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Syndrome de Montréal | La presse

Après les syndromes de Stockholm, de Florence et d’autres villes du monde, il est temps que Montréal ait son propre syndrome : la conophobie. C’est du moins ce que suggère un éminent psychiatre de la métropole.

Mais non, pas la phobie des idiots. Phobie du cône orange. Pas de blague.

En lisant l’article de Dr Emmanuel Stip dans un numéro spécial du magazine La santé mentale au QuébecJe me demandais si c’était un poisson d’avril de novembre. Le ton de certains passages est résolument ironique. Mais sur le fond, le psychiatre jure d’être très sérieux.

« La conophobie est un néologisme pour signifier la naissance d’un syndrome jeune lié au constat grandissant d’un mal et d’une souffrance originelle envahissant la métropole québécoise : l’angoisse par rapport à un objet clairement identifié qu’on appelle le Cône », lit-on. article révisé.

L’ancien directeur du département de psychiatrie de l’Université de Montréal dit observer de plus en plus de cas de Montréalais « stressés, anxieux » à la vue des balises routières omniprésentes dans les rues de la métropole. Il avoue lui-même avoir « perdu la tête » après avoir fait le tour de sa maison pendant 20 minutes, au volant de sa voiture, incapable de se frayer un chemin à travers une impénétrable forêt orange.

“J’ai vu des comportements de rage, de révolte”, raconte Emmanuel Stip. Sur les réseaux sociaux, des vidéos virales montraient des gens sortir de leur voiture pour lancer des cônes ! » Il s’agirait, selon le psychiatre, des « premières anomalies comportementales observables dans la population », témoignant de la souffrance et du sentiment d’impuissance d’un nombre croissant de citoyens.






“Va te faire foutre!” Et j’emmerde cette ville ! », criait un automobiliste à un signaleur en septembre, avant de donner furieusement un coup de pied dans un cône. Un an plus tôt, un autre Montréalais exaspéré avait été filmé déambulant au milieu d’une rue et jetant un paquet de cornets au bout de ses bras. De plus en plus de signaleurs disent avoir peur, et pas seulement d’être heurtés par une voiture.

Ils craignent tout autant, sinon plus, les automobilistes furieux.

Tout le monde connaît le syndrome de Stockholm, qui décrit la sympathie d’une victime envers son agresseur. Ce phénomène fait référence à un célèbre braquage de banque survenu dans la capitale suédoise en 1973, au cours duquel les otages ont fini par développer un attachement envers leurs ravisseurs. Il existe également le syndrome de Lima, qui décrit l’empathie que peut ressentir un agresseur envers sa victime.

Le syndrome de Florence, quant à lui, fait référence à l’inconfort provoqué par la contemplation des œuvres exposées au Musée des Offices. Oui, ce malaise existe bien : les gardiens du musée florentin sont même formés pour intervenir auprès des touristes qui en sont victimes, terrassés par tant de beauté.

Le syndrome de Montréal décrit un autre type d’inconfort. Un peu moins… gracieux, disons.

Néanmoins, les Montréalais entretiennent une relation amour-haine avec leurs cônes, comme s’ils avaient développé le syndrome de Stockholm envers les gros cylindres qui ont pris leur ville en otage. Pour preuve, les porte-clés, tasses et autres souvenirs à l’effigie des cornets qui sont désormais vendus aux touristes.

Les cônes sont devenus des icônes de Montréal. Ils font partie de l’identité de la métropole. D’où la pertinence de parler de « syndrome de Montréal » pour qualifier la phobie de ces marqueurs routiers, estime Emmanuel Stip.

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE ARCHIVES

Les cônes sont devenus des icônes de Montréal.

Le psychiatre avoue qu’à sa connaissance, il n’y a pas encore eu d’hospitalisation provoquée par la simple vision dantesque d’un amas de cônes obstruant une rue, souvent pendant des jours, voire des semaines, sans motif valable – une absurdité qui accentuerait le sentiment d’impuissance. de malades.

Eh bien, malade… La conophobie n’est bien sûr pas une maladie mentale reconnue. Pas encore, en tout cas. Cela dit, depuis la publication de son article, Dr Stip affirme avoir reçu plusieurs courriels de collègues qui ont observé des cas évidents de détresse des cônes.

La prochaine étape sera de réaliser des études de cas liées à ce syndrome et de les publier.

Le Dr Emmanuel Stip

Dans son article, Emmanuel Stip propose quelques « aides et remèdes pour les personnes déjà atteintes de ce mal insidieux ». Cela pourrait par exemple prendre la forme d’une journée annuelle appelée « Révolte des cônes », au cours de laquelle les habitants lanceraient les cônes de la ville en l’air (sans compromettre la sécurité routière, bien sûr).

Sinon, le psychiatre suggère (avec une pointe d’ironie, vous l’aurez compris) une musicothérapie basée sur le rythme de type « cone drum », ou encore une thérapie d’acceptation et d’engagement qui pourrait aider le conophobe à « cultiver un sentiment de richesse et d’engagement ». une vie pleine de sens, en acceptant ce qui échappe à notre contrôle ».

Personnellement, j’aime l’idée d’utiliser « des cônes comme haltères sous la supervision de kinésiologues spécialisés en santé mentale », ce qui aurait l’avantage de prévenir d’éventuelles maladies cardiovasculaires. Ou celui de « remplacer chaque cône par un arbre », un projet écologique qui réduirait la circulation en plus d’améliorer la santé mentale…

Espérons que Valérie Plante prenne des notes (ou pas).

 
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