs frontaliers dans les années à venir.
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