Le commerce avec ces pays est déjà bien établi. La finalisation de l’accord permettrait de relancer ces exportations puisqu’une réduction des droits de douane de 91% est annoncée. La FEB cite quelques exemples :sur les tapis (textile), il y a 30 % de droits de douane ; sur les bières : environ 20 % ; sur les produits chimiques : 18 % ; pour certains composants automobiles : 35 %… Si nous parvenons à supprimer 91 % des droits de douane, nos produits deviennent plus compétitifs. Pour le représentant de la FEB, le Mercosur ne peut se résumer à “‘des voitures pour des vaches’, c’est bien plus que cela.» «Des voitures contre des vaches» est une image réduisant le Mercosur à un échange commercial entre voitures allemandes et viande sud-américaine.»C’est beaucoup plus multisectoriel qu’on ne le pense.
1 600 entreprises commercent déjà avec le Mercosur
En termes d’importations, l’Europe pourrait bénéficier de produits essentiels tels que «minerais, métaux rares, produits chimiques et… café. 1.600 entreprises belges commercent déjà avec les pays de ce domaine et nous voyons la possibilité de donner un coup de pouce.“
Quant au volet agricole et aux craintes clairement partagées par l’ensemble du secteur : «L’Europe ne fera aucun compromis sur la qualité. En revanche, elle ne peut influencer les conditions de production. Mais il ne faut pas caricaturer cet accord et je regrette que toute l’attention ait été portée sur l’aspect agricole.« La France, avec une diversité agricole plus large que celle de la Belgique – et de nombreuses AOP et produits à haute valeur ajoutée qui bénéficieront de la réduction des droits de douane – devrait très certainement se prononcer contre le Mercosur. Pour la FEB, « l’opposition au Mercosur permet à de nombreux dirigeants d’ignorer les vrais problèmes de l’agriculture ».Dans le mécontentement du monde agricole, il y a beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec le commerce international et le Mercosur.»
Brésil : pommes de terre, café et jus d’orange au menu de la mission économique
Le Brésil fait partie de l’accord du Mercosur. Et c’est précisément dans ce pays qu’une mission économique se déroule (du 23 au 30 novembre). Comme les patrons belges, la FEVIA (fédération de l’industrie agroalimentaire belge) soutient également l’adhésion de l’Europe à l’accord du Mercosur. Le Brésil seul est «le marché le plus important pour les produits alimentaires et les boissons belges” en Amérique latine. Pour les produits à base de pomme de terre, le Brésil est «le deuxième plus grand marché d’exportation à l’étranger, après les États-Unis.« Et sur tous les volumes exportés de Belgique, « Le Brésil est notre principal pays d’importation à l’étranger. »
Dans l’autre sens, les denrées alimentaires en provenance du Brésil sont également précieuses. FEVIA se garde bien d’évoquer la viande ou les produits qui concurrenceraient directement l’agriculture belge. En revanche, la fédération de l’industrie agroalimentaire rappelle que le café brésilien est le « matière première pour plus de 60 torréfacteurs belges ». Le port d’Anvers est une plaque tournante de ce commerce du café pour toute l’Europe. Et c’est pareil avec le jus d’orange qui est »le deuxième produit d’importation le plus important. (Emmanuel Huet)
Mission au Brésil : pommes de terre, café et jus d’orange au menu
Le Brésil fait partie de l’accord du Mercosur. Et c’est précisément dans ce pays qu’une mission économique se déroule (du 23 au 30 novembre). Comme les patrons belges, la FEVIA (fédération de l’industrie agroalimentaire belge) soutient également l’adhésion de l’Europe à l’accord du Mercosur. Le Brésil seul est «le marché le plus important pour les produits alimentaires et les boissons belges” en Amérique latine. Pour les produits à base de pomme de terre, le Brésil est «le deuxième plus grand marché d’exportation à l’étranger, après les États-Unis.« Et sur tous les volumes exportés de Belgique, « Le Brésil est notre principal pays d’importation à l’étranger. »
Dans l’autre sens, les denrées alimentaires en provenance du Brésil sont également précieuses. FEVIA se garde bien d’évoquer la viande ou les produits qui concurrenceraient directement l’agriculture belge. En revanche, la fédération de l’industrie agroalimentaire rappelle que le café brésilien est le « matière première pour plus de 60 torréfacteurs belges ». Le port d’Anvers est une plaque tournante de ce commerce du café pour toute l’Europe. Et c’est pareil avec le jus d’orange qui est »le deuxième produit importé” (EH)
mouetteCette négociation a déjà 24 ans, je doute fort que nous réussissions
Depuis plus de deux décennies, les négociations entre l’Union européenne et les pays du Mercosur suscitent débats et controverses. Cet accord, signé en 2019 mais toujours en attente de ratification, reflète des tensions entre opportunités économiques et craintes pour l’environnement et certains secteurs économiques, analyse Sebastian Santander, professeur de relations internationales à l’ULiège et directeur du Centre d’études en relations internationales (Cefir). L’un des principaux points de discorde concerne l’impact de l’accord sur les secteurs agricoles européens. Les pays du Mercosur bénéficient d’avantages comparatifs significatifs dans des secteurs tels que la viande bovine, la volaille, le lait et le sucre. Ces produits, issus de grandes exploitations agricoles dans des pays comme le Brésil et l’Argentine, sont susceptibles de concurrencer fortement la production européenne. “Ce sont des secteurs primaires, de l’agriculture, qui risquent d’être mis sous pression par la concurrence sud-américaine.», souligne le professeur Santander. Cette préoccupation concerne également les réglementations environnementales, moins strictes dans les pays du Mercosur. En Europe, certains pays (dont la Belgique) conditionnent la validation du traité à l’établissement de « clauses miroir » qui imposeraient des normes communes sur les produits échangés. Mais ces clauses rencontrent des résistances dans les pays du Mercosur, notamment au Brésil, souligne le professeur de l’ULiège : “L’administration Lula demande la réouverture des négociations dans d’autres domaines si ces clauses étaient introduites.“
Un traité qui exclurait les matières agricoles ? Impensable pour les pays sud-américains, estime Sebastian Santander. Car c’est précisément ce secteur de l’agriculture qui représente leur principal atout dans les échanges commerciaux avec l’Europe.
On tergiverse encore et encore
Comme le soulignent les fédérations patronales, «dans les secteurs secondaire et tertiaire, l’Europe a beaucoup à gagner», précise également le professeur Santander. L’industrie automobile européenne pourrait intensifier ses exportations de pièces détachées vers l’Amérique du Sud. De même, les équipements européens, essentiels à l’agriculture et à l’industrie des pays du Mercosur, pourraient être davantage exportés, grâce à la réduction ou à la suppression des droits de douane. Le secteur des services (banques, assurances, télécommunications, énergie, etc.) représente là une autre opportunité importante, note Sebastian Santander, sont les pays de. Mercosur qui serait plus exposé à la concurrence européenne.
L’usage du conditionnel n’est pas anodin. Car le professeur Santander doute beaucoup que le traité soit ratifié : «Cette négociation date déjà de 24 ans. Et même si l’accord est conclu depuis 2019, nous avons continué à tergiverser. L’année dernière déjà, on disait que Mme von der Leyen allait le signer… Nous constatons encore aujourd’hui la même situation. J’ai donc de sérieux doutes quant à l’entrée en vigueur de cet accord. Car les pressions et les groupes de pression agricoles européens ont encore des marges de manœuvre sur certains gouvernements importants en Europe. Comme la France ou l’Italie.» (Alain Wolwertz)
La Chine en embuscade
La montée en puissance de la Chine en Amérique latine ajoute une dimension stratégique à ces négociations. Au lendemain du G20, la visite officielle du président de la République populaire de Chine Xi Jinping a également ajouté un regain de pression sur les Européens. La crainte d’être dépassé par la Chine est également fondée.
“Le variant chinois est en effet très important. Depuis une quinzaine d’années, la Chine n’a fait qu’accroître sa présence sur le continent latino-américain. Mais aussi en Amérique du Sud. Il investit des milliards dans plusieurs pays, conclut des accords commerciaux individuels avec des pays de la région, rachète des entreprises, tente de racheter des terres pour produire et exporter lui-même des produits agricoles, etc.», rappelle le professeur Sebastian Santander, professeur de relations internationales à l’ULiège. En investissant massivement dans les infrastructures, les entreprises et les ressources naturelles, la Chine souhaite clairement s’imposer comme un acteur incontournable de la région. Lors de cette visite au Brésil, Xi Jinping et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont en outre conclu 37 accords bilatéraux qui renforcent la position de la Chine en tant que premier partenaire commercial du géant sud-américain.
Décidément très tourné vers l’Amérique du Sud, le dirigeant chinois avait, la semaine précédente, inauguré avec la présidente péruvienne Dina Boluarte un mégaport situé au nord de Lima. Financé à hauteur de 3,3 milliards d’euros par la Chine, il bénéficiera également au Chili, à la Colombie et à l’Équateur.
Ce contexte inquiète l’Europe, qui craint de perdre son influence face à Pékin. Tandis que la guerre en Ukraine a également mis en lumière la dépendance européenne à l’égard des matières premières, notamment le lithium, indispensable aux batteries des véhicules électriques. L’Argentine, troisième réserve mondiale de lithium, pourrait devenir un partenaire stratégique de l’Europe dans ce domaine. D’autant que le pays attend avec une certaine impatience les investissements étrangers pour exploiter les mines. Là aussi, le risque d’être dépassé par la Chine est réel. (AW)
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