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Massacre de Thiaroye, reconnaissance et zones grises

Dans le récit officiel, il s’agissait jusqu’à présent d’un « répression sanglante « . Depuis jeudi 28 novembre, c’est un « massacre « . La a profité du 80e anniversaire, ce dimanche 1er décembre, du massacre de Thiaroye, ville voisine de Dakar où des dizaines de tirailleurs sénégalais ont péri sous le feu de l’armée coloniale en 1944, pour assumer enfin son entière responsabilité dans cette fondation. tragédie dans la mémoire collective du Sénégal.

“J’ai reçu (…) du président Emmanuel Macron une lettre dans laquelle il reconnaît qu’il s’agissait d’un massacre, très clairement, sans ambiguïté sur les termes”a assuré le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, dans un entretien à l’AFP. La fin de huit décennies de déni.

Débat sur le bilan des morts

Démobilisé et rapatrié après avoir été fait prisonnier en Allemagne, le «Les « combattants d’outre-mer » réclamaient leur solde sur l’esplanade de leur camp militaire lorsque, le 1er décembre 1944, l’armée coloniale les mitrailla. Évaluation? Trente-cinq morts et autant de blessés, selon les autorités françaises. Des chiffres officiels qui font encore débat, comme de nombreux pans de ce récit édifiant sur lequel des députés français, issus de sept groupes politiques, ont demandé, mardi 26 novembre, l’ouverture d’une enquête parlementaire.

“Des zones d’ombre subsistent, notamment sur le nombre de victimes”explique l’historienne Armelle Mabon, qui a passé les vingt dernières années à fouiller les archives et qui vient de publier un livre d’investigation au titre éloquent : Le massacre de Thiaroye, l’histoire d’un mensonge d’État (Le passager clandestin, 269 p., 22 €). « Un véritable complot a été (…) mis en œuvre pour dissimuler le nombre de victimes et faire croire à une rébellion armée »assure le chercheur, qui estime le nombre de décès « entre 300 et 400 ».

Fosses communes

Au cours d’un patient travail auprès de sources multiples au Sénégal, en France (notamment le service historique de l’Armée, celui de la défense, les Archives nationales d’outre-mer, ceux de la justice militaire) et jusqu’au Royaume-Uni (le Circassienle navire qui rapatriait les tirailleurs, battait pavillon britannique), Armelle Mabon se heurtait à certaines contradictions qui témoignent à ses yeux d’une intention de falsifier la réalité. A savoir, selon elle, le “préméditation” d’un « opération de fusillade pour faire taire ceux qui réclamaient leur dû ». Parmi ses arguments, le creusement de charniers avant le 1er décembre, dont la localisation reste à établir.

Mais la France a longtemps nié ce scénario, préférant évoquer la répression d’une rébellion. Une version officielle qui permet de minimiser les responsabilités et de protéger l’image de l’armée. Le discours officiel a néanmoins commencé à évoluer il y a une quinzaine d’années. En 2012, François Hollande parlait de « répression sanglante « . Cet été, six des tirailleurs tués ont été déclarés « morts pour la France ».

Six « morts pour la France »

Une démarche symbolique mais discutable – les victimes sont mortes « par la France » plutôt que « pour » elle – et limitée au regard du nombre de morts – qu’il faut pouvoir identifier, ce qui explique en partie que six d’entre elles seulement ont bénéficié de cette mesure posthume. hommage. Cependant, cela ouvre la voie à une étape suivante.

« Reconnaître que nous avons perpétré un massacre doit avoir pour effet de réparer les dégâtsa indiqué le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye. Sans vouloir se livrer à une surenchère, nous pensons que c’est ce qui devrait suivre naturellement. » Une demande d’excuses qui contraste avec la réserve habituelle des autorités sénégalaises, soucieuses jusqu’ici de préserver leurs relations avec l’ancienne métropole. Et qui confirme l’ouverture d’un nouveau chapitre pour l’histoire du massacre de Thiaroye.

 
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