Le début de match aurait pu s’ouvrir avec ce petit rappel. La Touraine et la Bretagne ont écrit ensemble de très belles pages d’histoire, grande et petite. Sans le mariage de la duchesse Anne avec le roi Charles VIII à Langeais par exemple, la Bretagne n’aurait probablement pas été rattachée à la France. C’est au Château d’Amboise que ce même Charles VIII mourut en se cognant la tête contre le linteau en pierre d’une porte.
Sept siècles plus tard, c’est encore à Amboise que les Bretons du FC Lorient – surnommés « les Merlus » – affrontaient l’équipe première de l’US Monnaie, lors du huitième tour de la Coupe de France de Football, samedi 30 novembre 2024. Et parmi les 3 200 spectateurs présents, certains ont même affiché leur double « nationalité ». A commencer par le maire de la Monnaie, Jacques Lemaire, Breton en passant par son épouse. Ou Maxime qui avait fièrement hissé un gigantesque drapeau breton (le Gwenn ha Du) : « Je suis né à Hennebont (Morbihan) mais je vis et travaille à Amboise. » Yohann Lancien, qui a longtemps vécu à Quimperlé (Finistère), a fait le déplacement pour soutenir son frère Christophe, l’attaquant de l’équipe de Modène.
« Un énorme événement pour nous »
La supériorité physique et technique de Lorient (en Ligue 2), vainqueur 5 à 0, a donc stoppé la superbe progression des joueurs locaux qui évoluent quatre échelons en dessous. Mais quelle belle aventure ce fut. Deux cents bénévoles du club de la Monnaie se sont mobilisés autour de son équipe.
Mélanie est arrivée au stade Georges-Boulogne à 2h30 pour transformer 600 kg de pommes de terre en frites. Responsable des trois buvettes, à la mi-temps elle donnait une petite idée des quantités apportées pour réchauffer le public : 2 500 merguez et autant de saucisses, mille baguettes, 64 fûts de bière de 30 litres chacun, 150 litres de vin chaud. «C’est un événement énorme pour nous. Nous n’avons jamais vécu cela auparavant ! “, a-t-elle souligné. A la fin du match, il ne restait plus une seule frite à manger !
Delphine, maman de deux joueurs âgés de 17 et 15 ans, témoigne de l’immense ferveur qui a régné tout au long de la semaine précédant le match : «Nous avions des réunions tous les soirs. Il a fallu faire demi-tour en seulement deux semaines, sachant que nous étions face à Lorient. » Le maire de la Monnaie, présent dans les tribunes, affichait un large sourire : «Nous brillons comme jamais auparavant. En début d’année, le club s’est vu offrir un terrain de football synthétique, jouable par tous les temps. Je salue l’engagement des bénévoles et je remercie mon collègue maire d’Amboise d’avoir accueilli cette belle fête. »
Brice Ravier, dont l’agenda comprenait 7 épreuves officielles samedi (1), lui renvoie la balle. « Cette fête du football est le fruit d’une entente cordiale entre la Monnaie et Amboise. J’ai immédiatement dit banco. Amboise a accueilli par le passé les championnats de football féminin U17. Nous avons donc un certain savoir-faire ! »
Après le match et malgré la défaite, on discutait encore, au sein de l’US Monnaie, de l’idée de prolonger ce beau parcours en Coupe de France par une soirée amicale. En breton, cela se traduit par « fest-noz ».
(1) Outre le match, Amboise a accueilli l’assemblée générale du Souvenir français, la cérémonie de la Sainte-Barbe, l’inauguration de Noël au château, le Téléthon, le lancement des illuminations et la grande déambulation dans le centre-ville.
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