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Thierry Q. condamné pour le viol d’une femme handicapée physique et mentale, à Meyrueis

Après trois jours d’audience, le tribunal correctionnel départemental de Lozère a rendu son verdict ce mercredi 27 novembre 2024.

Comme la veille et la veille, Thierry Q. arrive avec un peu d’avance au tribunal judiciaire de Mende. Il n’est pas encore 9 heures ce mercredi 27 novembre. Il gravit péniblement les marches du palais de justice, un sac sur le dos, deux autres à la main. Avant de franchir la porte d’entrée, il laisse ses affaires dehors, avec précaution, en veillant à ne pas obstruer le passage. Il effectue les contrôles de sécurité, puis entre dans la salle d’audience.

L’homme de 58 ans est jugé depuis trois jours pour le viol d’une femme handicapée, à Meyrueis, le dimanche 19 décembre 2021. Il ne le sait pas encore mais, dans quelques heures, le tribunal correctionnel départemental de Lozère le reconnaîtra. coupable des faits qui lui sont reprochés.

En ce dernier jour d’audience, il ne reste plus qu’à entendre les conclusions de Sandrine Fabre, l’avocate générale, ainsi que les plaidoiries des deux avocats de la défense, Mme.e Solène Mangin et Me Grégoire Mercier of the Béziers bar.

C’est au procureur de la République de prendre la parole en premier. « Quant aux mineurs, la notion d’abus de vulnérabilité peut également être retenue pour les personnes handicapées, a estimé l’avocat général. La coercition résulte d’une relation déséquilibrée entre l’auteur et la victime en situation de faiblesse, ou face à des propos ou des comportements susceptibles d’obtenir l’accord de la victime.

Un positionnement qui n’évolue pas

Le résident de l’Ehpad de Meyrueis, qui a eu des relations sexuelles avec l’accusé à son domicile, a souffert d’une hémorragie des glandes surrénales à la naissance. Une pathologie qui l’a plongée dans le coma. Les séquelles ont été particulièrement graves : un retard du développement cérébral, voire une hémiplégie du côté droit. Bien qu’âgée de 39 ans, elle est toujours présentée comme « un enfant de 5 ans ». Elle ne sait ni lire, ni écrire, ni compter, ni se repérer dans le temps et dans l’espace. Adeline Paoli, psychologue clinicienne, a expliqué lors des débats que “sa vulnérabilité [était] manifeste et apparent.

À chaque fois qu’il a été interrogé, Thierry Q. n’a jamais changé de position. La veille, il parlait encore de relations sexuelles consensuelles, de pénétration digitale et de tentatives de fellation. Mais jamais de pénétration pénienne. Ce qui, en ce dernier jour d’audience, agace particulièrement Sandrine Fabre. « L’accusé nie la présence de sperme (retrouvé à l’intérieur de la culotte de la victime, NDLR)comme si l’éjaculation était la ligne à ne pas franchir. Il y a aussi la présence de liquide pré-éjaculatoire dans le corps de cette femme mais, là encore, il ne reconnaît pas la pénétration pénienne comme si, pour lui, c’était le véritable marqueur du rapport sexuel.

« Témoin de moralité de dernière minute »

Les propos de l’avocat général résonnent alors dans la salle d’audience : « Il utilisait sa victime, un adulte handicapé et vulnérable, pour satisfaire son besoin sexuel. Il a ajouté du danger en ne se protégeant pas, en éjaculant, en prenant le risque de lui transmettre le VIH (sa séropositivité a été découverte en 2011, NDLR). Le psychiatre expert a conclu qu’il avait une vision égocentrique. Elle s’est encore démarquée lors des débats.

Pour Thierry Q., Sandrine Fabre requiert à terme douze ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de moitié, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire de dix ans avec, entre autres, une obligation de soins.

Pour les avocats de la défense, la tâche s’annonce très ardue. Pendant deux jours et demi, un portrait extrêmement sombre de leur client a été dressé : un homme violent, alcoolique, dangereux pour la société, un père absent, un marginal… Pourtant Me Mangin s’avance, déterminé à endosser le rôle de témoin moral de dernière minute. « L’avocat est la dernière personne qui vous reste quand il ne reste plus personne. C’est clairement le cas. » souligne-t-elle. Elle décrit ensuite un homme débrouillard, qui ne recule pas devant ses responsabilités, notamment lors de son contrôle judiciaire qu’il a respecté à la lettre, qui aide financièrement ses enfants malgré ses petits revenus… Des propos qui font pleurer l’accusé.

Douze ans de réclusion criminelle

C’est au tour de son partenaire Me Grégoire Mercier pour plaider. Il insiste sur « la présomption de contrainte morale qui n’existe pas pour les adultes handicapés, mais seulement pour les enfants » victimes de violences sexuelles. Il insiste : « La victime n’était pas un enfant de 5 ans, mais un adulte ayant une vie sexuelle connue, avec la maturité hormonale d’une femme de 36 ans. Un enfant de 5 ans ne va pas avec son copain acheter des préservatifs… Un enfant de 5 ans ne contracte pas le papillomavirus… » Il plaide l’acquittement.

Finalement, après avoir délibéré une heure et demie, le tribunal correctionnel de Lozère a condamné Thierry Q. à douze ans de réclusion criminelle et dix ans de suivi socio-judiciaire, avec traitement obligatoire. Il devra également verser à sa victime 12 000 € pour préjudice moral, et 3 000 € pour ses honoraires d’avocat. Il passera sa première nuit en prison, le soir même, à Mende.

 
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