M.Les mains dans les poches ou les bras croisés, les prévenus en comparution immédiate de lundi 25 novembre ne semblent pas vraiment comprendre la gravité de leurs actes, Libournais. Le 14 novembre pourtant, ils s’en prennent, devant son domicile de Laruscade, à Jean-Louis, un fringant septuagénaire qui, chaque jour, fait son petit rituel de promenade ; qui, chaque jour, porte ses bagues flashy, sans se douter qu’un jour elles feraient de lui une cible.
Repéré dans un bar tabac
Ce jour-là, par hasard, Benjamin Cognet s’arrête au bar tabac L’Inattendu à Cavignac pour acheter des cigarettes, et croise la route du septuagénaire. « Ses bijoux étaient très visibles. C’est l’appât du gain», confie ce dernier, qui en aurait parlé à un autre acolyte, Matthieu Gicquel. Une heure plus tard, la victime qui rentrait chez elle a été poussée dans le dos et est tombée face contre terre. Une chaussure lui écrase la main, une autre partie de son visage. Plusieurs de ses bagues, dont un jonc avec un rubis, mais aussi deux chaînes, un bracelet, son sac avec son téléphone, 150 euros et deux montres en or, lui ont été volés, avant qu’il ne soit gazé. Montant du préjudice : environ 30 000 euros. Le septuagénaire souffre de multiples blessures, dont certaines à vif, et a dû se faire poser quelques points de suture à l’œil droit. Quinze jours d’ITT lui sont délivrés.
« Il conduisait mais il ne savait rien. Nous lui avons dit de tourner à droite, à gauche mais il n’a rien vu de l’attaque. »
Lors de l’audience, les juges ont surtout cherché à déterminer le rôle de chacun. Car si la victime évoque deux agresseurs, les caméras de vidéosurveillance, qui ont permis de découvrir qu’elle avait été suivie, ont repéré quatre occupants dans le véhicule. Trois d’entre eux ont comparu devant le tribunal lundi. Tous des récidivistes, dont Damien Assensi qui, âgé de 16 à 27 ans, a passé moins de six mois en liberté. Il a aujourd’hui 29 ans et était déjà en détention provisoire dans le cadre d’une autre affaire. Le quatrième est dans la nature.
Des explications « peu crédibles »
Benjamin Cognet et Matthieu Gicquel, 27 et 20 ans, tous deux originaires de Cognac, expliquent être venus en Haute Gironde pour rencontrer Damien Assensi et une de ses connaissances pour une vente de voiture. « Il voulait l’essayer, il conduisait mais il n’en savait rien. On lui a dit de tourner à droite et à gauche mais il n’a rien vu de l’attaque. C’était juste nous deux», raconte le Cognaçais. « Ces manœuvres ne vous ont-elles pas semblé étranges ? », demande le juge à Damien Assensi. « Et bien non. Je ne connaissais pas le secteur… »
Pour la procureure adjointe Élodie Blier, cette vente de voiture au hasard à l’audience n’est pas crédible. Tout comme l’ignorance feinte, selon elle, de Damien Assensi, « dont le pedigree lui permet de savoir que, dans ce type de méfaits, il vaut mieux rester dans le véhicule. Il ne pouvait surtout pas ignorer ce qui se passait. » Le tribunal a pleinement suivi ses réquisitions. Soit cinq ans de prison pour Damien Assensi et Benjamin Cognet, et trois ans pour Matthieu Gicquel, le tout accompagné d’une interdiction d’entrer en contact avec la victime et de comparaître à Laruscade pendant trois ans.
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