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A la recherche de demain | Nord. Les Hauts-de- face à la chalarose

François Clais, garde forestier de la forêt de Phalempin
Photo Pierre Le Masson


Pas d’alerte canicule durant l’été. C’est encore le cas des forêts des Hauts-de-, comme le constate François Clais, garde-forestier de l’Office national des forêts (ONF) dans la forêt de Phalempin, au sud de Lille. Même si le massif forestier le plus proche de la métropole lilloise a souffert ces dernières années de sécheresses estivales et de chalarose, la période estivale 2024 a été « une petite bouffée d’oxygène » pour ses arbres. « Il y a une explosion de végétation de surface comme des ronces ou des fougères », souligne l’agent de l’ONF. Mais surtout ce fut une très bonne année pour les jeunes plants. » Jeunes plants plus sensibles à la sécheresse que leurs aînés.

Pour les spécimens plus âgés, Aude Tessier, directrice de l’ONF dans les Hauts-de-France, est cependant plus mesurée : « Oui, les arbres ont moins souffert par rapport aux années précédentes (…). Mais il est difficile d’évaluer l’excès d’eau dans le sol, ce qui peut étouffer les racines. C’est le même problème auquel sont confrontés les agriculteurs. Pour l’instant nous n’avons rien observé d’alarmant, mais nous restons en alerte. »

Forêts côtières dévastées

Et la chalarose, alors ? Depuis 2009, sécheresse ou pas, ce champignon venu d’Asie a décimé les frênes de la région, de la côte jusqu’à Mormal. A Phalempin, cette espèce ne représentait heureusement « que » 10 % de la canopée. « Nous sommes au bout ici. Même si on a encore quelques frênes ici et là», observe François Clais. Quant à Mormal, le plus grand massif du Nord et du Pas-de-Calais, les frênes n’occupent que 3 % du territoire. Anecdotique par rapport aux forêts côtières…

Car dans le Boulonnais dévasté par la maladie, les paysages forestiers sont désormais en totale mutation. « Rajeunie », euphémise Aude Tessier. Dans les cinq prochaines années, environ 800 hectares de frênes auront disparu dans la forêt de Boulogne-sur-Mer, qui s’étend sur 2 000 hectares. « Ce massif a beaucoup souffert », regrette François Clais. Aujourd’hui et pour les décennies et décennies à venir, la forêt de Boulogne vivra au rythme des travaux d’entretien, de coupe à blanc et de replantation. »

Couper et replanter

Ces replantations ne seront pas faciles. « Le problème avec la coupe à blanc, c’est qu’on perd de l’humidité. » Dans le cas de la sylviculture, cela consiste à « récolter » des parcelles entières de forêt. Cette pratique, qui endommage gravement les sols et limite la biodiversité, est critiquée par certaines associations. « Les arbres que nous replantons sont donc beaucoup plus sujets à la sécheresse. Il faut persister, souligne l’agent de l’ONF. Mais nous y arriverons. »

Malgré tout, preuve de la résilience de la forêt, certains frênes ont résisté au parasite asiatique. L’heure est venue pour l’ONF de replanter, et cette fois, l’accent a été mis sur la diversité des espèces, première barrière naturelle contre la propagation des maladies. ” [Ce concept de diversité]nous en avons pris conscience lorsque le changement climatique est devenu un sujet. Et c’est ce qui, personnellement, me donne de l’espoir pour l’avenir des forêts de la région », déclare le directeur de l’ONF des Hauts-de-France.

 
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