L’entreprise savoyarde Forestener lance la construction du réseau de chaleur de Bourgogne combinant bois et récupération de chaleur industrielle, financée et gérée avec les habitants.
À l’étude depuis le début du mandat municipal, en 2020, le projet de réseau de chaleur biomasse du Bourget-du-Lac entre en phase de construction. Les quatre dernières années ont permis de valider, auprès de l’Association savoyarde pour le développement des énergies renouvelables (Asder), la pertinence de l’installation. Et de signer, en décembre 2023, une convention de délégation de service public (DSP) d’une durée de vingt ans avec l’entreprise aixoise Forestener, pour la création et l’exploitation du réseau et d’une chaufferie bois-énergie. Le programme s’inscrit dans la politique de transition énergétique de la commune, qui met également en avant la stabilité des tarifs payés par les futurs abonnés.
4,5 : c’est, en millions d’euros, le montant de l’investissement réalisé par Chaleursshared du Bourget-du-Lac. Il est subventionné à hauteur de 2,2 millions par le fonds « chaleur » de l’État et les certificats d’économie d’énergie. Alors que sa durée de vie est estimée à 50 ans, elle reviendra à la commune au bout de vingt ans (sa durée d’amortissement).
Un système innovant
Situé à proximité La Traverséechez Savoie Technolac, la chaufferie biomasse sera composée de quatre chaudières représentant une puissance de 1 350 kW. Il aura l’originalité de récupérer gracieusement la chaleur perdue générée par l’activité de la minoterie voisine de Degrange et de la réinjecter dans le réseau. Cette synergie industrielle couvrira 10 à 15 % des besoins annuels et permettra même d’arrêter les chaudières à bois en été.
Les 85 à 90 % des besoins restants seront couverts par des plaquettes forestières produites dans un rayon de moins de 40 km et livrées par deux entreprises implantées l’une à Sonnaz (73), l’autre à Chimilin (38). ” Ce double approvisionnement constitue une sécurité mais notre objectif est d’augmenter la capacité de la petite entreprise de Sonnaz, beaucoup plus proche physiquement », note Christophe Nicorisi, conseiller municipal chargé des énergies renouvelables. Parallèlement, la municipalité envisage de développer ses propres ressources forestières.
Implication citoyenne
Autre innovation du projet : son caractère citoyen. Afin de permettre une réelle implication des résidents, la gestion du réseau sera assurée par Chaleurspartagé du Bourget-du-Lac. Cette société par actions simplifiée, fondée en juillet 2024 à Chambéry, est détenue à parts égales (20 % chacune) par Forestener, la commune, Savoie EnR, Énergieshared Investissement et la centrale villageoise Eau et soleil du lac. « Cette dernière permet également aux habitants et citoyens qui le souhaitent de devenir co-investisseurs. » précise Eddy Chinal, le fondateur et directeur de Forestener.
300 foyers desservis
Long de 3,5 km et suivant un tracé optimisé, le réseau desservira plus de 300 logements (copropriétés et logements sociaux), des bâtiments communaux et, à terme, tous les établissements communaux du centre-ville, le Crous, le projet Triangle sud de Cristal Habitat et des développements futurs (dont 76 logements prévus en 2026)Domaine de Buttet.
Des diagnostics routiers ont été réalisés en amont afin d’optimiser les travaux, lancés en octobre et réalisés par tranche de 200 mètres maximum pour limiter les nuisances. Le réseau, qui effectuera ses premières connexions en avril prochain, sera pleinement opérationnel à l’automne 2025. Il ne sera pas extensible mais, à puissance équivalente, il pourra absorber de nouveaux abonnés dans le futur, grâce à l’amélioration progressive énergétique des bâtiments. q
Sophie Boutrelle
photo (crédit : Ville du Bourget-du-Lac) La future chaufferie sera située à côté de La Traverse, à Savoie Technolac.
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