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Dans les Côtes-d’Armor, leur fille a subi dix ans de maltraitance : beau-père et mère condamnés

Ils se dressent contre leur fille. Elle est sa mère, lui son beau-père. Il a pris soin d’elle depuis qu’elle était si petite qu’elle l’a longtemps appelé papa. Jusqu’à ce qu’elle comprenne, adolescente, que ce qu’elle vivait n’était pas une vie de famille. Et ça, un jour de septembre 2022, elle pousse la porte d’une gendarmerie des Côtes-d’Armor. Elle sera placée en urgence en famille d’accueil après au moins huit ans de mauvais traitements. A la barre du tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, ce mardi 26 novembre 2024, la mère défend son mari. La jeune victime le sait : “ils s’aiment, alors elle le protège”. Bec et ongles, c’est ce qu’elle a toujours fait.

Même lorsque, enfant, elle a été insultée et rabaissée. Même quand les coups de pied pleuvaient. Même quand sa tête a été cognée contre la baignoire. Même lorsqu’on lui mettait un couteau sous la gorge ou qu’on lui plantait une fourchette dans la main. « Depuis qu’elle est petite, elle subit des violences », raconte son avocate, Me Katell Gourgand. La mère reconnaît à peine que son compagnon « peut parfois être en colère ». Elle est poursuivie pour « soustraction d’un parent à ses obligations ». Pour ne pas avoir soigné ses problèmes dentaires, pas plus que sa mauvaise vue et pour avoir si mal baigné sa fille qu’elle a été rejetée de l’école.

“C’était souvent pour dire bonsoir”

La spirale émotionnelle a été telle – « les symptômes du syndrome de Stockholm sont là », a déclaré le président – ​​que le jeune adulte, en difficulté, a fini par retourner vivre dans la maison familiale l’été dernier. « Nous lui avons déroulé le tapis rouge et les cadeaux, avant de lui dire que, quand même, ce serait bien d’aller retirer sa plainte », se souvient Me Gourgand. Ce qu’elle aurait fait si la procédure n’avait pas été trop avancée pour cela. Son beau-père n’aurait alors jamais été poursuivi pour violences aggravées et agression sexuelle sur mineur. Car à la violence quotidienne s’ajoutaient les attouchements.

Il répond à peine à tout cela. Il reconnaît les excès de violence, puisque certains ont eu des témoins, mais nie toute accusation à caractère sexuel. « J’ai le sida, je n’en ai pas les moyens », tente-t-il de justifier au bar où, juste après, la jeune femme viendra détailler des événements répétés qui se sont produits « souvent en se disant bonsoir ». La mère, lors du témoignage de sa fille, lâche quelques regards inquiets vers le prévenu, âgé de 54 ans.

Le tribunal l’a condamné à deux ans de prison, dont un an assorti d’un sursis probatoire de deux ans pendant lesquels il devra se faire soigner, indemniser la victime et se tenir éloigné d’elle. Il lui est interdit de se livrer à toute activité avec des mineurs et son nom sera inscrit au dossier du délinquant sexuel. La mère a été condamnée à huit mois de prison avec sursis. Et la jeune femme, qui a depuis quitté la région, est revenue dans les bras de son compagnon.

 
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