« Un raz-de-marée » : syndicats et patronat craignent une accélération des plans sociaux dans l’industrie et la distribution, en raison des dernières annonces de suppressions d’emplois dans les industries sidérurgique et automobile, chez Michelin et Valeo notamment. Début novembre, Auchan a également annoncé un projet de plan social menace 2 389 emplois en France.
Face à cette situation, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a alerté ce mercredi, prédisant un « très forte accélération de la dégradation de la situation ». Alors qu’elle parlait début novembre de près de 200 plans sociaux et de 150 000 emplois menacés par un « Saignée industrielle violente »elle mentionne maintenant « près de 250 plans de licenciements en préparation, touchant entre 170 000 et 200 000 emplois »dans une interview dans le journal Les Echos. Le syndicat publie également une carte répertoriant les emplois perdus et actuellement menacés, sur la base de son propre recensement.
- La carte des emplois supprimés ou actuellement menacés, selon le recensement CGT
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Vers « une vague de destructions d’emplois » ?
Ce compte, produit à partir des retours d’activistesaugure des mois sombres à venir : “Ces projets se déroulent principalement dans les grandes entreprises, les restructurations risquent d’avoir des conséquences sur les petits sous-traitants, beaucoup plus nombreux”a prévenu Sophie Binet. Son homologue CFDT Marylise Léon s’est exprimée mardi « une vague de destruction d’emplois »estimation à “au moins 23 000”le nombre d’emplois touchés pour le seul mois de novembre, sur RTL.
Alexandre Saubot, président de France Industrie, concède que “l’environnement est certainement plus exigeant et plus difficile qu’il y a un an, c’est clair”. Toutefois, celle qui représente les entreprises et les organisations professionnelles du secteur industriel estime que Sophie Binet pousse un peu la barre : « Si on veut avoir un bilan global de la filière, il faut aussi parler des choses positives, il y a encore des projets qui continuent »a-t-il assuré à l’AFP.
“De nouveaux emplois sont créés dans d’autres secteurs”, tempère le gouvernement
Pour la ministre du Travail, Agnès Panosyan-Bouvet, certains changements économiques profonds « s’accélèrent grâce à la réglementation européenne ou au contexte géopolitique ». « Les impacts sont considérables. Nous devons accompagner nos entreprises et nos travailleurs dans ces changements”a-t-elle déclaré à l’AFP ce mercredi. “Il y a les grandes entreprises dont les restructurations font la Une, mais il y a aussi tous leurs sous-traitants, leurs fournisseurs”a-t-elle noté. « Il faut anticiper et préparer les compétences dont nous aurons besoin demain »elle a jugé.
Marc Ferracci, son collègue de l’Industrie, explique que la France est « dans une phase de transition : certains emplois sont détruits, c’est vrai »a-t-il admis, ajoutant que« en même temps, nous constatons que de nouveaux emplois sont créés dans d’autres secteurs »dont certaines, comme l’industrie verte, sont “croissance”. Pour l’industrie sidérurgique, il prône une réponse européenne d’urgence et présentera ce jeudi à Bruxelles les propositions de la France pour protéger le marché européen et soutenir la décarbonation.
La crainte d’une chute du gouvernement
La chute du gouvernement de Michel Barnier, menacée de censure lors de l’utilisation de 49.3provoquerait un nouveau choc susceptible de mettre en danger les entreprises et l’emploi, craint François Asselin, le président de la CPME. “Si jamais le gouvernement échoue (…) nous nous retrouverons dans la même situation qu’après la dissolution”a-t-il déclaré sur RMC, avec «des semaines et des semaines encore» devant un nouveau gouvernement « prendre le contrôle du budget »une situation « absolument pas souhaitable pour les entreprises » qui a besoin “visibilité”selon lui. Ce serait “catastrophique”il a assuré, parce que “Pendant cette période, les entreprises cessent d’investir et d’embaucher, et les faillites d’entreprises se multiplient”.
Alexandre Saubot met quant à lui en garde contre une réduction des allègements de charges envisagée par le Premier ministre Michel Barnier, qui « entraînera une augmentation du coût du travail en 2025 ».
La CGT appelle « les salariés à faire grève et à occuper leurs usines »
Pour s’opposer aux plans sociaux, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé ce mercredi « Les salariés doivent faire grève et occuper leurs usines pour éviter les licenciements »ainsi qu’une journée de mobilisations devant les usines et les préfectures le 12 décembre. “Il y a un discours extrêmement fataliste qui est entretenu”a jugé Sophie Binet, mais « la mobilisation des salariés change toujours la donne, il n’y a jamais de fatalité en matière d’emploi ». « Il n’y a rien de pire que le chômage. Derrière ces chiffres, ces 300 territoires dévastés, des vies et des familles détruites par le chômage. »elle a insisté.
Le patron de la CGT s’en est également pris à la politique de l’offre menée depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, « un naufrage politique »selon elle, ce qui appelle « de vraies déclarations générales de la filière pour tout remettre sur les rails ». « L’ensemble du programme industriel et économique doit être revu », ajoute Cyril Chabanier, président de la CFTC auprès de l’AFP, demandant notamment «un moratoire sur les aides distribuées, le remboursement des aides pour les entreprises qui ferment et qui ont été complétées par des aides publiques.
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