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Entrevue avec Jean-Marc Hubner, président et directeur départemental des Restos du coeur – « Les donateurs ont répondu présent »

Nous, en Arrageois-Ternois, serons environ 5000 à 6000 personnes bénéficiaires. Cet été, nous avons eu 5 800 personnes inscrites, et 4 400 jusqu’à présent pour cet hiver. Nous disposons de 30 centres de distribution. Avec l’entrepôt commun de Dainville, nous livrons également les 42 centres du bassin minier. Il y a là-bas environ 14 000 à 15 000 bénéficiaires.

L’année dernière, il a légèrement diminué, de 7 %, parce que des mesures d’urgence ont été mises en place : jusqu’en 2023, il y avait un barème hiver et un barème été 30 % inférieurs. Et l’année dernière, la campagne hivernale s’est déroulée à l’échelle estivale. Nous avons donc dû refuser des gens. L’allocation alimentaire est passée de 9 à 7 pour les personnes seules et de 6 à 4 pour les familles de deux personnes ou plus. La réduction du nombre de repas était de près de 40 %. Cette année, nous restons sur cette même échelle unique. Il a été augmenté d’environ 10 %, et nous avons pris en compte les familles monoparentales qui ont un barème 10 % plus élevé que les familles « normales ». Nous prenons également en compte les personnes mal logées, c’est-à-dire les personnes hébergées gratuitement ou avec une faible contribution.

Entre inflation, salaires qui n’ont pas augmenté partout… On aurait eu une explosion du nombre d’allocataires. C’est pour cela qu’il y a eu des mesures d’urgence. Mais le cri d’alarme du président national (en septembre 2023, NDLR) a fait réagir les bailleurs de fonds : particuliers, entreprises et État. Alors cette année, le barème a été augmenté, on prend en compte les familles monoparentales et les personnes mal logées, auxquelles on ajoute un forfait. Ces personnes n’entraient pas dans l’échelle car les coûts de logement étaient inexistants ou quasi inexistants.

On passe de moins 35 millions à plus de 22 millions, ça va beaucoup mieux. Nous revenons à une situation normale, avec de nouvelles règles, notamment pour la petite enfance. Avant, nous nous occupions des enfants de 0 à 18 mois, et maintenant nous pouvons nous occuper des enfants de 0 à 36 mois. C’est à dire qu’on ajoute du lait entier pour les 12 à 36 mois, et on ajoute des fruits frais et du yaourt pour les enfants. Ceci est appliqué dès cette campagne hiver 2024. Nous allons commencer à créer des petits espaces petite enfance un peu éloignés des centres, pour permettre aux enfants de s’amuser et aux mamans de prendre un peu de temps pendant la distribution. Les bénévoles sont formés à cette activité.

S’il n’y avait pas de Restos, comment cette aide arriverait-elle aujourd’hui ? L’État ne s’en est pas totalement pris en charge, même si nous sommes aidés par l’Europe et par l’État sur certains aspects. Mais globalement, on ne peut pas dire qu’il soit normal, 40 ans après, qu’on reste sur la bonne idée de Coluche d’utiliser les invendus et les stocks et de continuer à servir le plus grand nombre.

 
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