La suspension de la taxe d’habitation a fait fondre les budgets municipaux. Les maires, notamment ceux des communes rurales, réclament le rétablissement de cette taxe. Et dans le Puy-de-Dôme ?
Sébastien Gouttebel : Je suis plus mesuré. Lorsque la taxe d’habitation a été supprimée, les communes ont été indemnisées. Sauf que cette compensation n’est pas dynamique et ne suit pas l’augmentation des charges, du coût de l’énergie, de l’augmentation des salaires… La suppression de la taxe d’habitation a aussi eu un effet sur la citoyenneté en exonérant une certaine partie de la population qui n’est pas propriétaire. . De ce fait, dans une commune certains participent à la vie de cette commune, au maintien de ses services et d’autres non. Je ne suis pas contre la mise en place d’une participation citoyenne, basée sur les revenus, pour que chaque habitant fasse partie de la vie de la communauté.
La loi de finances pourrait-elle réduire encore davantage les recettes communales ?
SG : Nous avons un manque total de visibilité sur cette loi de finances ainsi que son débarquement. Tout n’a pas été approuvé. Le Sénat a renvoyé le texte à l’Assemblée. Nous ne savons pas comment nous allons être mangés. Les premières estimations font état d’une perte de revenus allant de 0,6% à 3,8%. Les maires ruraux sont très inquiets du maintien des services dans les communautés si notre budget doit être réduit davantage. À l’échelle d’AuRA, il y aurait une perte pouvant atteindre 160 millions d’euros. Si tel est le cas, nous perdrons sans aucun doute notre capacité d’investissement.
Et les écoles ? Des fermetures de classes sont-elles prévues pour la rentrée 2025 ?
SG : Le Gouvernement a annoncé la suppression de plus de 4 000 postes, soit 40 postes par département. À cela s’ajoute le déclin de la démographie et du taux de natalité. A la rentrée scolaire de septembre, on recensait 500 enfants en moins dans le département. Les prévisions pour 2025 indiquent 700 enfants. Les chiffres sont clairs. Je crois, oui, que nous aurons des fermetures de classes. Or, dans notre département, nous aurions besoin de 80 enseignants des écoles supplémentaires pour fonctionner correctement : assurer des remplacements, encadrer les jeunes enseignants, etc. La perte de 40 postes aurait des impacts considérables. Une école est fondamentale dans une commune rurale. Un village sans école n’a plus de vie ! Les maires ruraux ont demandé à rencontrer le préfet. En décembre prochain, se tiendra l’observatoire des dynamiques rurales pour analyser tous les problèmes de terrain et tenter d’y trouver des solutions.
Les communes doivent-elles elles aussi relever le défi de la santé et du secours ?
SG : La question sanitaire est toujours d’actualité, malheureusement, avec des secteurs toujours dans le désert médical. De même, nous manquons de personnel dans les Ehpad, de soins personnels à domicile… Côté urgence, le nouveau SDACR (Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques) a été approuvé par le Département et les maires. Nous avons la chance dans le Puy-de-Dôme d’avoir encore de nombreux pompiers volontaires. Mais ils sont confrontés à un manque de moyens médicaux, notamment de taxis privés et d’ambulances. Ils se retrouvent dans les zones les plus isolées, répondant au manque de transports plutôt que d’aider les gens.
Qu’en est-il de la sécurité à la campagne ?
SG : Nous sommes à plus de 400 000 € de dégâts suite au vol de câbles d’éclairage public. La semaine dernière encore, c’est le stade de Rochefort-Montagne qui a été le plus touché par ce crime organisé. La police travaille sur ce dossier mais malheureusement les vols persistent.
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