Donald Trump ne sera président que dans deux mois, mais il joue déjà ses cartes. Il souhaite imposer des droits de douane de 25 % sur tous les produits importés du Canada et du Mexique, quitte à renégocier l’accord Canada-États-Unis-Mexique de 2018.
Publié hier à 19h30
Un accord négocié et signé par M. Trump lors de son premier mandat et qui remplace le précédent accord de libre-échange entre les trois pays, que le président américain avait qualifié de « pire accord commercial de tous les temps ».
Quoi qu’il en soit, c’est reparti. Il faudra reprendre les négociations avec le principal tyran. Sauf que ça risque d’être beaucoup plus compliqué avec le 47e président des États-Unis qu’il ne l’était avec les 45e.
Dans un message sur son réseau Truth Social, M. Trump a déclaré lundi soir qu’il imposerait des droits de douane de 25 % sur les exportations du Canada et du Mexique et de 10 % supplémentaires sur les produits chinois.
Nous devons bien entendu prendre au sérieux les menaces de M. Trump. Mais toujours pas trop. Car on ne peut pas encore savoir s’il ne s’agit que d’une tactique d’intimidation et d’une démonstration de force pour obtenir autre chose. M. Trump croit-il vraiment qu’il est dans son intérêt d’imposer ces droits de douane ?
M. Trump a déclaré à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale que le mot « tarif » était le plus beau mot du dictionnaire. On ne peut donc pas s’étonner qu’il envisage de les imposer.
Mais il n’en demeure pas moins qu’il existe de nombreuses contradictions dans le projet de M. Trump. Des contradictions qui pourraient lui coûter cher, politiquement.
M. Trump a été élu en grande partie – les sondages le montrent clairement – en raison d’une poussée inflationniste prolongée. De nombreux électeurs voulaient punir l’administration Biden-Harris pour ne pas avoir agi au moment opportun.
Mais quoi qu’en dise le président Trump, un bon moyen de relancer l’inflation est précisément d’imposer des droits de douane sur les produits utilisés dans la fabrication des biens de consommation courante. Si l’aluminium québécois coûte 25 % plus cher à un constructeur automobile aux États-Unis, il refilera inévitablement la facture aux consommateurs.
Au total, les produits du Canada, du Mexique et de la Chine représentent environ 42 % des importations américaines. Cela commence à créer de nombreux produits qui coûteront plus cher aux Américains. Nous parlons d’importations totalisant 1,5 billion de dollars (ou 1,5 million de millions de dollars).
Au Canada, les principaux acteurs économiques ne semblent pas convaincus du sérieux de M. Trump et ils ne croient pas du tout que les droits de douane pourraient aider l’économie américaine sans relancer l’inflation.
Nous ne pouvons pas être plus compétitifs par rapport à la Chine si nous rendons le pétrole de l’Alberta ou l’aluminium du Québec inabordables.
Flávio Volpe, président de l’Association canadienne des fabricants de pièces automobiles
De plus, les chaînes d’approvisionnement sont tellement intégrées dans ce domaine qu’une voiture peut traverser la frontière plusieurs fois au cours de sa construction.
Puisqu’on parle de pétrole, il faut rappeler que le Canada est un partenaire fiable pour les États-Unis, qui achètent pas moins de 60 % du pétrole brut canadien. Et un droit de douane de 25 % fera inévitablement augmenter le prix de l’essence à la pompe, l’un des facteurs qui a le plus contribué à l’inflation ces dernières années.
En attendant le 20 janvier, il faut commencer immédiatement à préparer les négociations. Il ne faut surtout pas penser que les stratégies qui ont fonctionné en 2017 seront encore les mieux adaptées.
Il est certain que les provinces doivent avoir une voix et que nous devons démontrer aux Américains les liens étroits entre nos économies et nos chaînes d’approvisionnement.
Mais M. Trump veut parler d’immigration et de trafic de drogue et il n’utilise qu’une arme économique pour tenter de résoudre des problèmes qui ne sont pas économiques.
Dans son contexte, la stratégie d’« Équipe Canada » doit sans doute être repensée.
De même, certains premiers ministres provinciaux voulaient, plus ou moins directement, que le Canada aborde ces négociations sans s’allier avec le Mexique, puisque le président Trump se plaint principalement de l’immigration irrégulière et du trafic de drogue, des problèmes plutôt mexicains. que les Canadiens.
Mais les exigences d’une éventuelle négociation avec l’administration Trump devraient nous rapprocher du Mexique plutôt que nous en éloigner. Nous connaissons désormais la technique de négociation du président Trump : diviser pour mieux régner.
Même si nos intérêts ne convergent pas toujours complètement avec ceux du Mexique, il n’en reste pas moins que la négociation sera plus difficile si le Canada est seul face aux États-Unis que si un troisième acteur est à la même table.
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