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Ce n’est pas tous les jours qu’on visite une telle entreprise. A l’occasion de l’inauguration de leur nouveau laboratoire pyrotechnique, Thiot Ingénierie, entreprise spécialisée dans la physique des chocs à Puybrun, a ouvert ses portes. Rapport.
Qui aurait pu soupçonner qu’une entreprise à la pointe de la technologie et de l’innovation se cacherait dans le Lot ? Mais c’est à Puybrun que, depuis plus de trente ans, Thiot Ingénierie ne cesse de se développer. Un grand bâtiment rouge en bord de route qui abrite de nombreuses prouesses technologiques. Cette société est spécialisée dans la physique des chocs et dispose d’un laboratoire de recherche et d’essais inégalé au monde. Elle s’est hissée au rang des leaders mondiaux dans la fabrication d’équipements destinés à l’étude du comportement des matériaux soumis à des vitesses de déformation élevées.
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Ce jeudi, Patrick Thiot, ancien ingénieur au CEA de Gramat et fondateur de l’entreprise, a ouvert les portes de son entreprise pour une visite exceptionnelle, le tout à l’occasion de l’inauguration de leur nouveau laboratoire pyrotechnique, Poséidon. Cette dernière permettra d’étudier les interactions entre structures et matériaux explosifs. Par exemple, mesurer les effets des attaques sur les bâtiments. Une grande avancée pour le laboratoire qui se concentrait auparavant sur les matériaux inertes (non explosifs). « Je suis fier de nos progrès techniques et scientifiques, et cela va continuer pendant les trente prochaines années », sourit le président.
Débris spatiaux : une vraie préoccupation
Pour commencer, une petite visite du nouveau laboratoire dont les premiers tests auront lieu à la fin du premier trimestre 2025. Interdiction de prendre des photos et des vidéos : c’est toujours confidentiel. Mais que les habitants de Lot se rassurent : la sécurité est assurée. « Le clocher de l’église restera en place ! », s’amuse Patrick Thiot.
Direction Hermès, installé au premier étage de l’immeuble. Toutes les machines de l’entreprise portent le nom d’une divinité grecque. « C’est une tradition », commente le fondateur. Lorsqu’on entre dans la pièce, on se retrouve face à une imposante construction grise. Il s’agit d’un lanceur de gaz à deux étages. Il permet de tester le comportement de certains matériaux et structures à des vitesses d’impact très élevées. Il est même le plus performant de sa catégorie : il démarre à plus de 38 000 km/h. Cette machine est notamment utilisée pour tous les débris spatiaux. « C’est un vrai problème qui inquiète les autorités. Par exemple, lorsque deux satellites entrent en collision, cela crée des débris. Et ceux-ci peuvent, encore une fois, entrer en collision avec autre chose. Il y a des risques et il faut pouvoir les mesurer. Les vitesses en orbite sont de cet ordre », affirme un ingénieur. Et pour cela, il faut d’abord mesurer les impacts. Dans une vitrine à l’entrée de la pièce se trouve une construction à plusieurs étages composée de plaques très fines. « Quand nous pensons à arrêter les débris spatiaux, nous pensons que nous avons besoin de beaucoup de matériel, de quelque chose de compact. Alors que c’est le plus efficace, quelque chose de bien aéré», poursuit l’ingénieur. Et à côté trône une figurine d’Arnold Schwarzenegger, qui n’a visiblement pas apprécié un des tests de l’entreprise… Outre le spatial, Thiot Ingénierie travaille également avec les secteurs de l’aéronautique et de la défense.
800 clichés chaque année
Retournez au rez-de-chaussée du laboratoire. Et là, une statistique surprenante : un canon de canon (pour chars militaires notamment) sur deux dans le monde passait par une machine inventée par la société du Lot. « Le but d’un canon est de faire le plus de dégâts possible tout en restant le plus loin possible de l’ennemi. On peut toucher une cible à 40 kilomètres avec un obus de 40 kg. De là, vous pourrez rejoindre Aurillac ou Tulle ! », explique l’ingénieur. Ceci est possible grâce à la machine d’autofrettage conçue par Thiot : son but est de soumettre le tube à une pression énorme pour être sûr qu’il ne se déforme pas et n’explose pas ensuite.
Les tests réalisés par Thiot sont assez coûteux. L’entreprise peut réaliser certaines simulations numériques. Cela permet d’éviter d’avoir à payer de l’argent pour un test. « Quand vous en créez un, vous ne pouvez pas vous tromper. Il y a toujours une étude de faisabilité avant de passer au test client », raconte Claire qui nous reçoit en salle de contrôle des commandes. C’est depuis cet espace que sont commandés les tests. « Tout le monde est là. Les zones sont fermées, et nous disposons de feux clignotants pour le signaler, ainsi que d’une alarme sonore, notamment pour avertir les bureaux, car les tests peuvent parfois faire un peu de bruit. » Un élément confirmé par le maire de Puybrun, qui habite à proximité et qui entend parfois des bruits sourds. En moyenne, sur un an, 800 tirs sont réalisés. « On peut en faire jusqu’à six par jour quand l’objectif n’est pas trop compliqué à mettre en place. La dernière fois, on a mis trois semaines pour tester », poursuit Valérie.
La visite se termine par les lanceurs Thor et Titan, ainsi que la « casemate ». La plupart des tirs sont effectués dans des chambres de détonation confinées, mais parfois ils sont effectués dans cette salle adaptée. Cela permet de tester des éléments plus grands, comme un cockpit d’hélicoptère. « Le quartier s’adapte à la demande des clients. On ne se prive pas grand-chose», sourit le fondateur. Une fois les lieux visités, retournez dehors. En face, un terrain vague. «C’est le nôtre. Dans les années à venir, nous souhaiterions y déplacer quelques machines pour agrandir notre laboratoire », confie Patrick Thiot. De quoi faire briller l’ingénierie lotoise.
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