C’est le grand paradoxe de cet Auvergnat taciturne de 55 ans, qui dirige le deuxième groupe de restauration commerciale en France derrière le géant McDonald’s. Il fuit les projecteurs et n’accepte que peu de prises de parole, et pourtant il a donné son nom à son entreprise devenue incontournable dans le secteur avec ses marques ultra-populaires: Burger King, Léon, Hippopotamus, Au Bureau, Pitaya, Volfoni, Angelina, Plisson et les grandes brasseries parisiennes Lipp, Procope, Au Pied de Cochon, L’Alsace, La Coupole… « Nous avons les plus belles marques du marché »se réjouit Olivier Bertrand, installé dans son bureau panoramique, au sommet de l’immeuble de huit étages qui abrite son siège à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
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Le Groupe Bertrand ouvre 175 nouveaux restaurants par an et emploie 40 000 personnes dans ses différentes succursales, qui portent toutes le nom du patron sans fausse pudeur : Bertrand Franchise, Bertrand Hospitalité, Bertrand Retail, Bertrand Concessions, Bertrand Immobilier, etc. « Je déteste m’exposer, mais quand il y a des sujets d’actualité ou des annonces fortes, je sais sortir de ma coquille, il confie. Et si le groupe est à mon nom, c’est justement parce qu’il m’a toujours porté chance. »
L’un des premiers franchiseurs en France
Pour une fois, son gros projet du moment est à la campagne. « Nous avons acquis un domaine de 60 hectares à une heure de Paris, près de Fontainebleau : le Domaine de Nonvillerévèle-t-il. Nous sommes en train d’y créer un restaurant autonome et une ferme moderne qui fournira des fruits et légumes à nos restaurants. » Un vignoble a été planté sur 8 hectares. « Le climat francilien permettra de produire un excellent vin blanc, en appellation Vin de France. » De quoi affirmer ses valeurs environnementales. « Ce sera un hôtel avec des chambres au château et des éco-lodges où les familles viendront passer le week-end »annonce Olivier Bertrand. Un retour à la nature pour le roi du burger, qui, après en avoir beaucoup dévoré, montre une grande soif de sérénité.
Il bâtit son empire en moins de vingt ans grâce à des acquisitions rapides (Groupe Flo, Frères Blanc, Quick). Le mois dernier, il a de nouveau mis la main sur le Fruit Paradise… A ses débuts, on le comparait à ses aînés aveyronnais, les frères Costes, qui formaient un groupe de restaurants branchés dans les années 1980. Mais il les a aujourd’hui largement dépassés, sans se contenter de rester le roi de la brasserie parisienne, puisqu’il est devenu l’un des premiers franchiseurs en France.
« Entité cordiale anti-McDo »
Avare de données chiffrées, il confie néanmoins qu’il envisage “3,35 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, dont 2 milliards avec Burger King”dont elle détient la master franchise en France et en Belgique, avec son partenaire minoritaire (23%) le fonds britannique Bridgepoint. Après le leader McDonald’s, que ses communicants aiment taquiner dans leurs messages publicitaires, il a francisé l’offre et les fournisseurs de Burger King, faisant de la France le premier marché de l’enseigne, avec le chiffre d’affaires annuel le plus élevé. restaurant.
Cette communication décalée et provocatrice n’est pas étrangère au succès de Burger King en France. Dernière audace destinée à titiller la suprématie de McDonald’s, Olivier Bertrand a donné carte blanche à ses équipes pour nouer une alliance opportune avec KFC. Cet « accord cordial anti-McDo » est destiné à mieux se démarquer et challenger le leader sur ses parts de marché.
Des acquisitions éclatées
Elle réalise parallèlement 300 millions d’euros de chiffre d’affaires avec ses brasseries, ses concessions dans les musées et parcs (Versailles, Louvre, Disneyland…) et l’exploitation de boutiques Nespresso. Il a également fait le ménage et n’a pas gardé Quick, le Bistrot Romain et la Taverne de Maître Kanter. Par ailleurs, il s’est lancé dans l’hôtellerie de luxe avec six hôtels parisiens 5 étoiles (le Balzac, le Normand, le Saint-James, etc.)
Avec son impressionnant portefeuille d’enseignes proposant une gamme de menus de 9 à 150 euros, il règne souvent en maître, sans être vu, dans les centres-villes et les centres commerciaux. Car contrairement aux biens d’équipement ou à la mode, la restauration souffre certes de la hausse des coûts mais continue d’attirer la clientèle. Avec Le Paradis du Fruit (27 emplacements), elle propose une alternative saine, fraîche et végétale à fort potentiel de développement.
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Quand on lui demande comment il finance ses soudaines acquisitions, le bougnat fronce les sourcils. “Nous faisons appel aux banques, nous améliorons la rentabilité et les ventes avec un gros effort sur la qualité et l’attractivité et des implantations plus solides”, il résume. Et pour s’assurer que la dette du groupe “est à un niveau plus que raisonnable”, de quoi lui permettre de continuer ses courses. Il a plusieurs acquisitions en vue. Lesquels ? « Vous verrez. Nous avons les moyens de nos ambitions. »
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