Par
Juliette Cardinale
Publié le
28 novembre 2024 à 6h32
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Ils avaient d’abord reçu une lettre les avertissant d’une « légère augmentation plafonnée par le bouclier tarifaire ». Enfin, le prix du gaz augmenté de 130% début 2023 pour les résidents de la résidence sociale Jolibois à La Teste-de-Buch en Gironde. Et la facture de régularisation reçue en novembre 2024 s’élève à plusieurs centaines d’euros.
Des augmentations « exorbitantes »
Sur les 201 logements de la résidence, de nombreux résidents ont reçu « un énorme déclaration des charges » en fin d’année, explique Victoire*, une des pensionnaires. Ce relevé est la régularisation de la consommation réelle pour l’année 2023 par rapport aux provisions pour charges, et pour certains la somme atteint 800 euros.
En fait, le problème remonte à l’explosion des prix de l’énergie fin 2021. « En novembre 2022, nous avons reçu une lettre nous informant que le bouclier tarifaire mises en place par le gouvernement seraient appliquées et que l’augmentation de nos coûts ne dépasserait pas 15 % », relate Victoire.
Mais la mauvaise surprise arrive vite : « En décembre et janvier, les retenues et les versements sur les loyers ont diminué. Et nous avons subi un forte augmentation, mettant certains locataires dans le rouge, car nous n’avions pas été prévenus. »
Les représentants des locataires ont alors demandé des explications et la réponse les a laissés sans voix : « On nous a dit que cette lettre était une erreur d’envoi, que nous n’aurions pas je n’aurais pas dû le recevoir,” explique le locataire.
Domofrance explique en effet la hausse des prix dans un courrier daté de novembre 2022 (mais que les locataires affirment n’avoir reçu qu’après plusieurs demandes début 2024). « En 2022, les locataires ont bénéficié prix négociés par Domofrance, bien en dessous du bouclier tarifaire», peut-on lire dans la lettre. Le contrat fixe le prix du mégawattheure (MWh) à 18,29 euros, contre 64,9 euros avec le bouclier tarifaire en août 2022.
Mais le contrat gaz du bailleur social arrive à échéance fin 2022 et « le nouveau marché conclu à partir du 1er janvier 2023 est moins favorable compte tenu du contexte », souligne le bailleur. Ainsi, en 2023, « les prix appliqués sont les prix issus du bouclier tarifaire, plus avantageux par rapport au nouveau contrat d’achat de gaz » soit 74,6 euros.
« Lorsqu’on inclut les taxes, l’augmentation attendue de vos dépenses de chauffage pour 2023 sera de + 130% par rapport à 2022 », explique le bailleur.
Afin de ne pas appliquer la hausse d’un seul coup au 1er janvier 2023, « Domofrance, après concertation avec les associations de locataires, a décidé de mettre en œuvre le rattrapage tarifaire des manière progressive, de deux majorations de votre provision pour charges de chauffage », l’une en novembre 2022 avec une majoration de 50 %, et l’autre début 2023.
Les régularisations ont été retardées
Une augmentation des provisions pour charges a en effet eu lieu, impactant déjà les budgets des habitants. Mais le marteau tombe avec les factures de régularisation des charges.
Selon les résidents de la résidence, le rattraper les frais ont pris du retard : ils ont obtenu trois régularisations en un an et ont pu constater « une énorme augmentation ». La régularisation de 2020 a été reçue en janvier 2022, celle de 2021 en novembre 2023, celle de 2022 en mai 2024 et celle de 2023 en novembre 2024. « On dit que c’est un retard pris pendant la pandémie », rapporte Victoire (que Domofrance a confirmé à nos confrères de Sud-Ouest en juin 2023).
« Les régularisations précédentes n’ayant pas été effectuées, le bailleur n’a pas ajusté les charges au plus près de la réalité et a donc en subit », insiste Victoire. « Pour certains, on se retrouve dans une situation critique. »
Les augmentations de provisions n’ont pas suffi à absorber la flambée des prix. En conséquence, certains locataires se retrouvent avec plus 200, 500 voire 800 euros en novembre 2024.
Terrifiée lorsqu’elle reçoit le billet, Victoire épluche alors les quatre dernières régules. Lorsqu’elle calcule le prix du mètre cube de son eau chaude, elle voit 9,06 euros en 2022 devenir 17,71 euros
l’année suivante.
A 17,71 euros ce sera un luxe de se doucher avec de l’eau chaude.
Un problème douloureux et bien trop lourd à régler pour les locataires. «Je suis scandalisé par l’énorme relevé de charges 2023 demandée alors que je devais environ 80 centimes l’année précédente”, témoigne Mélissandre* à qui on demande près de 300 euros pour rattraper son retard. Vivant seule dans un appartement d’environ 30 m², elle n’imagine pas qu’une telle somme lui soit demandée.
Paiements étalés
Pour éviter de demander aux locataires de payer autant d’un coup, parfois des centaines d’euros, Domofrance indique que des retenues seront opérées par tranches de 60 euros tous les mois à partir de novembre 2024.
« Pour certains, dix euros, c’est déjà compliqué. Le pouvoir d’achat a chuté et cela ne se produit pas ne font qu’empirer la situation.Ça me fait mal au cœur », soupire Victoire. Mélissandre, par exemple, paie 320 euros de loyer. « Pendant cinq mois je vais devoir payer 60 euros de plus, soit 380 euros, vous vous rendez compte de la différence ? Mon budget est très serré, j’ai des prêts en cours. Je ne peux pas ajouter de charges supplémentaires à mon loyer actuel. »
« On se retrouve avec une régularisation exorbitante », conclut Franck*, l’un des pensionnaires. « Il devient très difficile de payer les charges. Bientôt il faudra choisir entre payer Domofrance et mange. »
*noms alias pour des raisons d’anonymat
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