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Un ambulancier affirme n’avoir pas été informé des coups portés à la tête d’Abdirahman Abdi

D’après un médecin urgentiste lundi, un deuxième témoin affirme ne pas avoir été informé par la police des coups de poing qui ont été portés à la tête d’Abdirahman Abdi lors de son interpellation violente le 24 juillet 2016.

On nous a dit qu’il avait été aspergé de poivre et l’un des deux policiers l’a frappé aux jambes avec une matraque.l’ambulancier a répété plusieurs fois Alexandre Bainqui était le neuvième témoin dans cette enquête visant à faire la lumière sur la mort de l’homme de 38 ans.

Le témoignage de l’ambulancier a corroboré celui du Dr Kwadwo Kyeremanteng, le médecin urgentiste qui a soigné M. Abdi. Le médecin urgentiste a affirmé lundi avoir été informé des coups reçus par son patient par l’intermédiaire des membres de la famille de M. Abdi présents à l’hôpital.

Ambulancier depuis 2008, Alexandre Bain est arrivé sur place quelques minutes après que M. Abdi ait été menotté par la police David Weir et Daniel Montsion suite à une course-poursuite et une bagarre avec le suspect, qui est finalement décédé le lendemain.

L’ambulancier a déclaré avoir demandé à Daniel Montsion de commencer les manœuvres de réanimation.

Photo : capture d’écran

Premier policier à intervenir, David Weir est celui qui a pourchassé le suspect dans les rues d’Ottawa, l’aspergeant de poivre avant de le frapper à coups de matraque. Equipé de gants renforcés au niveau des articulations, Daniel Montsion est arrivé par la suite, frappant à plusieurs reprises le Canadien d’origine somalienne.

Alexandre Bain se souvient avoir trouvé M. Abdi sans pouls. Ses yeux étaient correctifs et n’a pas cligné des yeux. L’ambulancier a dit qu’il avait demandé au policier Montsionqui était agenouillé sur le suspect, pour lui retirer ses menottes et entamer les manœuvres de réanimation.

Le 24 juillet 2016, une poignée de citoyens ont appelé le 911 pour dénoncer le comportement erratique de M. Abdi, qui aurait touché plusieurs femmes dans un café.

Accusé d’homicide involontaire, de voies de fait graves et de voies de fait armées, Daniel Montsion a été déclaré non coupable en 2020 à l’issue d’un procès très médiatisé où il a été possible d’apprendre qu’Abdirahman Abdi souffrait sans le savoir de blocages « graves » au niveau du cœur, selon le rapport d’un pathologiste.

M. Montsionqui n’a pas témoigné à son procès, a été entendu pour la première fois lors de l’enquête du coroner la semaine dernière. Il a donné un témoignage calme et très factuel, n’ayant qu’un léger désaccord avec une avocate, Maria Stevensqui travaille pour le compte de l’enquête publique.

Madame Stevens avait demandé vendredi au policier s’il avait dit aux ambulanciers qu’il avait frappé M. Abdi à la tête. Il a immédiatement répondu par l’affirmative, ce qui a semblé surprendre l’avocat : Je vais vous suggérer que l’information selon laquelle M. Abdi a été touché à la tête n’est pas quelque chose que vous avez transmis aux ambulanciers..

L’agent Montsionqui travaille maintenant comme enquêteur pour l’Unité des armes à feu et des gangs, a répondu : je te dirais que c’est faux.

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Interrogé sur le recours à la force, Daniel Montsion a précisé lors de son témoignage le 22 novembre qu’il « répond au comportement de la personne en face de lui ». (Photo d’archives)

Photo : Lauren Foster-MacLeod

Une scène chaotique

L’arrestation du 24 juillet 2016, qui a eu lieu devant la porte de l’immeuble où vivait le suspect, a attiré l’attention des membres de la famille de M. Abdi, qui ont rapidement convergé vers le vestibule de l’immeuble, et de nombreux citoyens qui observé la scène depuis la rue ou depuis leur balcon.

C’était une scène vraiment chaotique. Il y avait beaucoup de monde. Un homme était très proche de moi. Je lui ai demandé de déménager et il ne l’a pas fait. Cela ne m’a pas empêché de faire mon travail, mais c’était une distractiona expliqué l’ambulancier dans son témoignage.

Je me souviens que des gens criaient à la police qu’ils avaient tué M. Abdi.il a ajouté.

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Dave Weir (à gauche) et Daniel Montsion tentent de menotter Abdirahman Abdi le 24 juillet 2016. (Photo d’archives)

Photo : capture d’écran

En contre-interrogatoire, Alexandre Bain a répondu aux questions d’une dizaine d’avocats ou de représentants d’une dizaine de groupes participant à l’enquête, ainsi que l’ensemble des témoins.

Au tout début, il a répondu aux questions d’un avocat de la famille du défunt, Jadden Howellà qui il a soutenu qu’en arrivant [sur place]J’ai vu la police tenir la porte [pour empêcher la famille de sortir].

L’avocat lui a alors demandé s’il avait vu la police proposer une aide médicale à M. Abdi, ce que l’ambulancier, qui avait également témoigné au procès de M. Abdi, lui a demandé. Montsiona répondu : non.

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Dans la foulée du décès du Canadien d’origine somalienne, un mouvement baptisé « Justice pour Abdirahman » a pris forme, organisant plusieurs rassemblements, notamment à Montréal, Ottawa, Toronto et Mississauga. (Photo d’archives)

Photo : La Presse Canadienne / FRED CHARTRAND

Par la suite, l’avocate des deux policiers, Vanessa Garcia, et celle du Service de police d’Ottawa, Katrina Beckersa posé plusieurs questions, soulignant la scène chaotique, qui aurait pu provoquer l’intervention des ambulanciers Alexandre Bain n’a pas vu ni entendu tout ce qui s’est passé ce jour-là du 24 juillet 2016.

L’enquête du coroner, qui a débuté le 18 novembre, doit entendre une dizaine de témoins jusqu’au 16 décembre. A l’issue de celle-ci, un jury composé de cinq personnes devra faire des recommandations pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise.

Avec les informations de Guy Quenneville, Radio-Canada Nouvelles

 
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