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A la recherche de demain | Lot. Bien gérer sa forêt, un art qui s’apprend

« Il ne faut pas couper du bois n’importe comment et n’importe quand, sourit Alain Gillant. Ce dernier possède 15 hectares de forêt à Limogne-en-Quercy, dans le Lot. Une vocation trouvée un peu par hasard pour cet ancien cadre qui a fait toute sa carrière à La Poste.

« J’ai eu mon premier contact avec la forêt en 1980. J’accompagnais mon beau-père sur son terrain. Il a tout fait lui-même. Il a abattu les arbres selon une stratégie que je n’ai pas remarquée et que je n’ai pas cherché à comprendre, tantôt de grands arbres, tantôt de petits, alors que certains étaient systématiquement épargnés. Je ne l’ai jamais interrogé», raconte Alain Gillant.

“Je ne voulais pas me séparer de ces parcelles familiales”

Dans les années 1990, son beau-père décède. Ce dernier lègue ses terres à ses deux filles, dont l’épouse d’Alain. « Tous deux m’ont dit : si tu veux t’en occuper, fonce ! J’ai donc pris le relais. Je ne voulais pas me séparer de ces parcelles familiales. C’est du patrimoine», reconnaît le retraité, aujourd’hui âgé de 78 ans. « Et en bonne forme pour le millésime ! » », plaisante-t-il. Le Lotois se retrouve donc avec 15 hectares à gérer. « Je n’en savais rien, j’ai vraiment fait n’importe quoi », regrette Alain. Cette dernière entretient alors la forêt, mais surtout ramasse du bois de chauffage pour se chauffer en hiver. « Comme le disait mon beau-père, la réserve de bois, ça se gère », se souvient-il.

En 2015, un agriculteur lui demande l’autorisation de faire paître ses moutons sur des parcelles boisées. « Il voulait faire un passage pour planter la clôture électrique. Mais il ne pouvait pas le faire à cause des arbres et des pierres. Je me suis donc motivé pour le faire avec la tronçonneuse et la débroussailleuse. J’ai pris conscience de tout le désordre qu’il y avait sur le terrain », explique l’ancien cadre. Ce dernier prend goût au travail du bois, mais ne suit aucune règle.

« Seul, je n’y arriverais pas »

La même année, Alain Gillant rencontre un représentant du Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) du Lot, Yann Clément. Cette dernière intervient gratuitement sur la parcelle forestière dispersée du Lotois. « Il m’a montré toutes les erreurs que j’avais commises. À chaque fois, il m’expliquait pourquoi », raconte le propriétaire. Alain commence à mieux comprendre comment mieux gérer la forêt et la préserver. Et en 2018, c’est là qu’il rencontre l’association Cœur de forêt, qui aide les propriétaires de petites forêts à comprendre la biodiversité de leurs bois et leur donne les outils pour les gérer de manière durable, diversifiée et équitable.

Les techniciens forestiers de l’association, comme Anthony Cheval, le coordinateur local, sont venus à plusieurs reprises sur les parcelles lotoises. « Un jour, ils furent émerveillés par une rangée d’arbres descendant d’une vallée. On m’a expliqué qu’étant sur le Causse, c’était un sol sec qui convenait aux érables et aux chênes pubescents. Mais là, nous nous sommes retrouvés face à des frênes qui ont besoin d’eau pour se développer. Ce qui signifie qu’il y a un flux hydraulique en dessous. Mon Dieu ! », s’émerveille Alain. Ce dernier a bénéficié d’un diagnostic immobilier. Cela lui a permis de mieux comprendre les espèces qu’il possède sur sa propriété. Un savoir précieux que l’ancien facteur a rassemblé dans un carnet qu’il entretient régulièrement.

L’aide apportée par Cœur de forêt est précieuse et motive les Lotois à entretenir et préserver leur petit bout de forêt. Le septuagénaire conclut : « Cela m’a convaincu de développer les parcelles familiales, de les protéger et d’arrêter de les détruire ! Obtenir l’aide d’une telle association est nécessaire car je ne pourrais pas y parvenir seul. »

 
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