Il était pour le moins inhabituel d’entendre la première chaîne de télévision marocaine prononcer le nom de Mohamed Saad Berrada alors que les images de la réception par Mohammed VI, au palais royal de Rabat, des nouveaux membres du gouvernement étaient diffusées mercredi octobre. 24. . En se dirigeant vers le souverain debout dans la salle du trône, le nouveau ministre de l’Éducation inclina plusieurs fois la tête, le visage tendu, avant d’embrasser le bras droit du monarque.
A son poste, M. Berrada présente un profil peu orthodoxe : c’est un homme d’affaires qui a bâti sa fortune dans la confiserie et la chocolaterie. Le très sérieux journal en ligne Médias24 le désigne comme « la grande énigme de la refonte ». Ni élu ni haut fonctionnaire, sans expérience des affaires publiques et n’ayant jamais enseigné, rien dans son parcours ne le destinait à son nouveau poste. Sauf que ce personnage méconnu est un ami proche du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. “Les deux se connaissent depuis les années 1980”glisse le directeur d’une grande entreprise.
Mais les journaux se sont surtout concentrés sur le siège qu’occupe M. Berrada depuis 2019 au conseil d’administration de la société Afriquia Gaz, filiale de la holding Akwa, détenue majoritairement par la famille Akhannouch. Car le remaniement a mis en lumière les liens que le conglomérat, actif dans l’énergie, le tourisme et les médias, entretient avec une partie de la classe dirigeante au Maroc.
Risque de « finalités clientélistes »
Cette proximité est encore plus nette dans le cas d’Amine Tahraoui, aujourd’hui ministre de la Santé. Il a été cadre supérieur chez Akwa, travaillant même pour Salwa Akhannouch, l’épouse du milliardaire. A travers des accords de franchise, cette prêtresse des centres commerciaux a fait entrer au Maroc de grands groupes mondiaux, parmi lesquels LVMH et Inditex.
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L’irruption, à un niveau inédit au sein du gouvernement, d’anciens salariés ou de personnalités liées à ” activités ” La qualité de vie du couple se reflète encore dans la nomination de Wafaa Jemali à la tête de l’Agence nationale d’aide sociale. Passé par Akwa, il contrôle désormais plus de 2 milliards d’euros d’aide aux plus vulnérables.
« L’agence bénéficie à quatre millions de foyers, son rôle est donc stratégique. Mais à moins de deux ans des prochaines élections législatives, le risque que cette organisation soit dirigée à des fins clientélistes est grand »observe le politologue Mohamed Madani. « Compte tenu de cette échéance électorale, il continue, le chef du gouvernement a sans doute plus besoin de gens fidèles que de gens compétents. »
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