Cela fait plus de cinq mois que le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson, est incarcéré à la prison de Nuuk, la capitale du Groenland. Cinq mois que le défenseur américano-canadien des baleines, âgé de 73 ans, attend d’être déterminé sur son sort : sera-t-il extradé vers le Japon, où il risque jusqu’à quinze ans de prison, pour avoir participé à une opération anti-baleine contre un Japonais. baleinier dans les eaux de l’Antarctique en 2010, provoquant « dommages et blessures »selon le mandat d’arrêt international émis par Tokyo contre lui en 2012 ; ou sera-t-il autorisé à rejoindre sa femme et leurs deux enfants en France, où il envisage de demander l’asile politique ?
Le Danemark semble hésiter à se décider, tiraillé entre les demandes du Japon et de la France – le 23 juillet, l’Elysée a annoncé que le président Emmanuel Macron suivait “la situation de près” et était “intervenu auprès des autorités danoises” pour éviter l’extradition de M. Watson. Elle est également soumise à la pression des ONG environnementales, ainsi qu’à celle de ses territoires autonomes, les îles Féroé notamment, qui chassent les baleines et n’apprécient pas les activités de Sea Shepherd. A Copenhague, le ministre de la Justice, Peter Hummelgaard (social-démocrate), n’a toujours pas précisé quand il compte rendre sa décision.
En attendant, Paul Watson est de nouveau convoqué le 2 décembre devant le tribunal du Groenland qui doit se prononcer sur son maintien en détention provisoire. Il s’agit de la sixième audience depuis son arrestation le 21 juillet dans le port de Nuuk, où son bateau, le Jean-Paul-DeJoriaétait venu faire le plein, avant de mettre le cap sur le Pacifique Nord, pour une nouvelle opération contre un baleinier japonais.
Examinez les faits en détail
Le 13 novembre, le juge chargé de l’affaire a exhorté le ministre de la Justice à prendre une décision rapidement. Les défenseurs du militant ont fait appel devant la Cour suprême danoise : ils estiment que sa période de détention provisoire n’aurait pas dû excéder deux ou trois mois, « qui est la peine maximale à laquelle Paul Watson serait confronté au Groenland s’il était reconnu coupable d’agression »estime l’avocat Jonas Christoffersen.
Le fait que la décision du ministre de la Justice ait été retardée ne surprend cependant pas M. Christoffersen. « Cela tient à la nature même de la procédure, qui est strictement légale. Même si c’est le ministre de la Justice qui prend la décision, celle-ci doit être régie par la loi sur l’extradition, sachant qu’elle peut ensuite être contestée devant les tribunaux »il explique. Avant de formuler leur recommandation, les responsables du ministère doivent examiner en détail les faits reprochés à M. Watson et évaluer s’ils sont répréhensibles au regard de la loi groenlandaise, “ce qui prend du temps”note l’avocat.
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