Ancien ingénieur forestier de l’ONF, Bernard Alméras est notamment à l’origine de la création du sentier des Capucins, au cœur du massif du Sancy dans le Puy-de-Dôme. Il sort un livre pour expliquer son approche de la sylvothérapie et du « bien-être forêt ». Entretien.
A la recherche de demain
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Embrassez les arbres. Cette technique de thérapie alternative, de plus en plus en vogue chez les citadins cherchant à « renouer avec la nature », peut faire sourire. Sauf qu’il faut dépasser l’aspect ésotérique : les bienfaits de la forêt en termes de bien-être sont étayés par des données scientifiques.
« La forêt a longtemps été considérée comme une ressource économique pouvant être exploitée à grande échelle. Depuis le siècle dernier, certains ont pris conscience de ses autres richesses comme la biodiversité, l’entretien des sols, la régulation du climat. Plus récemment, c’est son action sur notre bien-être qui a été mise en avant ».
In Puy-de-Dôme, a unique sylvatorium in France
Ingénieur forestier, Bernard Alméras a travaillé pendant plus de quarante ans à l’Office national des forêts (ONF). Sa connaissance des pratiques forestières lui a permis, avec ses équipes, d’imaginer et de mettre en œuvre plusieurs projets d’accueil du public en forêt.
Il est notamment à l’origine de la création du sentier des Capucins, au Mont-Dore, station nichée au cœur du massif du Sancy dans le Puy-de-Dôme. Un « sylvatorium » qui reste, à ce jour, unique en France.
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Comment est née cette idée ?
« La commune du Mont-Dore a souhaité mettre en place un parcours innovant. J’en ai profité pour développer un projet qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années.
Ma démarche visait à prolonger les travaux du Franc-Comtois Georges Plaisance, le premier à populariser la sylvothérapie en France jusque dans les années 1980. Pour rassurer la commune et son établissement thermal, j’ai donc effectué quelques mesures scientifiques sur le terrain. .
Qu’est-ce que la sylvothérapie ?
« C’est une pratique qui consiste à rechercher le bien-être et à se ressourcer au contact de la forêt. Elle se développe en France depuis 2015, dans le prolongement des recherches menées au Japon et aux États-Unis. Elle repose sur le constat que l’immersion par les cinq sens au cœur de la forêt procure des effets bénéfiques et thérapeutiques à l’humain.
Et si vous preniez des « bains de forêt » au Mont-Dore (Puy-de-Dôme) ?
Se promener au milieu des arbres, les embrasser, s’imprégner des odeurs des sous-bois, se laisser bercer par les bruits de la faune et de la flore ou observer les couleurs soignent l’esprit et le corps. Marcher en forêt, sous certaines conditions, entraîne une réduction du rythme cardiaque, de la tension artérielle et du niveau de stress tout en renforçant les systèmes immunitaire et respiratoire. Avec des effets positifs sur la condition physique globale et les capacités cognitives.
C’est à dire ??
« Nous nous appuyons sur des données cliniques pour mesurer les effets des huiles essentielles, de l’ionisation négative de l’air ou de la chromothérapie. Les Japonais sont plus avancés dans ce domaine et fournissent de véritables données scientifiques. Mais des études plus récentes, réalisées en Suisse ou en Franche-Comté, mettent en avant les bienfaits d’une sortie en forêt. Nous rattrapons notre retard dans ce domaine. Nous sommes des cartésiens plus tournés vers la médecine clinique que vers la prévention.
Mais la crise sanitaire a un peu changé la donne. Jusque dans les années 1980, la forêt était surtout considérée pour son aspect économique. Elle s’ouvre ensuite de plus en plus au grand public, d’abord pour les activités sportives. La demande aujourd’hui est axée sur le besoin de bien-être et d’équilibre.
Comment fonctionnent ces « spas » forestiers ?
« Pour le sylvatorium des Capucins, la première station vous invite à découvrir les odeurs et parfums de la forêt. Plus loin, la deuxième station permet d’observer les jeux d’ombres et de lumières qui varient au rythme du vent. Les verts et les jaunes sont bien plus présents que les rouges ou les bleus.
Le promeneur se dirige ensuite vers les sapins bicentenaires qu’il peut toucher, caresser, serrer dans ses bras ou simplement contempler. Il peut percevoir les vibrations transmises au tronc par le sol ou depuis la couronne. Après la méditation, place à la respiration : il est possible d’inhaler l’air pur de la forêt, particulièrement riche en ions négatifs. Ces anions sont bénéfiques à notre circulation sanguine et à notre système endocrinien. Ils sont bénéfiques pour notre bonne humeur et nos défenses immunitaires.
Enfin, la dernière station propose de profiter de la petite musique de la forêt, au rythme du chant des oiseaux, et une plateforme permet de s’adonner à des exercices de relaxation, de tai chi ou de yoga.
Cet aspect « bien-être » fonctionne dans toutes les forêts ??
« Toute promenade en forêt est bénéfique car, a minima, elle filtre la lumière, les polluants ou le bruit. Mais les huiles essentielles dépendent des espèces d’arbres. Les couleurs et les bruits varient également d’une forêt à l’autre, de sa localisation ou encore du type de feuillage. L’ionisation de l’air est sûrement le phénomène qui présente la plus grande variabilité parmi les caractéristiques mesurées.
Il reste d’importants travaux scientifiques à mener pour aller plus loin. Je continue de militer pour inciter les chercheurs à travailler sur cette question et sortir de l’oubli l’aspect hygiénique de la forêt.
Bernard Alméras published “Forêt bien-être” with Lemme Edit (100 pages, 12 euros).
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