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26% des sans-abri sont d’anciens salariés de l’ASE, les mesures tentent d’inverser la tendance

Par

Léa Pippinato

Publié le

29 novembre 2024 à 11h27

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26 % Des personnes sans abri sont passées par l’aide sociale à l’enfance, révèle une étude nationale publiée en 2019. Face à cette réalité alarmante, les associations héraultaises s’engagent pour offrir un avenir à ces jeunes souvent livrés à eux-mêmes.

Reconnu par la CAF et intégré au Code de l’action sociale et des familles, foyers pour jeunes travailleurs (FJT) proposent un cadre structurant aux jeunes de 16 à 25 ans. « L’objectif est de faciliter l’accès au logement aux jeunes actifs ou en insertion qui peinent à se loger dans des quartiers comme Montpellier, où les loyers sont très élevés. » explique Marie Convert, responsable du service Habitat Jeunes Montpellier.


Les résidences, au nombre de neuf dans la métropole montpelliéraine, comptent environ 350 logements. Ils proposent des studios avec salle de bain et cuisine individuelle, et parfois des chambres avec restauration collective, comme à la résidence Castellane. Parallèlement, Habitat Jeunes Montpellier gère également des appartements pour d’autres types d’hébergement.

Accueillir, mais aussi accompagner

Au-delà du logement, les foyers de jeunes travailleurs poursuivent un objectif socio-éducatif. Tous les quatre ans, un projet collectif est présenté à la CAF pour maintenir son approbation. Ce projet s’articule autour de l’autonomie, de l’émancipation et de la citoyenneté. « Nous insistons sur les actions collectives, car elles sont essentielles pour favoriser l’échange, l’inclusion et l’intégration », souligne Marie Convert. Les résidents participent à des activités variées : randonnées, ateliers de jardinage, sports, ateliers culinaires multiculturels, et même week-end de ski ou de camping dans les Cévennes. Ces moments collectifs brisent l’isolement et permettent aux jeunes de nouer des relations : « Cuisiner et manger ensemble est un moyen simple mais efficace de partager et de sortir de l’isolement. »

« Nous insistons sur les actions collectives, car elles sont essentielles pour promouvoir l’échange, l’inclusion et l’intégration »

Marie Convert
Responsable du service Montpellier Jeunesse Habitat
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L’accompagnement s’étend également à la gestion de la vie quotidienne. Des ateliers sont organisés pour apprendre à déclarer ses impôts, gérer un budget ou effectuer des démarches administratives. Cet accompagnement s’adresse à des jeunes qui manquent souvent de repères ou de réseau familial.

« Un toit en avant » pour les jeunes sortant de l’ASE

Les chiffres montrent la nécessité d’un accompagnement spécifique pour éviter les « sorties sèches », ces situations où les jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes à leur majorité.

Pour répondre à cette problématique, Habitat Jeunes Montpellier et l’ADEPAPE 34 ont co-construit le dispositif « Un toit en avant ». Financé par le Département et l’État, ce programme expérimental vise à proposer un hébergement temporaire en foyer pour jeunes travailleurs, combiné à un accompagnement global. « C’est une collaboration à deux têtes : Habitat Jeunes s’occupe du logement et l’ADEPAPE 34 se concentre sur l’accompagnement individuel », explique un coordinateur du projet.

Qu’est-ce que l’ADEPAPE ?

L’ADEPAPE (Association Départementale d’Entraide Mutuelle des Personnes Reçues en Protection de l’Enfance) est une association loi 1901, présente dans chaque département français, qui a pour objectif de soutenir les jeunes et anciens bénéficiaires de l’aide sociale. enfance (ASE).

Elle accompagne ces jeunes dans leur transition vers l’autonomie en leur proposant :

– Un soutien moral et social, pour les aider à affronter les défis de la vie d’adulte
– Un soutien financier ponctuel, sous forme d’aides spécifiques au logement, à la formation ou aux démarches indispensables
– Actions d’entraide et d’accompagnement personnalisé, visant à lutter contre l’isolement
– Activités et événements collectifs, favorisant l’intégration et la solidarité

Avec un financement de 47 000 euros pour 2024, ce programme accompagne les jeunes dans tous les aspects de leur insertion : logement, accès aux droits, formation, emploi et parcours de soins. « Le logement est une étape, mais l’objectif final est que ces jeunes puissent s’émanciper et se stabiliser, à leur rythme », souligne François Teste, coordinateur à l’ADEPAPE 34.

« Le logement est une étape, mais l’objectif final est que ces jeunes puissent s’émanciper et se stabiliser, à leur rythme »

François Teste
Coordinateur chez ADEPAPE 34

Les difficultés du parcours

La précarité des jeunes sortant de l’ASE résulte de plusieurs facteurs : manque de soutien familial, difficultés financières et insertion professionnelle incertaine. « Sans garant ni économies, accéder au parking privé est quasiment impossible », déplore-t-il. Cette réalité, combinée à la pénurie de logements sociaux, prolonge souvent la formation FJT au-delà des deux années théoriquement prévues. « Un contrat d’occupation d’un an, renouvelable une fois, ne suffit pas toujours », confirme Marie Convert. Les équipes travaillent donc sur des solutions intermédiaires : intermédiation locative, résidences sociales ou partenariats avec des bailleurs. Habitat Jeunes Montpellier gère également une « boutique logement jeunesse », qui conseille et oriente les jeunes vers des solutions adaptées.

Les foyers de jeunes travailleurs cultivent la diversité sociale comme valeur centrale. « Ici, un apprenti peut côtoyer un élève Bac+6 ou un ancien élève ASE », explique le chef de service à Habitat Jeunes Montpellier. Depuis son lancement il y a quatre ans, « A Roof Forward » a donné des résultats encourageants. Certains jeunes poursuivent des études supérieures, trouvent un emploi stable ou accèdent à un logement indépendant. Cependant, le suivi à long terme reste limité. « Les jeunes changent souvent de numéro, ce qui complique l’évaluation des itinéraires », concède l’intervenant.

Le financement, encore expérimental et non pérenne, constitue une autre limite : « Ce système fonctionne parce qu’on a le temps d’accompagner les jeunes. Avec un travailleur social pour 40 habitants, cela ne fonctionnerait pas. » Actuellement, seules cinq places sont disponibles en continu, loin des besoins réels. Pour pérenniser et développer ces initiatives, les associations réclament un financement stable. Ils envisagent également de développer des solutions adaptées aux autres territoires du département, comme Sept Béziers d’Or.

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