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le match Bolbec-Caen finalement joué à Caen, chronique d’une fête populaire gâchée

Le plus grand match de l’histoire de l’US Bolbec sera délocalisé encore plus loin que prévu. A l’heure programmée ce samedi 30 novembre 2024 au stade Lucien Lécuyer de Pavilly (Seine-Maritime), au nord de Rouen, le match du 8e tour de Coupe de opposant les amateurs Seinomarines (Régional 1, soit le 6e français division) et le SM Caen se joueront enfin dans le stade professionnel de Ligue 2, ce samedi à 13h30. Une décision prise ce mercredi 27 novembre, la dernière d’une série de une organisation laborieuse qui donne un coup de fouet à la magie de la compétition et de ses rencontres entre pros et amateurs, le plus souvent dans le stade des « petits ».

«Nous sommes abasourdis», soupire l’entraîneur haut-normand Locman Cakmak. « On nous apprend que le match ne pourra pas se jouer en Seine-Maritime en raison de la rivalité entre les supporters de Caen, du Havre et de Rouen. Les autorités craignent des débordements à l’extérieur du stade. Nous en payons le prix. » Bolbec rêvait de jouer dans son stade, ce qui n’a pas été homologué. Une solution de repli avait été trouvée à Pavilly. « Les bénévoles se sont mobilisés pour faire tout le nécessaire, avec l’aide des salariés du Havre AC, habitués à organiser ce type de rencontres. Le cahier des charges fédéral est très exigeant. Nous étions prêts à mobiliser la sécurité», poursuit le sélectionneur. Plus de 300 places avaient déjà été prises et l’enthousiasme grandissait pour pourvoir les 1 400 places. La préfecture de Seine-Maritime en a décidé autrement.

Pour mieux comprendre, il faut prendre une carte et observer la proximité entre Bolbec et Le Havre, club rival du Stade Malherbe. La même crainte de débordements entre les supporters des deux clubs a été à l’origine de l’annulation du match amical entre Caen et Le Havre l’été dernier, alors que les forces de l’ordre étaient mobilisées pour les JO. En rapprochant les 8es de finale de Coupe de France de Rouen, on a agité le chiffon rouge des éventuels désordres avec les ultras rouennais, le même qui avait provoqué des restrictions de déplacements pour les supporters caennais lors des matches à Quevilly-Rouen-Métropole ces dernières saisons en Ligue. 2.

Dans le cercle des adeptes du cannabis, on assure qu’aucun fauteur de troubles n’a été signalé à Pavilly. « Nous y sommes allés en mode cool. Je n’avais rien entendu avec Rouen », même si « certains du Havre veulent nous rattraper. Il y a un risque», explique un supporter caennais. Le club professionnel a de son côté indiqué qu’il s’adaptait à la décision, sans plus de précisions.

“Nous allons essayer de leur poser des problèmes et de rendre nos supporters heureux”

Malgré ce climat, la décision des autorités suscite des interrogations, à commencer par son timing : « Pourquoi ne pas dire d’emblée qu’il fallait annuler la réunion ? », demande Locman Cakmak. Et de poursuivre : « Nous organisons France-Israël avec des milliers de policiers et nous ne sommes pas capables d’organiser un 8e tour de Coupe de France pour 1 400 spectateurs ? Lors des réunions, on sentait que la préfecture ne voulait pas mobiliser beaucoup de moyens pour un petit match. » Le sélectionneur n’épargne pas sa colère à la fédération française : « S’il n’est pas possible pour Caen de venir jouer en Seine-Maritime, comme semble nous le dire, pourquoi Caen a-t-il été mis dans la même casquette que nous ? au tirage au sort ? » Le résultat d’une répartition géographique, même si la plupart des Hauts-Normands n’étaient pas dans le même groupe pour ce tirage au sort.

Le club amateur déplore d’être laissé au dépourvu par les autorités qui imposent une lourde organisation. La désillusion de Bolbec appelle celle de Vire qui, en novembre 2022, a eu la surprise d’apprendre, 48 heures avant le match, le report de son 8e tour contre… Caen, pour un imbroglio réglementaire en tribune provisoire.

Bolbec et Caen ont donc trois jours pour organiser leur match au stade Michel d’Ornano. Le revirement officiel exempte Bolbec des frais de location de l’enceinte, et les Hauts-Normands tentent de transporter un maximum de supporters vers le Calvados. « A la préfecture, on nous a dit que Caen n’était pas loin, qu’il était facile de s’y rendre en voiture. Bolbec est une ville populaire, tout le monde n’a pas de transport et l’aller-retour coûte 50 à 60 euros”, se crispe le coach. Cinq bus, ou plus, devraient faire le déplacement. Le club espère sauver la fête en permettant à ses bénévoles de profiter d’une soirée dans un stade de 20 000 places, mais aussi à ses jeunes licenciés, qui pourraient fouler les terrains.

Sportivement, le rêve d’un exploit en a aussi pris un coup, analyse le technicien : « Chez nous, on avait peut-être une façon de les titiller, avec un public proche de la pelouse, un terrain plus petit. Cela va être très difficile. Mais nous allons essayer de leur poser des problèmes et de rendre nos supporters heureux. » Dans la coupe autoproclamée de « tous les possibles », il n’était en aucun cas possible d’offrir une fête aux Bolbecois chez eux.

 
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