En plein examen du budget 2025, la question est de savoir « combien de compromis Barnier fera et combien cela coûtera » pour éviter de devoir recourir au 49.3 pour le faire adopter, selon un observateur.
Les taux d’emprunt accordés à la France sur les marchés ont augmenté et l’écart entre eux et ceux dont bénéficie l’Allemagne – indicateur de la confiance placée dans la France – est revenu à son plus haut niveau depuis la dissolution en juin, signe des craintes des investisseurs quant à la le vote du budget et l’avenir du gouvernement.
Le rendement des obligations d’Etat françaises à 10 ans s’établissait à 3,02% vers 15h20 GMT mardi 26 novembre et son équivalent allemand était à 2,21%.
La différence, appelée « spread », s’élève à 0,81 point de pourcentage
au même niveau que fin juin, au lendemain de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par le président français Emmanuel Macron. Lundi, le « spread » a même dépassé ce sommet en atteignant 0,83 point de pourcentage.
Cette différence de taux « constitue
un indicateur de choix pour mesurer la confiance accordée à la France vis-à-vis de l’Allemagne
et ses perspectives économiques, explique John Plassard, spécialiste des investissements chez Mirabaud.
“En cause, le projet de loi de finances, rejeté à l’Assemblée, a commencé son examen en séance publique au Sénat”, a-t-il poursuivi. Un vote formel au Sénat est prévu le 12 décembre. Puis sept députés et sept sénateurs tenteront de trouver un compromis sur le budget lors d’une commission paritaire (CMP). S’ils réussissent,
la version définitive du texte semble promise en 49.3 dès son retour aux députés.
Et donc à une motion de censure examinée vers le 20 décembre.
Le « faiseur de rois » du RN
Pour les marchés, “la question est de savoir si le Rassemblement national (RN) s’abstiendra ou non lors du vote de confiance”, explique Marine Mazet, stratège taux chez Nomura. « Les partis de centre et de droite voteront pour Michel Barnier, le Nouveau Front Populaire (NFP) contre, et
le RN se retrouve faiseur de roi
», a-t-elle ajouté.
Dans ce contexte, sachez
« combien de compromis Barnier fera-t-il et combien cela coûtera-t-il »
est une Source d’inquiétude pour les investisseurs, résume Marine Mazet. Si le gouvernement tombe fin décembre, “l’instabilité politique et fiscale s’aggravera à un moment où il y aura peu de liquidité sur les marchés, ce qui pourrait donner lieu à des mouvements exacerbés”, a détaillé le stratège.
Jusque-là,
La France a une réunion vendredi avec l’agence de notation Standard and Poor’s
qui doit rendre son verdict sur le score du pays. Cette notation intervient alors que la France fait toujours l’objet d’une procédure de déficit excessif auprès de la Commission européenne.
Avec un déficit public en nette diminution, attendu cette année à 6,2% du produit intérieur brut selon Bruxelles, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l’exception de la Roumanie, et reste très loin du plafond des 3%. autorisée par les règles de l’UE.
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