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Dans l’Indre, gendarmes et gardes-pêche en patrouille conjointe sur le lac d’Éguzon

Le soleil bas de novembre touche la plage du Chambon, au bord du lac d’Éguzon. L’air est glacial, le vent mordant. Deux bateaux s’apprêtent à lever l’ancre : l’un piloté par les gardes-pêche de la Fédération de pêche de l’Indre, l’autre par les gendarmes locaux. Leur mission ? Une patrouille conjointe sur « l’un des plus grands spots de pêche du département »une première officielle depuis la signature d’un accord de partenariat en septembre 2023.

A 14h30 précises, les moteurs rugissent, et les équipes se séparent. Tandis qu’un bateau se dirige vers le nord, en direction du barrage, l’autre part affronter les vagues venues du sud. A bord de ce dernier, cinq personnes, dont Mélissa, la seule policière de l’équipe. Sur le lac, le vent et le froid transpercent les vêtements, mais l’énergie reste intacte.

“On n’est pas là pour verbaliser tout le temps, mais pour sensibiliser”

Premier arrêt : deux pêcheurs en float tubes, sorte de siège flottant. « Bonjour messieurs, garde-pêche de l’Indre, pourriez-vous nous montrer votre permis de pêche ? » Le rapprochement est difficile à cause des grains, mais les contrôleurs finissent par scanner les cartes de pêche grâce à des QR codes récemment intégrés. Tout est en ordre.

Au cours des dernières années, les outils des gardes-pêche ont été modernisés. Désormais, chaque carte possède un code QR. Les policiers de la pêche et les gendarmes de la brigade communale d’Éguzon sortent leur téléphone et, grâce à une application appelée Vigipêche, scannent le document pour avoir toutes les informations sur la personne et savoir si elle est en conformité.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

Quelques minutes plus tard, à proximité du camping de Fougères, un bateau à moteur attire l’attention. Les gardes-pêche vérifient les autorisations, tandis que Mélissa vérifie le permis bateau et si la personne est inscrite au dossier des personnes recherchées. Cette collaboration, explique Patrick Maurichon, garde-pêche et pilote de hors-bord, « nous permet de compléter nos compétences. La police peut contrôler les permis de vitesse ou les permis bateau, ce que nous ne sommes pas autorisés à faire. »

Préserver pour une meilleure pêche

La patrouille ne se limite pas à traquer les infractions. « Nous ne sommes pas là pour verbaliser tout le temps, mais pour sensibiliser, dialoguer avec les pêcheurs et lutter contre les mauvaises pratiques »insiste Maurichon. Le rôle des gardes-pêche va bien au-delà du contrôle : ils veillent à la préservation des milieux aquatiques et à l’équilibre des espèces.

Arthur Brunet et Patrick Maurichon, gardes-pêche de la Fédération de pêche de l’Indre.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

Sur le lac Éguzon, célèbre pour ses poissons prédateurs comme le sandre et le brochet, la réglementation est stricte : trois poissons par jour et par pêcheur, dont deux brochets maximum. Une dizaine de personnes auront été contrôlées en une heure et demie. Aucune infraction constatée cette fois, mais les équipes restent vigilantes.

Un partenariat éprouvé

Pour Alexandre Dano, commandant de la brigade locale, cette coopération est précieuse. « Être présents ensemble est à la fois une question de sécurité pour les gardes-pêche et une manière de garantir le respect des règles sur le lac. Les gens sont souvent plus respectueux lorsqu’ils voient la police. »

Lorsque la police de l’eau arrive, tout le monde entre dans le jeu.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

Depuis la signature de l’accord, des opérations similaires ont eu lieu, mais c’est la première véritablement programmée. « Ces sorties permettent aussi d’établir une meilleure coordination. Nous partageons les informations de nos dossiers respectifs, puis nous apprenons à mieux nous connaître »ajoute le commandant.

Un moteur cassé, mais une mission réussie

La patrouille se termine près des rives de Crozant. Le bateau entame ainsi son retour vers Chambon, mais après vérification, avec “un grand verre de carburant maximum”. A dix mètres de la plage, le moteur a lâché, mais cela a suffi pour rejoindre le rivage. Le sourire reste en place : “Ça fait partie de l’aventure”plaisante Patrick Maurichon.

Cette première patrouille conjointe marque le début d’une collaboration qui va se renforcer. Deux nouvelles opérations sont prévues l’année prochaine, incluant éventuellement des voyages de nuit, où les infractions telles que la pêche illégale sur des itinéraires non autorisés sont courantes.

Pour les gardes-pêche comme pour les gendarmes, la mission est claire : faire respecter la loi tout en sensibilisant, préserver les eaux de l’Indre et ses richesses. Une tâche essentielle dans un département où la pêche est, bien plus qu’un loisir, une culture.

 
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