Son audition était attendue après plusieurs reports. Jaoïde Fadil, 36 ans, apparaît sur un écran devant la cour d’assises de Haute-Corse, ce jeudi 28 novembre. L’homme est libre sous bracelet électronique dans le cadre d’une peine de cinq ans de prison pour l’incendie du bar La Mise. au verre, sur le vieux port de Bastia. Regard noir, barbe bien taillée, le trentenaire veut recadrer les choses d’une voix rocailleuse : « La victime, c’est moi. Ce n’est pas lui. Le meurtrier, c’est lui.
Il s’agit de Marcel Vadella, accusé depuis mardi devant les jurés populaires, d’avoir délibérément tué Jamal Fadil et d’avoir tenté de tuer Jaoide Fadil, avec une arme à feu, le 19 décembre 2020, à Lupinu, dans les quartiers sud de Bastia.
Présenté comme proche du crime organisé par la justice, Jaoide Fadil compte à son casier judiciaire de multiples condamnations pour vol avec violence, blanchiment d’argent et escroquerie en bande organisée. Des convictions qu’il porte devant le tribunal avec une philosophie bien particulière : “Je travaille aussi, je ne suis pas qu’un voyou”dit-il en faisant référence à son activité dans le domaine de la construction.
«Je lui ai donné un coup de pied au sol. C’est normal.
Il revient aussi sur les faits en se disant “sous le choc et triste” après la mort de son frère : « Avant le 19 décembre 2020, je considérais Marcel Vadella comme un ami. Il y avait un problème avec le paiement du loyer. Que ce soit 5 000 ou 10 000 euros, on ne tue pas quelqu’un. Il y a des procédures. Sachant qu’il est issu d’une famille de policiers.
L’homme qui a été touché par deux balles le jour des faits donne sa version de la bagarre survenue la veille de la fusillade : «J’ai esquivé son coup de poing et je l’ai frappé. J’avais le dessus. Je l’ai mis à terre. C’est normal. Je me défends. Mon frère a essayé de nous séparer. “
S’il affirme que, selon lui, l’altercation était terminée à ce moment-là, il concède néanmoins que l’accusé “J’ai dû me sentir humilié.” “Il a 50 ans et il se fait frapper par un petit enfant, il explique. J’ai même proposé de régler l’affaire face à face puisqu’il m’a dit que lui et mon frère avaient été tabassés ensemble.
Selon Marcel Vadella, les frères Fadil auraient conditionné leur départ au paiement de la somme de 80 000 euros et auraient menacé d’incendier l’établissement et de l’égorger : « Les 80 000 euros, c’est une invention pour se défendre. Quant aux égorgements, je ne suis pas un djihadiste », rétorque Jaoide Fadil.
“Je ne pourrai jamais pardonner à Marcel Vadella”
Il raconte également son histoire, le jour de la mort de son frère : «Je le vois se diriger vers M. Vadella. Il parle avec lui et je tire mon frère par le bras et lui dis : ”Nous n’avons plus rien à dire à ce clochard. Allez, allons-y. Il sort son arme et nous tire dessus. Il n’y a eu aucun coup sûr. Il me tire dessus, je tombe et ensuite il tire sur mon frère. J’essaie de me relever et il se redresse sur moi. Il vient vers moi et me dit : ”Aujourd’hui c’est vous qui êtes sur le terrain”. Il pointe l’arme sur moi et une dame arrive et le pousse à s’arrêter. Cette dame m’a sauvé la vie.
Il réfute l’utilisation d’une lame par son frère Jamal : «C’est juste mentir d’essayer de se défendre. J’aurais fait pareil. Jamal a déjà été arrêté avec une arme de poing. Il ne va pas régresser jusqu’à porter une lame.
Il finit par confier ses sentiments sur cette affaire : « Mon frère était une personne gentille. Je ne pourrai jamais pardonner à Marcel Vadella. Le verdict est attendu ce vendredi 29 novembre, tard dans la soirée.
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